Khader Al-Saïdi “a été la cible répétée de tirs par Israël”, raconte le site Electronic Intifada. En 2017, ce pêcheur palestinien a été arrêté et emprisonné pendant près d’un an pour avoir franchi la frontière de la zone de pêche au large de la bande de Gaza. Depuis la prise de l’enclave palestinienne par le Hamas en 2007, Israël y impose un blocus qui se traduit en mer par une limitation de la zone de pêche.
En 2019, alors qu’il pêchait avec son cousin, leur bateau est pris pour cible par la marine israélienne. Touché aux yeux par “des projectiles en acier recouverts de caoutchouc”, Khader, emmené dans un hôpital à Ashdod, en Israël, avant d’être escorté à Gaza, a perdu la vue.
"Israël a fait de moi un mendiant.”
“Il a été bien documenté qu’Israël attaque souvent directement les pêcheurs palestiniens”, écrit Electronic Intifada. Les organisations palestiniennes de défense des droits humains ont dénombré 73 incidents entre octobre et décembre 2021 au cours desquels les forces israéliennes ont ouvert le feu sur des pêcheurs de Gaza.
“Le siège de Gaza a entraîné une baisse générale du niveau de vie et en particulier, celui des pêcheurs”, ajoute le média palestinien. Ces derniers souffrent notamment d’une pénurie de pièces de rechange dont les prix ont flambé et, plus largement, d’une incapacité financière à entretenir les bateaux, explique-t-il.
Beirut Al-Aqraa, qu’on surnommait il y a encore quelques mois “le roi des pêcheurs” possédait quatre bateaux. Mais en mai dernier, ses embarcations amarrées dans le port gazaoui de Deir Al-Balah, dans la bande de Gaza, ont été endommagées par les bombardements israéliens, lors du dernier épisode d’affrontements meurtriers entre le Hamas et Tsahal.
Un seul de ses bateaux, Amal – espoir en arabe – semblait encore exploitable. Mais lors d’une sortie en mer le 24 décembre, l’embarcation a fini par céder, en raison des réparations sommaires effectuées. Beirut, deux de ses employés et trois de ses frères qui étaient sur le bateau sont sains et saufs.
D’autres ont eu moins de chance. En septembre dernier, Muhammad Musleh s’est noyé en mer après le chavirage de son embarcation. “Le bateau n’était pas en bon état”, concède son frère, mais “la famille a dû continuer à l’utiliser pour des raisons de nécessité économique”, explique Electronic Intifada.