Pour mon récent anniversaire, j’avais pris les devants : "j’ai plein de livres et je n’arrive pas à trouver le temps de les lire, le plus souvent polarisé par l’actualité notamment internationale et touchant à la Palestine. Trouvez un cadeau plus original !"
Patatras, ça n’a pas manqué, une amie m’a offert le livre "Ce que la Palestine apporte au Monde" dans la collection Araborama de l’institut du monde Arabe.
Cela m’a amusé, d’autant que c’était le seul livre que j’avais envie de m’offrir dans la période. Je ne l’ai pas regretté.
Le titre surprend et interroge d’emblée alors que La Palestine n’est souvent vue qu’au travers du prisme de ce qu’on nomme souvent faussement "le conflit israélo-palestinien" et alors que pour certains la Palestine n’existe pas ou n’apporte que des interrogations ou des problèmes.
Qu’est-ce qu’être Palestinien ?
Comme le souligne Elias Sanbar, c’est d’abord l’identité de la Palestine qui est au cœur de ce livre, au travers de trois unités définissant en leur temps les règles de la tragédie classique : unité de lieu, de temps, d’action.
Le livre est donc divisé en trois chapitres : Le pays, la cause politique, et le souffle culturel.
En conclusion, il se termine par un récit intitulé "La promesse" qui lui donne tout son sens.
La collection « Araborama », créée par l’Institut du monde arabe et les éditions du Seuil, rassemble journalistes, intellectuels, écrivains, artistes et illustrateurs pour explorer les réalités présentes, la pluralité et l’histoire du « monde arabe. »
De part le nombre impressionnant de ces contributions, on pourra parfois trouver un intérêt inégal ou même avoir certains désaccords avec certains propos. Retenons avant tout que cet ouvrage n’est pas un livre pour érudits et qu’on peut y apprendre beaucoup dans les différents domaines abordés par ses nombreux contributeurs parmi lesquels on peut relever de nombreux noms connus et amis de la Palestine.
« Devenue le symbole de la colonisation dans un monde en train de se décoloniser dans la deuxième moitié du XXe siècle, la Palestine ne s’appartient pas. Elle est une cause, une source d’inspiration pour le monde entier. Le keffieh est le drapeau des révoltés. Palestinien n’est plus seulement une nationalité sans pays, c’est une condition et le refus de s’y plier, c’est une résistance obstinée de chaque instant et de chaque geste. »
Extrait de l’introduction de Christophe AYAD, ancien journaliste au Monde et qui a coordonné l’ouvrage, introduit par J. Lang en tant que Président de l’Institut du Monde Arabe
"Ce que la Palestine apporte au monde" : Collectif. Editions du Seuil / Institut du Monde Arabe (Collection Araborama, n°3), 2023. 336 pages. 25 €
Rappelons enfin que ce livre fait écho à l’exposition de L’IMA "Ce que la Palestine apporte au monde" du 16 mai au 1er octobre 2023
Une invitation à un parcours de correspondances visuelles et de sujets, pour souligner l’élan et l’irréductible vitalité de la création palestinienne, qu’elle s’élabore dans les territoires ou dans l’exil.
Dans les salles des niveaux -1, -2, un accrochage fait dialoguer des plasticiens palestiniens avec leurs homologues des cinq continents, représentants les différents mouvements artistiques depuis la seconde moitié du xxe siècle. Peintures, photographies, sculptures, arts graphiques, dépassent le témoignage sur les vicissitudes de l’Histoire pour affirmer l’envie de vivre et d’espérer. Ce que les déclamations par Mahmoud Darwich de ses poèmes, filmées et enregistrées, viennent corroborer dans un espace qui lui est réservé et dans lequel ses vers ont été calligraphiés par Rachid Koraïchi et Hassan Massoudy.
L’espace des Donateurs (niveau -2) convie à des effets de miroir entre des photographies orientalistes qui ont forgé le mythe de la Terre sainte et des tirages d’artistes-photographes palestiniens dont la perception est évidemment bien différente.
Jean Genet, de son côté, démythifie la fable de la Terre sainte et, selon son mot, « virginise » la Palestine tout en déclarant avoir « plus que tous et que tout » aimé les Palestiniens, avec lesquels il entrevoyait des « rapports poétiques ». C’est le sujet de l’exposition conçue par l’Institut de la mémoire de l’édition contemporaine.
Michel Basiléo