lors d’une attaque contre le convoi du Premier ministre palestinien Isma’il Haniyyeh , du Hamas, alors qu’il quittait le point de passage de Rafah [1]. Un jour avant le discours attendu du Président Abbas au peuple palestinien, dans lequel on s’attend à ce qu’il définisse les mesures décisives à propos du gouvernement d’union nationale et une stratégie de sortie de la crise politique et du chaos économique actuels, cette attaque menace de provoquer une vague de violence politique dans les territoires occupés qu’aucun des deux groupes ne pourra plus contrôler si elle prend de l’essor.
Lors de l’attaque au point de passage de Rafah la nuit dernière un des gardes du corps de Hanniyeh a été tué, son aide, son fils et 20 passants ont été blessés, et toute la population de Cisjordanie et de la Bande de Gaza vit dans la peur et la confusion. Peur de ce que pourrait être un avenir dominé par les luttes internes et confusion devant l’incapacité de la direction palestinienne (le Fatah et le Hamas entre autres) à transcender les rivalités factionnelles et à proposer des solutions viables à un conflit qui détruit le tissu même de la société palestinienne, au point de préparer le terrain à une guerre civile.
La dernière cible dans ce combat inter- palestinien est du plus haut niveau à la fois au Hamas et dans l’Autorité palestinienne [2] ; de plus la dernière explosion de violence est due aux allégations du Hamas que l’auteur de l’attaque est un loyaliste du Fatah, ancien Ministre de l’Intérieur, Mohammad Dahlan. L’accusation, que le Fatah a démentie, et qu’il dit être de la spéculation prématurée en plus d’être de l’incitation (à la violence), a été émise quelques heures après l’incident à Rafah sous forme d’une conférence de presse tenue par de hauts responsables du Hamas. Ils ont fait porter directement la responsabilité de l’attaque sur l’ancien chef de la Sécurité préventive dans la Bande de Gaza. [3].
Dans ce contexte, et au vu des sensibilités provoquées par l’implication des chefs de factions du Hamas et du Fatah, l’effet de ricochet de l’attaque de Rafah se faisait sentir en quelques heures dans toute la Bande de Gaza et en Cisjordanie. Après la prière du vendredi à midi, à Ramallah aujourd’hui (15 décembre) des foules de partisans du Hamas ont défilé dans la ville en manifestation de solidarité avec Isma’il Haniyyeh et aussi pour commémorer la création du Hamas en 1987 ; il n’a fallu que quelques minutes pour que la police palestinienne, la garde présidentielle palestinienne fidèle au Président Abbas et des membres des Brigades des Martyrs Al-Aqsa s’opposent aux manifestants , faisant 31 blessés (dont du personnel de la sécurité, des civils, et du personnel médical pris dans les affrontements).
Les condamnations publiques, les appels au calme pragmatiques et les appels à une période d’apaisement émis par divers cercles politiques palestiniens vendredi après midi [4] n’ont que peu de chance de gommer les dégâts infligés à la vie politique palestinienne après les accusations et contre accusations innombrables qu’ont proféré le Fatah et le Hamas depuis 24 heures. La vérité c’est que cette fois les protagonistes ont franchi la ligne et l’horrible intensité de leur antagonisme est apparue en plein jour dans la nature et le timing de l’attaque de Rafah.
Finalement, les objectifs du Président Abbas ont été sérieusement minés par les événements d’aujourd’hui.
Même s’il fait preuve de grand talent en tant que dirigeant en prenant des mesures concrètes et fermes en direction de la conciliation nationale (ce qui n’est pas une tâche facile de toute façon) l’énorme impact d’un paysage politique bipolaire dans les Territoires palestiniens supplantera vraisemblablement toutes les autres considérations.
Ceci inclut la décision et la volonté d’intensifier ou de réduire les combats internes. En d’autres termes, le sort des Palestiniens est maintenant entre les mains de ceux qui possèdent les moyens de déclencher une guerre civile, pas nécessairement sous le contrôle de ceux qui sont au sommet de la pyramide, dont les grosses erreurs politiques répétées nous ont tous conduits au bord du gouffre.