Nous avons pris connaissance avec stupéfaction de l’arrêt de la cour de cassation du 20 octobre 2015, confirmant la condamnation de citoyens pour avoir appelé à boycotter les produits israéliens, compte tenu des violations du droit international par l’Etat d’Israël.
Au-delà des positions diverses qui peuvent être les nôtres sur ce boycott, nous voulons dire notre indignation face à une telle atteinte aux libertés publiques. Les actions de boycott pour pousser à des changements sur le plan social, politique ou économique, ont toujours été considérées, par les pays démocratiques, comme des formes protégées de liberté d’expression.
Au nom de quoi en vient-on, en France, à considérer qu’un appel au boycott est une incitation à la discrimination quand il concerne Israël alors qu’il ne poserait aucun problème quand il s’agit d’un autre pays ? Est-ce que le boycott contre l’apartheid sud-africain était une forme de discrimination ?
Cela fait des dizaines d’années que l’Etat d’Israël viole les conventions internationales et bafoue les droits du peuple palestinien reconnus par l’ONU, et notamment son droit inaliénable à l’auto-détermination, sans provoquer de réaction autre que de condamnation verbale de la part de nos gouvernements. Devant cette inaction, c’est le droit et le devoir des citoyens d’agir par les moyens pacifiques qui sont à leur disposition.
Le Boycott par les citoyens, l’appel au Désinvestissement adressé aux institutions, aux fonds de retraite et aux entreprises, l’exigence de Sanctions de la part des Etats, de l’Union européenne et des Nations Unies, sont des moyens non violents répondant à l’appel publié par la grande majorité de la société civile palestinienne en 2005.
Cet appel de la société civile palestinienne s’appuie sur les principes de la déclaration universelle des droits de l’homme et le rejet de toute forme de racisme y compris l’islamophobie et l’antisémitisme. Il a de ce fait reçu l’appui de nombreux militants, universitaires et artistes juifs à travers le monde.
L’Etat d’Israël est mobilisé partout dans le monde pour promouvoir un amalgame extrêmement dangereux, y compris pour les citoyens juifs des différents pays, entre la critique de la politique d’Israël et l’antisémitisme. Il est consternant de voir que l’Etat français persiste à céder à ce type de pression.
Nous appelons le Président de la République et le gouvernement français à réagir de toute urgence :
- en abrogeant immédiatement les circulaires Alliot Marie et Mercier, qui demandent au parquet de poursuivre les citoyens qui appellent au boycott des produits d’origine israélienne exclusivement,
- en marquant de manière claire et publique les limites entre l’antisémitisme, qui est un délit, et l’action citoyenne contre les dénis du droit international commis par l’Etat d’Israël, qui est un droit citoyen imprescriptible.
Cette clarification est particulièrement urgente dans le contexte dramatique que vit particulièrement la France depuis le 13 novembre, contexte qui exige la plus grande clarté dans le refus de tout amalgame.
A l’opposé, si vous persistez dans cette confusion, allez au bout de votre logique et poursuivez-nous tous pour notre soutien aux citoyens français qui appellent au boycott des produits israéliens tant que ce pays viole le droit international.
Cet appel est adressé au président de la République, M. François Hollande, au Premier ministre, M. Manuel Valls, et au ministre de la Justice, M. Jean-Jacques Urvoas.
Premiers signataires
Rony Brauman, médecin, essayiste
Jean-Paul Chagnollaud, professeur de sciences politiques et directeur de l’iReMMO
Christiane Hessel
Monique Chemillier-Gendreau, professeur émérite à l’Université Paris Diderot
Ghislain Poissonnier, magistrat
Guillaume Weill-Raynal, avocat et essayiste
Ivar Ekeland, ancien président de l’Université Paris-Dauphine
Ahmed Abbes, directeur de recherche au CNRS, Paris
Sonia Dayan-Herzbrun, professeure émérite à l’Université Paris Diderot-Paris7
Michael Harris, professeur, Université Paris-Diderot
Jean-Marc Levy-Leblond, professeur émérite de l’université de Nice, directeur de la revue Alliage
Gérard Toulouse, physicien, directeur de recherche CNRS, membre fondateur de l’Académie des Technologies
Pierre Cartier, directeur de recherche émérite au CNRS
René Backmann, journaliste
Alain Gresh, journaliste
Patrick Le Hyaric, directeur du journal L’Humanité
Denis Sieffert, directeur de Politis
Dominique Vidal Sephiha, journaliste et Historien
Pascal Durand, député européen
Monique Cerisier ben-Guiga, sénatrice honoraire
Jean-Claude Lefort, député honoraire, président d’honneur de l’AFPS
Bernard Ravenel, historien, président d’honneur de l’AFPS
Jacques Muller, maire honoraire de Wattwiller, ancien sénateur du Haut-Rhin
Michèle Zémor, ancienne vice présidente agglomération Plaine Commune
Allain Graux, journaliste indépendant
Augustin Grosdoy, co-président du MRAP
Dominique Watrin, sénateur du Pas de Calais
Jean-Jacques Candelier, député du Nord
Alain Bocquet, député du Nord
Fatima Bezli, élue au conseil régional d’Auvergne-Rhône Alpes
Barbara Romagnan, députée du Doubs
Titi Robin, musicien
Saïd Bouamama, sociologue
Henri Stoll, Maire de Kaysersberg-Vignoble
Isabelle Avran, journaliste
Hassane Zerrouky, journaliste politique et d’investigation
Pierre Barbancey, journaliste, grand reporter
Rosa Moussaoui, journaliste
Clémentine Autain, porte parole d’Ensemble
Marie-Claire Cailletaud, syndicaliste
Marie-Hélène Amiable, maire de Bagneux, conseillère départementale.
Jacques Couland, historien
Bernard Rodenstein, pasteur, président fondateur de l’association Espoir à Colmar
Daniel Breuiller, maire d’Arcueil
Denis Péan (Lo’Jo), artiste
Eric Coquerel, coordinateur politique du Parti de Gauche, conseiller régional IDF
Christian Troadec, maire de Carhaix, conseiller départemental du Finistère
Pierre Ivora, journaliste à l’Humanité
Robert Clément, ancien maire de Romainville et ancien président du Conseil Général de Seine Saint Denis
Jean-Pierre Frachon, alpiniste
Azzedine Taïbi, maire de Stains et vice-président du Conseil général de Seine-Saint-Denis
Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers
Julien Pauliac, secrétaire de l’Union Départementale CGT du Puy-de-Dôme
Myriam Martin, conseillère régionale et porte-parole d’Ensemble
Isabelle Bloch, professeure émérite à l’université de Bordeaux
Patrick Jarry, maire de Nanterre
Hakim Amokrane, Zebda
Mustapha Amokrane, Zebda
Kaddour Hadadi, chanteur de HK & les Saltimbanks
Raphaëlle Primet, conseillère de Paris
Danielle Simonnet, conseillère de Paris
Jérôme Gleizes, conseiller de Paris
Danielle Bidard-Reydet, sénateur honoraire
Majed Bamya, diplomate palestinien
Christian Champiré, maire de Grenay
Pierre Laurent, sénateur de Paris et secrétaire national du PCF
Lucien Champenois , ancien diplomate
Bernard Salamand, président du CRID
Patrick Braouezec, membre honoraire du Parlement, président de Plaine Commune
Didier Paillard, maire de Saint-Denis
Nicolas Séguy, musicien
Raoul-Marc Jennar, essayiste
Joss Dray, photographe
Daniel Junqua, journaliste
Danielle Moreau, présidente de Ritimo
Philippe Grosvalet, président du Conseil Départemental de Loire-Atlantique
Jacques Roger-Machart, ancien député
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