Photo : Le groupe de rock indépendant Big Thief donne un concert à Copenhague, au Danemark, le 16 mars 2020. Crédit : Christian Larsen Gonzales Photo
Dernière victoire en date pour le mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions mené par les Palestiniens, le groupe de rock indé Big Thief a annulé deux concerts à Tel Aviv.
Le groupe, acclamé par la critique, a tenu compte de l’appel des militants et des fans à ne pas franchir le piquet de grève palestinien et à ne pas jouer dans l’Israël de l’apartheid.
"Nous sommes désolés pour ceux que nous avons blessés par l’imprudence et la naïveté de notre déclaration initiale sur le fait de jouer en Israël", a déclaré Big Thief jeudi.
We will be canceling our 2 shows in Tel Aviv. pic.twitter.com/ocSFtgnYz4
— Big Thief (@bigthiefmusic) June 9, 2022
Les Palestiniens ont chaleureusement accueilli cette décision.
"Nous saluons le courage de Big Thief et sa volonté d’écouter les opprimés", a déclaré PACBI, la campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël.
The apartheid Tel Aviv venue Barby, where US band @bigthiefmusic was due to play next month, has announced the band’s cancellation of the shows. We warmly welcome this decision.
We salute Big Thief’s courage and their willingness to listen to the oppressed. #BigThiefSkipBarby pic.twitter.com/w8Cq2IWrRR
— PACBI (@PACBI) June 9, 2022
"Nous reconnaissons également la position claire d’une majorité des fans du groupe, à savoir un soutien de principe à BDS", a ajouté PACBI.
Dans son annonce initiale, Big Thief avait déclaré que les deux concerts de juillet étaient un geste "d’amour au-delà du désaccord" et "d’apprentissage", clichés courants utilisés par les artistes qui tournent le dos à l’appel palestinien au boycott d’Israël.
À l’origine, le groupe avait déclaré que "pour ce qui est de notre position concernant le boycott, nous ne prétendons pas savoir où se trouve la position morale supérieur."
Mais dans sa déclaration de jeudi, le groupe a précisé qu’il s’agissait "d’une référence spécifique au fait de jouer des spectacles en Israël à un moment où le mouvement BDS appelle à un boycott culturel" et "non d’une référence à l’occupation israélienne et au déplacement des Palestiniens."
Le groupe a déclaré qu’il se rendait désormais compte de "l’ampleur" du problème.
"Nous nous opposons à l’occupation illégale et à l’oppression systématique du peuple palestinien" a ajouté Big Thief.
"Nous croyons en une liberté et une autodétermination totales pour tous les Palestiniens."
"Bien que nous ayons beaucoup à apprendre, ces réalités fondamentales n’ont jamais été remises en question pour nous" ont-ils ajouté. "Nous reconnaissons également qu’il y a des limitations dans nos perspectives basées sur nos diverses couches de privilèges."
Dans son annonce initiale des deux concerts, Big Thief a déclaré que ses "motivations et intentions" pour aller en Israël sont de jouer là où l’un des membres de son groupe, le bassiste Max Oleartchik, a de la famille.
"Notre intention de jouer les concerts à Tel Aviv, où Max est né, a grandi et vit actuellement, découle d’une simple croyance que la musique peut guérir" a déclaré le groupe dans sa déclaration annonçant l’annulation.
"Nous reconnaissons maintenant que les concerts que nous avions prévus n’honorent pas ce sentiment."
Le groupe est également revenu sur sa précédente affirmation selon laquelle "nous sommes bien conscients de l’aspect culturel du mouvement BDS."
Dans sa déclaration de jeudi, le groupe a reconnu que "nous avons depuis réalisé que ce n’était pas le cas."
De nombreux défenseurs des droits des Palestiniens ont chaleureusement remercié le groupe sur les médias sociaux.
Mais Barby, la salle de Tel Aviv où le groupe devait jouer, a montré son vrai visage après l’annonce du groupe.
"Les campagnes de boycott par intimidation nazies sur Instagram vous ont fait plier" a déclaré la salle jeudi, dénigrant le mouvement BDS, qui s’oppose explicitement au racisme sous toutes ses formes, y compris l’islamophobie et le fanatisme anti-juif.
La salle de spectacle a accusé les membres du groupe d’être "une bande de misérables musiciens sans colonne vertébrale qui ont peur de leur propre ombre."
Le lieu a souhaité au groupe "tout le mal du monde !"
La réponse ignoble de Barby n’est pas surprenante étant donné qu’il a toujours célébré ouvertement les soldats israéliens qui participent au meurtre de Palestiniens.
Barby "a fièrement distribué des T-shirts gratuits avec le logo du lieu et les mots ’f**k you, nous sommes d’Israël" aux soldats qui ont participé à l’assaut israélien de 2014 sur Gaza, a noté PACBI.
Au cours de cet assaut de 51 jours, Israël a tué en moyenne 11 enfants palestiniens par jour.
Les lobbyistes pro-israéliens ont également fait une crise.
StopAntisemitism.org, un organisme qui prétend lutter contre l’antisémitisme mais qui s’attaque principalement aux critiques d’Israël et de son idéologie d’État raciste, le sionisme, a attaqué le groupe.
"Vous avez cédé aux antisémites - purement et simplement" a déclaré le groupe, salissant le mouvement de boycott.
"Cela n’aide pas les Palestiniens, cela ne fait que renforcer la haine des Juifs."
Big Thief a joué dans la même salle de Tel Aviv en 2017. Il avait prévu de le faire à nouveau en mars 2020, mais ce spectacle a été annulé en raison de la pandémie.
À la suite du bombardement par Israël de la bande de Gaza pendant 11 jours en mai 2021, de grands artistes ont signé un engagement à ne pas jouer en Israël et ont exhorté les autres à faire de même.
Parmi les signataires de l’engagement des Musiciens pour la Palestine figurent Patti Smith, Noname, Run the Jewels, Sun City Girls, Broken Social Scene, Rage Against the Machine, Julian Casablancas et Vic Mensa.
Les artistes appellent leurs pairs à "affirmer publiquement leur solidarité avec le peuple palestinien", car "la complicité avec les crimes de guerre israéliens se trouve dans le silence."