La Nakba est un crime international qui, depuis plus de 74 ans, a entraîné le déplacement forcé, prolongé et toujours en cours, du peuple palestinien. La poursuite de la Nakba reflète l’étendue de la complicité internationale avec le régime colonial et d’apartheid sioniste israélien en Palestine. Il ne fait aucun doute que la fin de la Nakba, l’établissement de la paix et la réalisation de la justice et de l’équité pour le peuple palestinien, en particulier pour les réfugiés et les personnes déplacées, ne peuvent être accomplis que par la mise en œuvre de la résolution 194 de l’ONU de 1948, qui confirme les droits au retour des réfugiés palestiniens dans leurs foyers d’origine, à la restauration de leurs propriétés et à une compensation pour tout dommage qu’ils ont subi.
Après 74 ans de Nakba, le régime colonial israélien d’apartheid continue d’empêcher le retour de millions de réfugiés palestiniens (à la fin de 2021, il y avait plus de 9,1 millions de réfugiés) et de personnes déplacées à l’intérieur du pays (environ 812,000) de part et d’autre de la Ligne Verte. Nous sommes toujours témoins de la poursuite de la Nakba par le biais de politiques coloniales de déplacement forcé, telles que le pillage des ressources naturelles, l’annexion, la répression, la révocation des droits de résidence, la ségrégation raciale, la fragmentation et l’isolement, les démolitions de maisons et l’imposition de politiques discriminatoires, qu’il s’agisse du système de planification urbaine ou celui des permis. Ces politiques, ainsi que beaucoup d’autres, s’inscrivent dans la mise en œuvre de la stratégie sioniste-israélienne visant à s’emparer de la plus grande superficie de terres avec le moins de Palestiniens possible. Les déplacements forcés dans le Naqab, à Sheikh Jarrah, dans la vallée du Jourdain et dans les collines du sud d’Hébron, en particulier à Masafer Yatta, sont des exemples flagrants de la Nakba en cours, de la complicité internationale et de la futilité du processus d’Oslo et de tout discours qui appelle à la réconciliation avec le système colonial ou à la participation à celui-ci.
Après 74 ans de Nakba, la communauté internationale continue d’ignorer ses responsabilités légales et morales envers le peuple palestinien, et de garantir soutien et immunité au régime israélien. Aujourd’hui, malgré le soutien absolu de notre peuple à la nécessité de mettre fin aux souffrances causées par la guerre du peuple ukrainien, en particulier des réfugiés, le deux poids deux mesures opéré par les États coloniaux de l’Occident apparait plus évident que jamais. L’attachement prétendu aux droits de l’homme et à la légitimité internationale s’effondre lorsque ces pays mettent en place une myriade de sanctions et activent de nombreux mécanismes internationaux à l’encontre de la Russie sans le faire pour d’autres régimes qui commettent crimes internationaux et violations des droits de l’homme. Depuis 74 ans, ces mêmes États occidentaux font obstacle à l’application du droit international et des mécanismes de responsabilité vis-à-vis du peuple palestinien. Au contraire, ils ont fourni un parapluie d’impunité politique, économique et militaire au régime colonial d’apartheid israélien. Ce sont ces pays qui ont contrecarré les efforts de la Commission de conciliation sur la Palestine, mandatée par les Nations Unies pour faciliter le retour des réfugiés après la Nakba, et ce sont ces mêmes pays qui n’ont rien fait pendant 15 ans face au blocus imposé par Israël à plus de 2 millions de Palestiniens dans la bande de Gaza. Ce sont ces mêmes Etats qui estiment suffisant de se déclarer préoccupés par les crimes israéliens via des communiqués dépourvus d’actions. Ces mêmes Etats se livrent également à des pratiques discriminatoires à l’encontre des réfugiés palestiniens fuyant les conflits armés dans plusieurs pays arabes tels que la Syrie, l’Irak et la Libye. Ce comportement ne constitue pas uniquement une simple politique de deux poids deux mesures, mais révèle encore davantage la complicité des États occidentaux avec le régime colonial d’apartheid israélien.
Après plus de 74 ans de Nakba, les Nations Unies, à l’origine responsables de la partition illégale de la Palestine, continuent de préférer une approche "humanitaire" dans le traitement de la question du déplacement des Palestiniens et d’ignorer la nécessite d’une approche basée sur les droits de l’homme. L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) est toujours une agence temporaire dont le budget dépend des contributions volontaires des États, qui diminuent chaque année malgré l’augmentation du nombre de réfugiés et de leurs besoins ! Plus préoccupant encore, ces pays occidentaux utilisent leurs dons pour servir les objectifs du projet sioniste-israélien en Palestine en imposant des conditions politiques à leurs financements. L’appel récent du Commissaire général de l’UNRWA à l’implication d’autres institutions de l’ONU pour fournir des services aux réfugiés palestiniens ne peut être séparé des exigences de l’Union européenne et des Etats-Unis, qui limitent la portée et le mandat de l’UNRWA et en font une agence de sécurité qui sert les intérêts de ces pays, et non les besoins des réfugiés. Ce financement conditionnel de l’UNRWA, basé sur des considérations politiques, est préjudiciable au mandat de l’UNRWA et aux droits des réfugiés. L’UNRWA, pour respecter ces clauses inacceptables de financement, est maintenant obligé de modifier le programme scolaire palestinien en supprimant les faits historiques et en ne faisant pas référence aux crimes israéliens contre le peuple palestinien. Le financement conditionnel stipule que l’UNRWA doit priver un Palestinien de ses services et/ou licencier un employé palestinien de son emploi à l’UNRWA simplement pour avoir exprimé sa solidarité avec son peuple, même par le biais des réseaux sociaux.
Apres plus de 74 ans de Nakba, les pays arabes continuent à normaliser leurs relations avec le régime israélien au détriment des droits du peuple palestinien, et à nier les droits humains des réfugiés, même ceux stipulés dans le Protocole de la Ligue arabe sur le traitement des réfugiés palestiniens (Protocole de Casablanca, 1965). Alors que le poids démographique des réfugiés palestiniens en Syrie a été ciblé et affaibli par la guerre, les stratégies visant à priver les réfugiés palestiniens de leurs droits civils, économiques et sociaux se poursuivent au Liban, sous prétexte de préserver le droit au retour et l’identité palestinienne ! A l’heure où la normalisation des relations légitime le système colonial, la politique de privation des droits fondamentaux des réfugiés constitue une violation du droit au retour, car elle permet la poursuite des politiques israéliennes, et le déplacement répété des Palestiniens via des "bateaux de la mort" vers des contrées lointaines. Soutenir le peuple palestinien et le droit au retour ne passe pas par la normalisation ou par la privation des droits fondamentaux des réfugiés dans les pays d’accueil.
Pour sa part, l’Autorité Palestinienne, depuis sa création dans le cadre des désastreux accords d’Oslo, continue de se bercer d’illusions et de faire croire à notre peuple qu’il est possible d’exercer nos droits inaliénables en mendiant. Il est grand temps que ceux impliqués dans le "processus de paix" d’Oslo réalisent que l’approche consistant à rechercher le consentement d’États eux-mêmes empreints de colonialisme, complices du régime colonial d’apartheid israélien, s’est avérée infructueuse ; et que l’application du droit international et des résolutions pertinentes des Nations Unies exige de modifier l’équilibre des forces par la résistance, et non en tentant d’attiser la pitié.
Le retour est le droit et la volonté du peuple.
Un peuple, un destin, et le retour est certain.
Le retour est un droit national, légal et humain qui ne peut faire l’objet de dérogation ou de limitation.
Assurer un budget stable et adéquat pour l’UNRWA sans condition politique est une responsabilité internationale.
Accorder aux réfugiés leurs droits fondamentaux dans les pays d’accueil garantit leur droit au retour dans leurs foyers d’origine.
Organisations signataires : The Movement for Liberation from Nakba, Stop the JNF – UK, Act Alliance, Housing and Land Rights Network, World Peace Council, Foro Palestina, Confederacion Nacional del Trabajo – Huesca, Foro Palestina Libre Zaragoza, Intersindical Aragon – Co.bas, Stichting Plant een Olijfboom, Students for Justice in Palestine, Decolonize Groningen, Free Palestine Maastricht, Erasmus School of Color, EUC Collxctive, WDKA SPIN, Students for Palestine, Utrecht in Solidarity with Palestine, BDS Nederland, Kairos Palestine, Suds, Mundubat, Paz con Dignidad, Palestine Solidarity Network Aotearoa, International Movement for a Just World (JUST), Indo Palestine Solidarity Network, Global Kairos for Asia Pacific Solidarity with Palestine, Palestine Updates, Badayl-India, شبكة صامدون- المانيا, Independent Diplomat, US-Palestine Community Network, Collective Urgence Palestine, Women and Development, Center for Civilians in Conflict,Centre Europe-Tiers Monde, Association des Tunisiens en Suisse, Solidarity Africa, Child Rights Connect, Cordoba Peace Institute, Sodepaz, Canadian Defenders for Human Rights et autres organisations palestiniennes et des pays arabes.