Parti aux alentours de 16h30, le bâtiment n’est resté en mer que quelques heures. Ses passagers ont tout juste eu le temps de déguster un plat de zucchini al pesto. Selon Jane Hirschmann, membre de la délégation américaine, "le capitaine a expliqué aux gardes-côtes que le navire étaient plus en sécurité en mer, que dans un port grec où le gouvernement israélien risquait de le saboter, mais il a obtempéré pour protéger la sécurité des 36 passagers".

Peu de temps avant cette sortie improvisée, le ministère grec de la Protection du citoyen avait diffusé un communiqué "interdisant à tout bateau battant pavillon grec ou étranger d’appareiller des ports grecs à destination de Gaza" pour empêcher une violation du blocus maritime israélien.

Retranchés derrière les grilles du carré policier, à côté de leur bateau, les militants attendent des nouvelles du consulat. D’après l’une d’entre eux, l’arraisonnement s’est déroulé sans violence. "Je suis prête à rester toute la nuit, si il le faut, dit-elle, nous ne quitterons pas le bateau".
Prévenus peu avant l’appareillage, la plupart des médias américains avaient pu embarquer à bord du bâtiment en partance. Certains ont diffusé en direct l’événement, via Twitter ou les chaînes de télévision. Les autres ont dû se contenter des images captées lors de l’opération porte-ouverte organisée la veille quand le navire était encore à quai. Drapeaux, banderoles, t-shirts, fanfare... Les militants américains n’avaient pas lésiné sur les moyens pour faire passer le message.
Leur navire transporte 3000 lettres de soutien adressées aux habitants de Gaza. "La législation américaine, et notamment le "Material to terrorism Act", nous interdit de convoyer des médicaments ou des matériaux de construction vers Gaza, de crainte qu’ils ne soient saisis par le Hamas, mais nous ne voulions pas arriver à Gaza les mains vides", explique Richard Levy, membre de la délégation. L’écrivain et militante féministe, Alice Walker, en a lu quelques unes devant les caméras :
Le départ précipité des Américains sur fond d’avaries diverses et variées (voir la note précédente) met les autres délégations en difficulté. Contraints désormais d’agir ou de renoncer, les organisateurs hésitent. Et pour cause : ils ne sont pas prêts. Les cargos qui doivent acheminer les 5 000 tonnes d’aide internationale ne sont pas encore chargés, le bateau gréco-suédois saboté en début de semaines ne pourra être opérationnel avant samedi soir, et, côté français, on attend toujours que le fioul soit livré.
Faute de s’engager dans des actions concrètes, les militants sont vent debout contre le gouvernement grec. Dror Feiler, de la délégation suédoise, accuse "Tel-Aviv d’exporter le siège de Gaza en Grèce". "Papandréou est devenu les sous secrétaire aux affaires maritimes d’Israël", dénonce Thomas Sommer-Houdeville, membre du comité de coordination de la campagne française. Les organisateurs soupçonnent notamment l’Etat hébreu d’exercer des pressions sur la Grèce. "Accusations ridicules", selon le gouvernement israélien.