Il y a un mois le Président de l’AFPS adressait une lettre au Premier Ministre pour lui demander de dissuader les entreprises françaises d’investir dans les colonies israéliennes [1] .
Dans la logique des « Lignes directrices » de l’UE et après les recommandations du rapport des chefs de mission diplomatiques de l’UE à Jérusalem et du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, nous lui demandions de répondre par des actes à l’accélération de la colonisation qui viole le droit international et mine chaque jour un peu plus la solution à deux Etats.
Cette lettre est à ce jour restée sans réponse.
Par contre, nous venons d’apprendre dans la même semaine que trois pays de l’Union ont, depuis, pris ou réaffirmé des positions claires pour refuser de cautionner la colonisation.
En premier lieu le gouvernement britannique, à travers un site officiel (utik.gov.uk), après avoir rappelé la position constante du Royaume-Uni sur l’illégalité de la colonisation dans les territoires occupés en 1967, précise « qu’il n’encourage pas les activités des entreprises britanniques dans les colonies et ne leur apportera aucun soutien ». Puis il aborde très précisément les risques juridiques pour les entreprises qui seraient tentées d’y investir… et souligne les dommages potentiels qu’elles pourraient subir en terme d’image.
Aux Pays-Bas, après Royal Haskoning DHV qui s’était retirée d’un projet de retraitement des eaux à Jérusalem-Est à la suite d’une mise en garde du gouvernement néerlandais, c’est Vitens, le plus grand fournisseur d’eau des Pays-Bas, société à capitaux entièrement publics, qui vient de renoncer à son partenariat avec son homologue israélien Mekorot qui, outre le marché israélien, a un quasi-monopole de la gestion de l’eau en Cisjordanie. Et qui explique sa décision, après discussion avec le Ministère des Affaires étrangères, par son souci de respecter les règles et les lois nationales et internationales. Le ministre confirme que cette politique sera aussi appliquée au Forum de coopération économique Pays Bas–Israël qui se tient actuellement à Herzliya et qu’aucune réunion entre entreprises néerlandaises et entreprises israéliennes actives dans les colonies ne s’y tiendra. Il y a là une pleine cohérence avec l’attitude de la délégation néerlandaise lors des incidents qui ont émaillé sa dernière visite en Israël et Palestine (refus d’assister à l’inauguration du scanner pour le passage des marchandises de Gaza, visite annulée à Hébron).
Quant à la Roumanie, qui pourtant cherche des débouchés pour sa main d’œuvre expatriée, elle vient de refuser d’autoriser ses travailleurs à construire des colonies en Cisjordanie, en raison même de leur illégalité.
Il y a clairement là une tendance qui s’affirme chez nos voisins européens.
Alors, qu’attend donc le gouvernement français ? Il ne peut plus se cacher derrière la nécessité d’une unanimité européenne pour esquiver une réponse politique à la hauteur de ses obligations. Comme ses voisins européens, il doit s’opposer par des actes au processus de colonisation qu’il dit déplorer.
Le Bureau National