Palestine 33 a eu l’honneur de rece-voir, ce mercredi 27 novembre, à la Halle des Douves à Bordeaux, deux militantes aguerries du PWWSD, Amal Kreishe de Ramallah et Samar Awash de Naplouse.
Cette venue s’inscrivait dans le cadre d’une longue tournée initiée par le Comité AFPS de Gennevilliers. Le PWWSD est une organisation non gouvernementale dont le but est de lutter pour une égalité totale entre les hommes et les femmes, dans le contexte de la colonisation israélien-ne. Il s’agit d’une organisation indépendante, créée en 1981, qui ne reçoit pas de subvention de l’Autorité palestinienne. Le siège est basé à Ramallah et gère des bureaux à Naplouse, Jénine, Tulkarem, Bethléem, Dura, Yatta et Gaza.
Le PWWSD est conscient que les problèmes des femmes sont en grande partie d’ordre social, économique et politique, mais aussi d’ordre patriar-cal, et fortement aggravés du fait de l’oppression coloniale. Il considère les droits des femmes comme une partie intégrante des droits humains, conformément à plusieurs traités nationaux et internationaux concer-nant la protection et la sécurité des femmes
Amal brosse un historique et un état des lieux de la situation en Cisjordanie du fait de la présence de l’armée, de la justice militaire israélienne à laquelle est soumis le peuple palestinien et de la politique d’implantation et de renforcement des colonies (650 000 colons dont la moitié à Jérusalem-Est). En conséquence les Palestiniens subissent vols de terres, destructions de maisons, check-points, routes de contournement pour l’occupant, pri-sonniers(ères) politiques... L’ensemble génère de fortes difficultés économiques, un chômage élevé et une situation encore plus terrible à Gaza, soumise au blocus et aux bombardements, prise en tenailles entre Israël et le rigorisme du Hamas.
Depuis les accords d’Oslo, la situation des Palestiniens s’est dégradée. Le peuple constate clairement que l’occupant ne veut pas la paix et impose une relation de collaboration à l’Autorité palestinienne, y compris au niveau sécuritaire.
Résister fait donc partie du quotidien du peuple palestinien. On ne peut oublier le rôle indispensable des femmes dans la résistance. Il faut souligner que, compte tenu de l’aug-mentation et de la durée des emprisonnements, elles sont nombreuses à devoir pallier l’absence des hommes.
Amal évoque les domaines d’intervention de l’association, pour la paix, la justice et le développement économique et social, le soutien à la création de coopératives et de petits projets, la lutte contre les violences intrafamiliales et la pression sur l’autorité palestinienne pour supprimer des lois injustes. La Palestine est soumise en effet à différents types de lois héritées (militaires, jordanien-nes, ottomanes, voire égyptiennes à Gaza).
L’association réclame la mise à plat de tout le droit concernant la famille. La lutte des femmes a permis des avancées : ainsi le mariage n’est autorisé qu’à partir de 18 ans en Cisjordanie. Le PWWSD encourage le contrôle des naissances, exige l’égalité salariale, car malgré l’existence d’un salaire minimum les femmes sont souvent discriminées. Le fort taux de chômage, en particulier des jeunes diplômés est une préoccupa-tion constante. L’association pousse aussi les femmes à s’investir dans le domaine politique et social, et à faire évoluer les mentalités patriarcales (augmentation du nombre de fem-mes élues). C’est pourquoi elle s’adresse à la fois aux jeunes femmes et aux jeunes hommes. Elle n’oublie pas la question des réfugiés ni la situation des Palestiniens d’Israël, communauté de seconde zone, aggravée par la loi fondamentale établissant Israël comme l’État du peuple juif (l’arabe perd sa qualité de langue officielle).
Le débat fut très riche et animé. Par exemple, à un contradicteur qui jugeait « inacceptable le fait que l’association s’ingère dans le fonctionnement traditionnel de la famille et divise la société », Amal et Samar répondirent que « les droits humains sont indivisibles », que « la liberté ne se donne pas, elle se prend ».
Merci à elles, pour leur engagement, leur courage et leur humanisme.