La violence c’est le mur et l’occupation
Bil’in symbole de lutte non violente face à la violence et l’agression des israéliens.
Actions non violentes face à l’armée avec la participation des pacifistes israéliens et internationaux.
Les Palestiniens ouvrent la conférence de Bil’in. Ils expriment qu’ils ne sont pas coupés des autres luttes internationales, qu’ils ne sont pas tournés que vers eux mêmes ! et encouragent les solidarités. Ils souhaitent résister le plus possible dans cette stratégie non violente et convaincre d’autres villages. Chaque Palestinien présent , chaque famille porte un ou plusieurs deuils.
Uri Avnery
Uri Avneri pour Gush Shalom explique qu’au début seulement cinq Israéliens se sont mobilisés. Aujourd’hui il constate chaque fois qu’il vient à Bil’in manifester contre le mur que le nombre des jeunes Israéliens grandit .
Il pose 3 lignes principales fondations de cette lutte : courage et persistance des Palestiniens ; coopération entre Palestiniens et Israéliens ; solidarité internationale des pacifistes
On ne peut pas prendre une terre comme si sa population n’existait pas.
Il rappelle que depuis 20 ans des courants ont commencés avec Arafat à exprimer qu’il faudrait un jour un règlement politique et non par les armes, pour un futur vivre ensemble.
« Il y a 55 ans il n’y avait même pas 100 personnes qui acceptaient l‘existence des Palestiniens, aujourd’hui la majorité des Israéliens reconnaissent le peuple palestinien ce qui ne se traduit pas encore dans les actes politiques. « Il y a 20 ans aucun responsable politique n’aurait envisagé de parler avec des Palestiniens dit -terroristes- aujourd’hui ils reconnaissent l ‘Autorité mais ne négocient pas avec elle ». Avec toute la difficulté terrible de ces contradictions ces - avancées - sont le fruit des organisations palestiniennes mais la traduction n’est pas encore visible.
Uri Avneri parle aussi de dépasser les peurs comme élément positif pour faire émerger la confiance et souligne constamment l’urgence de solidarité.
Parole d’un palestinien : il y a des moments où nous déprimons et chacun d’entre nous à son tour, mais nous souhaitons continuer à éduquer les Israéliens.
Mustapha Barghouti
Mustapha Bargouti commence par un hommage à Bil’in , symbole de lutte non violente.
Le mur : après 38 ans de résistance des Palestiniens à lutter pour leur maison et surtout leur terre , après 38 ans de destructions, d’emprisonnements : le mur annexe définitivement et transforme définitivement le territoire en bantoustans. Instrument pour créer une frontière décidée autoritairement par Israël , 85% de la population n’ont pas pu quitter leur village ces 5 dernières années .
Si l’on superpose le plan du mur et le plan d’Oslo cela coïncide. L’idée est de transformer un Etat en zones A, B, C. C= annexion . Nous sommes arrivés à un point où il ne peut y avoir de compromis : il faut enlever ce mur.
Nous venons d’avoir des élections démocratiques , uniques dans les pays arabes,impossible de dire qu il n’y a qu’Israël comme démocratie. Après Arafat, Abou Mazen, Hamas , il n y aura jamais de bon négociateur pour les Israéliens...alors que la raison évidente est : que le temps est venu de créer deux Etats et pour les Palestiniens d être libres .
Nous appelons à une sanction = boycott jusqu’à obtention des droits des Palestiniens . Nous savons qu’Israël fait partie des plus gros producteurs d’armes dans le monde mais rien ne pourra casser la lutte pour l’indépendance.
Qais Abou Leila [1]
Les Israéliens imposent de plus en plus des pénalités avec le but de pousser les Palestiniens à accepter une solution militaire.
Notre plan de lutte actuelle : union de toutes les communautés - non violence - considération de l’expérience de Bil’ in - organisation du droit.
Une plainte à la cour suprême a été déposée.
Contre le mur sur nos terres, nous demandons une campagne internationale pour l’application des résolutions contre ce mur.
Moyen : imposition de pénalités à Israël
Priorité est donné aux villages en danger.
Faisons l’unité pour une solution sur les frontières de 67.
Rais Abou Leila conclut “ D’ici, nous envoyons notre solidarité dans la vallée du Jourdain”
Kassem Khatib
Kassem Khatib du comité populaire : les images de nos actions témoignent et font exister l’action à l’extérieur.
A 17 kms de Ramallah, un autre village est coupé par le mur 2300 dunums de perdus et 60 personnes privées de leurs terres.
Depuis le début de la lutte une manifestation tous les 2 mois puis chaque mois puis chaque semaine, 32 arrestations, 300 blessés, plusieurs morts.
Les soldats peuvent rentrer la nuit et imposer le couvre feu, le vendredi ils peuvent imposer la fermeture du village.
Pourquoi Bil’in continue ?
« C’est une participation populaire volontaire, convaincue pour une lutte non violente nous appelons à l’unité palestinienne. Nous portons plusieurs drapeaux et nous sommes tous sous le drapeau palestinien. Notre lutte ne combat ni une religion, ni une race, elle combat une occupation. Nous développons notre pensée de résistance et avec le temps nous connaissons et analysons très bien le comportement de l’armée . Si nous comprenons mieux comment agir suivant tel ou tel geste ou attitude qu’il produisent nous ne réagissons plus qu’avec notre révolte spontanée nous nous adaptons à leur stratégie pour répondre ».
« Nous sommes solidaires des longues grèves des Palestiniens emprisonnés depuis si longtemps, ils démontrent leur attachement dans les pires conditions à ne pas lâcher. »
L’occupation est un corps organisé et nous n’ avons le soutien
d’aucune grande puissance .
ISM est saluée pour sa constante présence de protection et action avec les Palestiniens.
La lutte a rejoint Budrus, les villages se connectent et plus les Israéliens auront des armes plus nous développerons notre pensée de résistance.
Témoignage de Hébron :
Occupation totale et directe des Israéliens. Les Palestiniens font face à tout les problèmes de survie possible. Par exemple : ils continuent à transporter l’eau dans des seaux, à manquer de tout. Ils peuvent décéder par manque de soins, pris dans les blocages inconsidérés jusqu’à ne pas pouvoir être enterrés.
Le témoignage est très difficile à entendre dans la colère et la retenue de la dignité il s’agit de son père qui finalement a pu être ramené pour être tardivement enterré, au passage sous les sarcasmes de l’armée.
Neta Golan
Pour l’ ISM.
Elle témoigne de l’intrusion de l’armée en ce moment même à Balata. Deux jeunes Palestiniens ont été tués.
Elle appelle à une Escorte - Protection Internationale. 17 minuscules villages sont en danger par des colonies bâties en 1982 .
Reconnaissance à Tayush qui a fait connaître la violence des colons et a révélé l’empoisonnement des terres qui a eu pour conséquence d’exterminer le bétail.
Atelier comité populaire de Bil’in- après midi du 20 février
Description du comité populaire pour la lutte non violente.
chaque semaine toutes les idées de lutte sont exprimées et votées
tout le monde peut participer
prochaine attente : résultat de la plainte devant la cour suprême d’Israël
précision : la condition de la non violence, c’est la relation avec la présence internationale et la résistance à l’isolement.
proposition d’action tous les premiers vendredis de chaque mois dans le plus grand nombre de pays possible
Accueillis dans la famille d’H. dès le premier soir. La forme des relations forment une suite cohérente à ce qui a été dit et ressenti toute la journée. Chacun et chacune à sa liberté de paroles, de transparences. En Palestine on est à l’aise pour s’exprimer et si la situation d’occupation est la pire qu’on puisse imaginer et souhaiter ne jamais subir au contraire nous souhaiterions avoir un dixième de ces débats politiques populaires organisés mais aussi quotidiennement spontanés.
Il y a aussi intact la qualité d’attachement à la terre joint à l’accueil de bienvenue . H. nous décrit chaque plante, chaque légume, chaque arbre planté. Nous visitons son potager où toute la Palestine est concentrée, encore préservée sur ces quelques dunums.
Il nous explique que la solidarité qui forme cette lutte populaire n’est pas nouvelle à Bil’in l’organisation collective des paysans existe depuis très longtemps on pourrait dire depuis toujours une longue tradition.
Chacun peut aller cueillir dans le potager voisin ce qui lui manque et vice versa c’est naturel, un seul potager ne peut pas tout avoir ! De la même manière pour certains travaux les voisins se réunissent pour finir une tâche dans la journée sans problème, l’entraide tourne.
Fin de matinée du 21 février, tous les participants traversent le mur par la brèche pour se rendre à proximité d’une colonie sur un ancien terrain de foot confisqué. L’armée est présente , le terrain est tracé avec de la terre noire apportée, les cages sont installées, et un match s’organise.
Pendant ce temps le comité a aussi prévu de re-planter des jeunes oliviers. Certains cherchent le dialogue avec l’armée. A la question d’un international : pourquoi les habitants de Bil’in ne resteraient ils pas sur leur terre ? un soldat répond en faisant un geste au loin : Ils n’ont qu’à aller là bas - chez eux c’est là bas !.
On mesure dans ces propos l’épaisseur des dégâts de la propagande israélienne. Allez être un habitant de ce nouveau pays nommé Là bas. Là bas dans le monde toujours plus loin. Là bas n’existe pas . La Palestine existe, concrète et si elle n’a pas encore la reconnaissance de son état elle a un peuple et une culture. Nous voyons les colonies sur les terres palestiniennes et c’est quatre kms derrière que se trouve la ligne verte et encore devant les colonies sur les terres de Bil’in la route et le mur avec son accompagnement militaire.
Le 23 Février nous retournons à Bil’in . Rendez vous avec N. et un groupe d’enfants pour un atelier dessin et nature. Bien sûr, il y aura aussi un ballon pour la pause ! Il fait trop beau aujourd’hui et l’ambiance est super, nous sommes une douzaine. Au bout du chemin on arrive à la cabane, il y a déjà deux jeunes hommes et du thé Nassir explique le projet pendant que je sors le matériel improvisé en feutres et crayons de couleurs « ma trousse ! » et papiers format cartes postales, il s’agit de montrer Bil’in dessiné et photographié pour un projet de poster. A peine arrivés l’armée nous rejoint en jeep vraiment collante.
Pas moyen de s’en débarrasser et pour l’inspiration bonjour ! Du coup les filles et garçons ont dessiné le modèle qui occupait le paysage : l’armée...
Quand même on a réussi à faire un peu l’impasse sur cette présence et dessiner.
Ensuite, les garçons ont joué au football. Même qu’il y avait dans l’improvisation un maillot Zidane écrit au feutre. Nous, les filles, dans une langue que je ne peux répéter, on a papoté et j’ai reçu un bracelet de perles colorées, passé du poignet d’une petite fille au mien. Merci , merci je vais ramener précieusement vos dessins après les avoir re-regardé et commenté avec N. et sa famille et que l’armée aille se faire voir ailleurs le plus loin possible.
Le soir nous avons encore longuement discuté et dégusté un excellent Kounafa spécialité de Naplouse préparé par Y., épouse de H.
Y., j’espère qu’un jour nous pourrons vous recevoir aussi bien que vous recevez tous ces internationaux, passant dans votre maison et voisins de Bil’in.
En même temps vous nous apprenez que la nuit précédente deux jeunes Palestiniens ont été arrêtés, le lendemain donc de la conférence. Vous nous expliquez aussi le montant élevé à 10000 shekels soit 2000 euros pour une libération conditionnelle.
24 février : manifestation hebdomadaire du Vendredi contre le mur.
Sur la place devant la mosquée avant le départ nous apprenons que d’autres villages manifestent, dont Beit Sira. Ce vendredi nous sommes une centaine habitants de Bil’in - israéliens et internationnaux. La manifestation s’étire dans la campagne et par un chemin nous rejoignons le mur où l’armée ne nous attend pas mais nous rejoint au pas de course.
De l’autre côté du grillage « plus spécialement zone militaire le vendredi que le reste de la semaine » Aujourd’hui l’action consiste à enfumer les soldats en faisant brûler des pneus. Plus loin, plusieurs Palestiniens et un pacifiste israélien tenant une grande pancarte interpellent les soldats pour les obliger à engager un dialogue du moins leur poser à haute voix des questions.
Les soldats ne répondent pas ou peu, un autre nous filme.
La manifestation suit la barrière au moment où les habitants reconnaissent Rony, militant pacifiste israélien rejoignant la manifestation à pied depuis l’autre côté. Il est arrêté par l’armée qui le retient un bon moment. Nous continuons à marcher vers la brèche aujourd’hui bloquée par l’armée.
Au moment de la dispersion quelques jeunes lancent des pierres, l’armée tire. La majorité des jeunes ont suivi l’ordre de dispersion des adultes qui attendront la fin pour rentrer et accueillir Rony !
Lors de la conférence nous avons retrouvé Y. de Beit Furi, rencontré à Marseille en 2004. Nous irons dans son village découvrir sur place son magnifique projet de développement. Ce croisement confirme nos discussions sur l’union des villages et leur énergies. Malgré les check-points, malgré tout et raison supplémentaire de participer à soutenir.
Dans ce village je ferai un atelier-dessin dans une école maternelle School Salaidin. A peu près 60 m2 pour 120 enfants et sept femmes enseignantes et assistantes.
Y. et Alain sont partis acheter du matériel supplémentaires. Ce sera quelques boites de crayons de cire et de provenance non israélienne. Ici rien de rien comme produit israélien. A. présente dès notre arrivée, parle parfaitement le français et nous aide pour les traductions. Elle a fini ses études et travaille parfois pour le centre culturel français. Elle voudrait travailler plus et continuer à se cultiver comme des centaines de jeunes Palestiniennes et Palestiniens.
Merci A. ; à bientôt.
Encore une fois je n’ai vu que la violence de l’occupation et une société palestinienne saisissant la moindre occasion d’agir et si possible de se détendre aussi.
J’écrirai un texte long sur Beit Furik impossible de le décrire en deux lignes. Impossible aussi de raccourcir le rebond sur Naplouse qui vient de perdre cinq hommes tués par l’armée.
Nous y allons pour la première fois. C’est important de ressentir les choses en découvrant ses marchés et une fabrique de savon à l’huile d’olive ; les liens entre ville et campagne que l’occupation les barrages et colonies s’acharnent à transformer en bantoustans.
De même de retour à Ramallah, capitale administrative elle même coupée de Jérusalem. L’une des luttes actuelles est sûrement de ne pas perdre ces liens indispensables à la survie et la vision unitaire de la Palestine.
De plus en plus les augmentations de conditions pour les permis de circulations - cartes murs comme pour Jérusalem et Ramallah peuvent provoquer soit la séparation des familles “ soit ou et “ la perte de logement à Jérusalem - perte de papiers et droits.
Cette semaine a permis aussi des rencontres avec des militants d’autres régions de France, projets à suivre dans la région parisienne.