Photo : Scène du massacre atroce commis par Israël à al-Mawasi, une zone faussement désignée comme zone humanitaire par l’armée israélienne, juillet 2024 © Quds News Network
Depuis le premier jour de la guerre de Gaza, Israël a déclaré que son objectif principal était d’éliminer le Hamas et de mettre fin à son règne dans l’enclave côtière, qui est soumise à un blocus depuis plus de 17 ans.
En 14 mois, Israël a détruit plus de 98 % du siège du gouvernement du Hamas à Gaza, y compris des postes de police civile, et tué des milliers de membres du gouvernement et de la police.
On estime à 45 000 le nombre de Palestiniens tués par Israël depuis le début de la guerre, en grande majorité des femmes et des enfants, les groupes de défense des droits déclarant qu’Israël a commis des actes de génocide.
Bien que le gouvernement du Hamas n’ait pas précisé le nombre de membres du personnel de sécurité, d’officiers de police ou d’employés du gouvernement tués pendant la guerre, il a récemment annoncé que l’armée israélienne avait tué 736 personnes chargées de sécuriser et de distribuer l’aide à Gaza.
Le 2 janvier, Israël a intensifié cette campagne contre les capacités de gouvernance civile du Hamas en tuant le directeur général de la police palestinienne à Gaza, Mahmoud Salah, lors d’une frappe aérienne.
Son adjoint, le général de division Hussam Shahwan, a également été tué dans l’attaque, qui visait leurs forces dans le district d’Al-Mawasi, une zone dite « humanitaire » pour les civils.
Le ministère de l’intérieur de Gaza a déclaré que les deux policiers avaient « accompli leur devoir humanitaire et national en servant notre peuple ».
Atteinte à la sécurité et à l’ordre public
Ismail Thawabta, directeur du bureau des médias du gouvernement à Gaza, a déclaré à The New Arab que depuis le début de la guerre d’Israël, l’armée poursuit une politique dangereuse consistant à saper l’ordre public et à démanteler systématiquement les systèmes de sécurité et de justice dans la bande de Gaza.
Il a ajouté que cette escalade faisait partie d’un plan visant à créer un vide administratif et gouvernemental et à répandre le chaos dans la bande de Gaza afin de déstabiliser la société.
« La police est un corps civil protégé par le droit international, et l’assassinat de ses officiers et de ses membres par l’occupation est sans aucune justification », a ajouté M. Thawabta.
Il a expliqué que le ciblage des forces civiles par Israël s’intensifie chaque fois qu’elles commencent à mettre en œuvre des plans de contrôle de la situation sécuritaire, dans le cadre d’une stratégie délibérée visant à démanteler tout semblant d’ordre à Gaza en ciblant les dirigeants, les officiers et les membres des forces de police.
Afin de créer un environnement propice au vol de l’aide, l’armée israélienne a délibérément pris pour cible le personnel de la police alors qu’il assurait la sécurité des véhicules d’aide alimentaire et médicale entrant à Gaza, selon M. Thawabta.
La politique d’Israël a « conduit à la propagation du chaos dans certains endroits et a exposé les citoyens au danger en raison de certains incidents de sécurité interne », a déclaré le responsable des médias.
Les attaques israéliennes ont considérablement entravé le travail de la police, l’obligeant à mettre en œuvre des plans d’urgence alternatifs, comme le fait de ne pas porter d’uniformes militaires et de demander au personnel de sécurité de se couvrir le visage.
Malgré la poursuite des attaques israéliennes « criminelles », M. Thawabta a souligné que les forces de police continueraient à contrôler la situation en matière de sécurité, à empêcher sa détérioration et à lutter contre le chaos.
Euro-med Human Rights Monitor a déclaré récemment que l’armée israélienne cherche, depuis le début de la guerre en cours, à répandre un état de chaos et d’insécurité et à « créer des conditions désastreuses qui aboutiront à la destruction des Palestiniens dans l’ensemble de la bande de Gaza ».
Le 2 janvier, le jour même où les chefs de la police de Gaza ont été tués, le ministre israélien de la défense, Israël Katz, a présidé un groupe ministériel chargé de discuter de la meilleure façon de détruire la capacité de gouvernance du Hamas et sa capacité à mener des activités militaires et civiles.
Répandre le chaos
Talal Okal, expert politique palestinien, affirme que le ciblage des forces de police par Israël fait partie d’un plan déclaré visant à éliminer le Hamas et son appareil de gouvernance civile.
« Israël poursuit ses tentatives d’élimination de l’appareil policier à Gaza, bien que le fait de le cibler constitue une violation du droit international et de la Convention de Genève, qui le considère comme un appareil civil », a-t-il déclaré à The New Arab.
« La police est un appareil civil dont les membres ne sont pas des combattants. Ce sont des individus qui maintiennent l’État de droit et la sécurité. Ce que fait Israël est contraire au droit international, qui appelle à les protéger et non à les tuer », a-t-il ajouté.
En frappant la police, Israël cherche à « créer un état de chaos et un chaos sécuritaire » dans le but de pousser la population à accepter une alternative au Hamas après la guerre, selon Mustafa Ibrahim, un expert politique basé à Gaza.
« L’état de chaos recherché par Israël est dangereux et menace le tissu social palestinien et peut conduire à sa fragmentation, à la propagation de la criminalité et à la création de phénomènes négatifs qui n’existaient pas auparavant », a-t-il déclaré à The New Arab.
Iyad Al-Qara, un autre expert palestinien basé à Gaza, partage cet avis et affirme que l’armée israélienne concentre ses attaques sur l’appareil policier chaque fois que des campagnes sont lancées pour maintenir la sécurité et lutter contre le chaos.
« Cela s’est produit plus d’une fois, la dernière en date étant l’assassinat de Mahmoud Salah et Hussam Shahwan alors qu’ils travaillaient à sécuriser les camions d’aide qui arrivaient dans la bande de Gaza », a déclaré Al-Qara à la TNA.
Il a ajouté qu’Israël avait lancé de nombreuses attaques contre des officiers de police dans toute la bande de Gaza au cours des derniers mois pour les empêcher d’organiser leurs affaires et de maintenir la sécurité.
« Il est clair que l’occupation surveille et suit la situation et qu’elle est très désireuse de bloquer toute tentative de contrôle de la sécurité, afin d’aggraver la crise de la population de Gaza », a ajouté M. Al-Qara.
Pas de Hamas dans la Gaza d’après-guerre
Pour sa part, l’écrivain et analyste politique palestinien Adnan Samara pense qu’Israël vise délibérément les dirigeants de la police et le personnel de sécurité pour mettre fin au pouvoir civil du Hamas à Gaza et préparer les conditions du « jour d’après » sans le Hamas.
« La situation n’est pas facile dans la bande de Gaza, et le Hamas a été grandement affecté par la guerre, et Israël n’autorisera aucun cessez-le-feu à Gaza tant que le Hamas aura un pouvoir militaire et civil dans la région », a déclaré Samara à TNA.
Il existe un plan israélo-américain avec l’aide de certains pays arabes pour mettre fin à l’existence du Hamas afin de conclure l’accord du siècle et de créer le « nouveau Moyen-Orient », et cela ne se produira pas tant que le Hamas dirigera la bande de Gaza », a-t-il ajouté.
Traduction : AFPS