Boycott : un succès fondateur avec la fermeture de l’usine Sodastream de Mischor Adumim, au terme d’une campagne de 5 ans (2009-2014). Bien que l’usine de gazéificateurs soit active dans la colonie israélienne de Mischor Adumim depuis 1991, les premières actions en France dé¬marrent en fin 2009.
Au terme d’actions menées tous azimuts - très nombreux tractages militants devant les magasins, pressions sur les administrations, associations de consommateurs, élus, plaintes et actions judiciaires contre l’importateur OPM, action emblématique au salon de la BD d’Angoulême… en parallèle avec l’internationalisation de la campagne, dont l’affaire Scarlett Johansson - Sodastream annoncera en octobre 2014 la fermeture de son usine de Mischor Adumim et le transfert de son activité dans le Néguev en octobre 2015.
Les autres actions de boycott de produits menées depuis 2009 ont principalement porté sur les produits alimentaires (fruits, légumes et vins, issus des colonies ou au-delà), mais aussi sur des produits d’entreprises ciblées au regard de leur localisation (cosmétiques Ahava de Mitzpe Shalem en Cisjordanie occu¬pée), ou de leur participation indirecte à la colonisation (Teva et Puma). Malgré des actions très nombreuses, les résultats n’ont été que partiels jusqu’à présent, avec le retrait ponctuel de cer¬tains produits de magasins, parfois résultat indirect de l’action parallèle menée sur l’étiquetage.
Désinvestissement : plusieurs succès emblématiques, grâce aux alliances avec nos partenaires
Orange sera la première cible en 2011, du fait de l’accord qu’elle a renouvelé avec la société israélienne de télécommunications Partner, active en Cisjordanie occupée. Les pétitions et actions devant les magasins, la forte implication des organisations syndicales et des organisations de la Plateforme avec la publication du rapport de mai 2015 conduiront à l’annonce publique du retrait négocié d’Orange en 2015. Là aussi un succès fondateur.
Le retrait de Safège (groupe Suez ; potentiellement associée à Poma) du projet de construction du téléphérique de Jérusalem, sera une « success story », aussi courte qu’efficace, en mars 2015, avec le retrait public explicite de Safège, trois semaines après les fuites parues dans la presse.
La mise en cause des entreprises françaises participant au tramway de Jérusalem – engagée avec le procès de l’AFPS contre Veolia et Alstom dès 2007 – reprend en 2018 avec une cam¬pagne publique menée avec les mêmes partenaires que la cam¬pagne Orange, rejoints par la CFDT. Après la publication du rapport en juin 2018, elle entraînera l’annonce publique du retrait de Systra (SNCF), puis d’Alstom (partiel), mais pas d’Egis… dans une campagne qui se poursuit aujourd’hui, ciblant notamment la société de matériel ferroviaire CAF.
En revanche la dénonciation des « liai¬sons dangereuses » de banques françaises avec la colonisation israélienne, lancée au début de 2017, avec les mêmes partenaires, n’aura de résultats qu’à la marge, malgré de multiples actions nationales et dé¬centralisées (agences bancaires, AG nationales et régionales).
Sanctions : La campagne majeure sur ce terrain des sanctions est la demande réitérée de suspension de l’accord d’association UE-Israël, en vigueur depuis 2000, du fait de la violation de son article 2, relatif au respect des droits de l’homme. La petite victoire qu’aura été le vote majoritaire du Parlement européen pour sa suspension en 2002 restera cependant sans effet et ne sera jamais renouvelée. Et la France comme l’UE récuse de façon constante l’idée même de sanction contre Israël, comme pourtant elle sait le faire dans d’autres régions du monde… Tout au plus l’UE bloquera-t-elle le « rehaussement » de cet accord (en 2008, 2012…), sans que cela n’empêche pour au¬tant Israël de rejoindre le programme de recherche et d’innovation Horizon 2020, puis son prolongement Horizon Europe en décembre 2021.
L’UE comme la France se limitent à quelques petits pas choisis dans l’application du droit – « Lignes directrices de 2013, recommandations aux entreprises de 2014, étiquetage des pro¬duits des colonies de 2015-2016, … – avec l’appui bien utile des juridictions de l’UE, depuis l’arrêt Brita de 2010, l’arrêt CJUE-Psagot de 2019, CJUE-ICE de 2021… qui viennent rappeler à l’ordre nos gouvernants.
Des succès donc, partiels, mais des actions qui restent des moyens essentiels pour la sensibilisation, la popularisation et la « visibilisation » de la question de Palestine.
Didier Fagart
>> Cet article fait partie du n°80 de notre revue trimestrielle Palestine-Solidarité ou "PalSol".
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