Après des décennies de pensée unique bipolaire : « le bien contre le mal », « le péril islamique », « les nations civilisées » portée par les dirigeants américains (Bush), puis européens et Français, ce discours vient de se fissurer d’un seul coup. Aucun de leurs grands « experts ou spécialistes » labellisés par les grands médias traditionnels n’ont pu pressentir, dans leurs analyses « pointues », les moindres prémisses de secousse sociale.
Bien sûr, autant en Tunisie, qu’en Égypte, qu’au Yémen, qu’en Libye et en Algérie (et ailleurs) nous savons que beaucoup de chemin reste à parcourir par ces peuples pour obtenir la redistribution des richesses et parvenir à remettre en cause les rapports sociaux existants.
Mais le sang des innocents qui vient à nouveau de couler empêchera que les choses restent en l’état ; aussi bien en politique intérieure qu’en politique extérieure. Et justement en politique extérieure : quelles conséquences vont émerger sur la situation Israélo/Palestinienne ?
Sans aucun doute les pays occidentaux, pour l’instant, maintiennent leur soutien inconditionnel et aveugle à Israël et à sa politique de colonisation. Mais si les nouveaux gouvernements des pays secoués par ces vents de liberté prennent plus en compte les positions de leurs peuples et font entendre leurs voix par une condamnation claire de la politique d’Israël, assortie d’une demande de sanctions adossées au respect du droit international, alors tout peut très vite changer. Ce que nous, mouvements des sociétés civiles occidentales, n’avons pu obtenir de nos dirigeants inféodés à la politique israélienne, c’est-à-dire faire jouer à l’ONU son rôle premier, peut-être pourrons nous l’obtenir avec l’action solidaire des nouveaux gouvernements des pays arabes.
C’est pour cette raison que nous devons poursuivre notre action de soutien au peuple palestinien, nous devons même prendre appui sur les aspirations des peuples au Proche et au Moyen-Orient pour appeler nos concitoyens à stopper, le plus rapidement possible, la folle politique israélienne, soutenue par le gouvernement français et l’Union européenne.
Tous ceux qui saluent aujourd’hui les mouvements de libération dans le monde arabe peuvent poursuivre concrètement en se joignant aux mouvements de soutien au peuple palestinien.
Pas de liberté dans le monde arabe sans un peuple palestinien souverain, avec un véritable état viable économiquement, recomposé avec tous ses citoyens et ayant pu choisir librement ses dirigeants.
Un air de liberté flotte au Proche et au Moyen- Orient : la Palestine aussi se situe dans cette zone, non ?
P.SERRES