Photo : Des adolescentes palestiniennes face aux soldats israéliens le long de la frontière avec Israël lors de la grande marche du retour de 2019 - Crédit : Mohammed Zaanoun (Active Stills Collective)
Les autorités israéliennes ont rouvert le « point de passage d’Erez » jeudi 28 septembre, permettant enfin aux travailleurs palestiniens de la bande de Gaza de rentrer dans les territoires israéliens de 1948, à la suite d’un « accord » avec le Hamas visant à mettre fin aux tensions frontalières.
Le « point de passage d’Erez », le seul passage piétonnier entre Gaza et Israël, restera ouvert « en fonction de l’évaluation de la situation et de la stabilité de la sécurité », a déclaré Ghassan Alyan, chef du bureau de coordination des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT), dans un communiqué de presse.
L’ouverture du point de passage d’Erez intervient après une fermeture de 10 jours par les autorités israéliennes en représailles aux manifestations des Palestiniens le long des frontières orientales de Gaza.
Les manifestations ont mis en lumière plusieurs problèmes cruciaux, tels que la présence de soldats israéliens le long des frontières, les violations continues à l’encontre des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes et la prise d’assaut de l’enceinte d’Al-Aqsa à Jérusalem par des colons juifs fondamentalistes.
Les forces israéliennes réagissent souvent à ces manifestations en tirant des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des balles réelles. Au cours des dernières semaines, plusieurs manifestants palestiniens ont été blessés ou tués.
Lorsque Israël a fermé le point de passage d’Erez le 17 septembre, des milliers de travailleurs palestiniens ont été empêchés de se rendre à leur travail dans les territoires de 1948 et en Cisjordanie occupée.
Selon des économistes locaux, cette fermeture a empêché plus de 18 000 Palestiniens de gagner leur vie et a privé l’économie gazaouie d’environ 2 millions de dollars par jour.
Dès l’annonce de la réouverture du point de passage, des milliers de travailleurs se sont rassemblés devant ses portes, nombre d’entre eux étant contraints d’y passer la nuit.
Une source de sécurité proche du Hamas, le groupe islamiste qui contrôle la bande de Gaza, a déclaré à The New Arab, sous le couvert de l’anonymat, que « la décision israélienne sans précédent de rouvrir le point de passage a été prise à la suite d’un accord indirect avec le Hamas visant à mettre progressivement fin aux manifestations le long de la barrière orientale en échange d’un assouplissement des restrictions imposées par Israël à la bande de Gaza ».
« Ces accords ont été conclus à la suite des efforts considérables déployés par les médiateurs de l’ONU et de l’Égypte pour limiter la possibilité d’une escalade de la violence dans l’enclave côtière », a ajouté la source. « Les factions de la résistance palestinienne, principalement le Hamas, ont averti Israël, par l’intermédiaire des médiateurs, qu’elles ne resteraient pas longtemps silencieuses face aux violations israéliennes dans l’enclave côtière ou en Cisjordanie et à Jérusalem occupées. »
Officiellement, le Hamas a mis fin aux manifestations le long de la clôture orientale et a exhorté les jeunes manifestants à ne pas organiser d’autres marches en direction de l’armée israélienne le long des frontières.
Malgré l’annonce du succès des négociations, le coordinateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, a exprimé ses « profondes inquiétudes » quant à l’avenir.
« Je suis profondément préoccupé par l’escalade des tensions à l’intérieur et autour de Gaza », a tweeté M. Wennesland mercredi. « La situation à l’intérieur de la bande de Gaza est désastreuse et nous devons éviter un nouveau conflit qui aurait de graves conséquences pour tous. »
« Les habitants de Gaza ont suffisamment souffert et méritent plus qu’un retour au calme », a-t-il ajouté, précisant que l’ONU travaillait avec toutes les parties concernées pour améliorer la vie des habitants de Gaza, en particulier les plus vulnérables.
Plus de 2,3 millions de Palestiniens de la bande de Gaza vivent dans des conditions de plus en plus difficiles depuis qu’Israël a imposé un blocus illégal en 2007. Depuis lors, Israël a également lancé cinq guerres militaires de grande envergure contre l’enclave côtière assiégée, tuant et blessant des milliers de Palestiniens.
Traduit par : AFPS