Colère...pour ce qu’on laisse faire là-bas.
L’occupation et sa violence sont présentes partout. Et cette violence-là n’est jamais présente dans les médias ni dans l’opinion ici. La seule violence dont il faut se préoccuper est celle des Palestiniens, la seule sécurité dont il faut s’occuper est celle des Israéliens.
A Charm El Cheikh, la seule préoccupation a été d’assurer la sécurité des Israéliens, y compris dans leurs activités d’occupants. Les Palestiniens seraient violents sans autre raison que d’être nés ainsi. Génétiquement violents. Ce n’est pas dit, c’est encore plus pernicieux, c’est induit.
L’occupation, le mur, les destructions, les assassinats ne sont à aucun moment pris en compte. Ils sont occultés. A se demander si les correspondants de presse ont des yeux, des oreilles ! Parce que lorsqu’on est là-bas, même dans une période relativement calme, comme lorsque nous y étions, on ne peut pas ne pas les voir !
Les colonies sont partout, véritable lèpre qui ronge les territoires palestiniens, le mur avance détruisant sur son passage cultures, arbres, maisons, vie, annexant les meilleures terres et les nappes d’eau ; les incursions de l’armée israélienne surviennent à n’importe quel moment, même le plus calme, n’importe où, provoquant, arrêtant, détruisant, assassinant, semant le désespoir et la haine.
Comment un Palestinien pourrait-il envisager de vivre en bons termes et en toute amitié avec celui qui l’humilie, l’écrase, le torture ?
Les Palestiniens m’ont paru un peuple uni, non pas uniforme, uni . Uni dans l’affirmation et la certitude de son identité. Uni dans son désir de vivre et de résister.Uni dans son désir de vivre en paix sur sa terre, de donner un avenir à ses enfants. Avec des opinions politiques diverses et variées. Avec beaucoup d’humour et le sens de l’autodérision. Avec beaucoup de souffrances et de désespoir. Avec de l’espoir quand même.
Tous ont accepté l’élection de M.Abbas, même ceux qui ne sont pas d’accord avec lui, même s’ils surveillent de près ce qu’il fait et ne sont pas disposés à ce qu’il ne tienne pas ses engagements. Certains pensent qu’il n’aura pas moins d’exigences pour son peuple et son pays que Yasser Arafat, et que, s’il condamne l’Intifada armée, il n’est pas homme à vouloir la paix à n’importe quel prix (moins que Yasser Arafat peut-être, qui la voulait tellement) - personnellement j’ai plus de méfiance à son égard - .
Confiance ? Confiance contrôlée ? Désir, volonté de faire confiance ? Pour avoir encore de l’espoir ?
Partout là-bas, j’avais en tête les vers de Mahmoud Darwich :
« Nous faisons ce que font les prisonniers,...
Nous cultivons l’espoir. »
qui me reviennent ici lorsque je pense à eux.
Alors je me dis que si eux, dans leur situation, gardent l’espoir, nous, nous avons le devoir de le conserver, et de nous battre pour qu’ici les choses bougent.