Appuyé sur sa canne, Adel Abou Salman se dépêche d’aller à la mosquée, que borde le mur israélien noirci et recouvert de graffitis très politiques. Ce retraité de 64 ans montre Jérusalem du doigt :« C’est comme ça qu’ils présentent les choses mais la vraie capitale de la Palestine, c’est Jérusalem. C’est à trois kilomètres d’ici, j’avais l’habitude d’y aller en marchant là, tout droit. »
Abou Dis est une ville morne et enclavée, les rues sont étroites, il y a peu de restaurants, peu de commerces... Les habitants y sont peu habitués aux touristes et ravis de voir passer des journalistes. Souad travaille dans une librairie, elle non plus n’envisage pas sa ville comme future capitale :« Jérusalem est une ville à portée religieuse. Il y a la mosquée Al Aqsa, et nous sommes attachés à son symbole religieux, son symbole historique. Ce n’est pas la solution que nous renoncions à Jérusalem. Nous voulons vivre en paix, mais il doit y avoir une autre solution que de renoncer à Jérusalem. »
« Jérusalem c’est la ligne rouge, c’est notre droit. Jérusalem-Est est la capitale de la Palestine » Ahmed Abou Illel, le nouveau maire, élu l’année dernière, estime qu’il serait de toute façon difficile de faire de sa ville une capitale. Donald Trump envisageait déjà, lors de la présentation de son plan, d’installer l’ambassade américaine à Abou Dis. Pas question, tranche le maire : « On n’a pas la place pour mettre une ambassade américaine à Abou Dis ! Et surtout on refuse de discuter de ça parce que pour nous, c’est Jérusalem la capitale d’un Etat palestinien. »