Le président israélien Reuven Rivlin a annoncé son intention de charger lundi Benny Gantz de former un gouvernement mais seulement après une discussion trilatérale « d’urgence » impliquant le Premier ministre sortant Benjamin Nétanyahou à propos d’un cabinet d’union.
Pour M. Rivlin, il est surtout nécessaire de former un gouvernement « le plus tôt possible » afin de tenter de contenir la propagation du nouveau coronavirus en Israël où 213 cas de personnes contaminées ont été recensés jusqu’ici et des dizaines de milliers d’Israéliens sont confinés chez eux.
Les législatives du 2 mars, les troisièmes en moins d’un an dans un pays plongé dans la crise politique, n’ont pas réussi à départager MM. Nétanyahou, chef du parti de droite Likoud, et Gantz, ex-chef d’état-major et dirigeant du parti centriste Bleu-Blanc.
Le 15 mars, M. Rivlin a reçu les représentants des partis élus au Parlement pour qu’ils lui fassent part de leur candidat favori pour former une nouvelle équipe ministérielle.
Au terme de ces consultations, « 61 députés ont recommandé Benny Gantz, contre 58 députés pour (...) Benjamin Nétanyahou », a indiqué le bureau du président dans un communiqué. « Demain (lundi), autour de midi (10H00 GMT), le président confiera à Benny Gantz la tâche de former un gouvernement », selon la même source. En Israël, il est nécessaire d’être soutenu par 61 des 120 membres du Parlement pour constituer un cabinet. A l’issue des précédentes élections d’avril et septembre 2019, aucun bloc n’était parvenu à atteindre ce seuil.
Ancien chef d’état-major, M. Gantz a obtenu le soutien de la Liste unie des partis de la minorité arabe israélienne (15 sièges), qui l’ont recommandé auprès de M. Rivlin, ainsi que celui du parti de droite nationaliste laïque Israël Beiteinou d’Avigdor Lieberman.
Eviter une quatrième élection
« Nous recommandons Benny Gantz pour une raison très simple : lors de la dernière campagne, nous avons dit que le plus important était d’éviter une quatrième élection », a affirmé M. Lieberman. « Nous avons aussi dit que nous soutenons fortement un gouvernement d’urgence et d’unité nationale », a ajouté M. Lieberman, ancien allié et ministre de M. Nétanyahou.
Il n’est toutefois pas certain que M. Gantz parvienne à former un gouvernement du fait des divergences entre ses soutiens, Avigdor Lieberman ayant par le passé refusé de participer à un gouvernement soutenu par les partis arabes israéliens.
Dans ces circonstances, M. Rivlin pourrait chercher « à accentuer la pression » tant sur M. Gantz que sur M. Nétanyahou « pour qu’ils envisagent un gouvernement d’union », selon Gideon Rahat, professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem.
Le président rencontrait dimanche soir les deux rivaux, convoqués « d’urgence ». Inculpé pour malversation et abus de confiance dans trois affaires, M. Nétanyahou appelle depuis plusieurs jours à la formation d’un gouvernement d’union nationale sous sa direction, pour répondre à la crise du coronavirus.
Report du procès Nétanyahou
« Face à la situation d’urgence nationale et mondiale, nous devons unir nos forces et mettre en place un gouvernement fort et stable qui peut adopter un budget et prendre des décisions difficiles », a affirmé M. Nétanyahou dans un communiqué.
« Le gouvernement servira six mois et les ministères seront répartis de manière égale : le Premier ministre ne pourra pas démettre les ministres de Bleu-Blanc et Bleu-Blanc ne pourra pas destituer le Premier ministre », a-t-il proposé.
A l’issue des deux précédentes élections, M. Gantz avait refusé de participer à un gouvernement dirigé par M. Nétanyahou car celui-ci est inculpé pour malversation et abus de confiance.
Premier chef de gouvernement de l’histoire d’Israël à être mis en examen en cours de mandat, il clame son innocence et se dit victime d’une « chasse aux sorcières ». Son procès qui devait s’ouvrir le 17 mars a été reporté de deux mois « au vu de la propagation du coronavirus et selon les instructions limitant le travail des tribunaux », a annoncé le tribunal de Jérusalem.
Les autorités ont annoncé de nouvelles mesures pour tenter d’arrêter la propagation de l’épidémie : les rassemblements de plus de 10 personnes sont interdits, tous les lieux de loisirs doivent rester fermés, comme le sont déjà écoles et universités.