Photo : Huwara le 28/02/2023 (Active Stills / Oren Ziv)
Des sources palestiniennes ont déclaré à The New Arab que les attaques des colons israéliens contre les communautés palestiniennes en Cisjordanie occupée s’étaient poursuivies mardi pour la troisième journée consécutive.
Mardi matin, les colons israéliens se sont déchaînés dans le village palestinien de Deir Sharaf, au sud de Naplouse, endommageant plusieurs voitures palestiniennes et détruisant au moins 50 oliviers, a déclaré une source locale à TNA.
Tard dans la nuit de lundi à mardi, des colons israéliens ont attaqué une ambulance palestinienne transportant une mère et son enfant sur la route entre Jénine et Ramallah. Selon le ministère de la Santé, l’ambulance a été endommagée et la mère blessée.
L👀K ‼️
Israeli Settlers attack an ambulance transporting a sick 12-year-old girl while it was passing in Za'tara, and they broke the ambulance's windows, injuring the child's mother.#PalYouth pic.twitter.com/cJAL9RwevK— PalYouth (@PalYouth4News) February 28, 2023
Plus tôt lundi, des groupes organisés de colons israéliens ont attaqué des familles palestiniennes dans les communautés de Yerza et Al-Maleh, dans le nord de la vallée du Jourdain, où ils ont endommagé des biens.
"Quelques 140 colons en groupes organisés ont attaqué les deux communautés de la "zone C" vers 14 heures", a déclaré Muataz Bisharat à The New Arab, résident et militant du nord de la vallée du Jourdain. "Certains groupes de colons sont entrés dans les maisons de 13 familles et ont détruit leur contenu, tandis que d’autres perçaient des réservoirs d’eau."
"D’autres colons se tenaient aux points de contrôle de l’armée d’occupation et aux côtés des soldats de l’armée, bloquant les routes devant les Palestiniens qui tentaient de rejoindre les maisons attaquées pour porter secours."
L’attaque de lundi est survenue au lendemain d’une série de "pogroms" menés pas des colons dans des villages palestiniens du sud de la région de Naplouse, au cours desquels un Palestinien a été tué et une centaine d’autres blessés, selon le Croissant-Rouge palestinien.
L’attaque a commencé après le meurtre de deux colons israéliens à Hawara par un tireur palestinien, lui-même survenu après le massacre par Israël de 11 Palestiniens à Naplouse.
Selon les rapports, peu avant le saccage, des comptes sur les réseaux sociaux israéliens ont fait circuler un appel à une attaque contre des villages palestiniens dans l’après-midi de dimanche, avec des slogans tels que " Nous exigeons la victoire ! Nous exigeons la vengeance. "
"Environ 70 colons sont arrivés à ma maison à Huwara et ont commencé à nous jeter des pierres, j’ai alors couru avec ma famille à l’intérieur de la maison et je suis monté sur le toit pour me protéger", a déclaré à The New Arab Mohammad Odeh, un résident de Hawara.
"Les colons ont commencé à mettre le feu à la propriété, y compris à mon entreprise de casse d’automobiles, pendant que mon fils de 11 ans et moi essayions de les repousser en lançant des objets depuis le toit" a déclaré Odeh.
"Les colons, dont certains portaient des armes à feu, ont essayé de pénétrer dans la maison et de mettre le feu au premier étage, tout en continuant à nous menacer" a décrit Odeh. "Mes trois enfant - le plus jeune étant ma fille de 4 mois -, ma femme et moi étions piégés à l’intérieur, complètement sans défense."
The rubble that the people of Nablus district, including Hawara, woke up to, as a result of settler attacks on it yesterday pic.twitter.com/mDd7CqDwnJ
— AlQastal News (@QastalNewsEn) February 27, 2023
Les colons israéliens ont également attaqué les villages de Burin, Asira Qibliyah et Zaatara, où un colon israélien a tiré et tué Sameh Aqtash, un Palestinien de 37 ans, un secouriste palestinien qui venait de rentrer de Turquie où il était allé apporter son aide suite au tremblement de terre dévastateur.
Pendant ce temps, les attaques de colons se sont également étendues au nord de Ramallah, où des groupes ont bloqué la route entre l’est de Ramallah et Jéricho, près de la ville de Taybeh, attaquant des véhicules palestiniens.
"Je rentrais à Ramallah en passant par Taybeh quand j’ai vu des dizaines de colons des deux côtés de la route juste à la sortie de la ville. Ils ont commencé à jeter des pierres sur ma voiture, mais j’ai réussi à m’échapper" a déclaré à la The New, Arab Maadi Fouad, un résident.
"La voiture juste derrière moi n’a pas pu passer, et le conducteur et les passagers ont dû en sortir et courir dans les champs d’oliviers, tandis que les colons mettaient le feu à la voiture" a déclaré Fouad.
"Nous sommes revenus pour chercher les personnes qui s’étaient enfuies dans les champs d’oliviers et nous les avons retrouvées des heures plus tard, après le départ des colons" a-t-il ajouté.
More 🚨Now the people of Burin village are calling for protection from the pogrom settlers after moving from Huwara to Burin. They began burning cars while families trying to protect their homes from settlers attempts to set them on fire with protection of the IOF #PROTECTION pic.twitter.com/LEn3ilU9ah
— Lema (@Lemapal) February 26, 2023
À la suite de ces attaques, les forces de l’armée israélienne ont bloqué les entrées du sud de Naplouse et imposé un couvre-feu à plusieurs communautés palestiniennes.
"Hawara est devenue une ville fantôme après que l’armée d’occupation ait bloqué toutes les entrées depuis dimanche soir, fermant même les rues internes avec des monticules de terre" a déclaré à The New Arab tôt mardi Ghassan Daghlas, un activiste qui surveille les activités des colons dans le nord de la Cisjordanie.
"L’armée d’occupation participe à l’agression des colons depuis le début" a noté Daghlas. "L’armée était présente lors des attaques, protégeant les colons et bloquant l’accès aux villages attaqués devant les Palestiniens qui tentaient d’apporter de l’aide."
Les attaques de colons israéliens se sont multipliées depuis le début de l’année dernière, notamment dans la région de Naplouse. Les groupes palestiniens de défense des droits de l’Homme ont accusé le gouvernement israélien d’encourager la violence des colons.
"Les colonies sont un crime de l’État israélien en premier lieu parce qu’elles sont une violation directe des conventions de Genève qui rendent illégal pour une puissance occupante le transfert de sa propre population civile dans le territoire occupé" a informé Tahseen Alian, chercheur principal au groupe palestinien de défense des droits de l’Homme Al-Haq, à la TNA.
Israeli occupation thugs shooting live rounds and gas grenades at Palestinians, securing ben Gvir storm of Jabal Sbeih in Nablus southern village of Beita.
Ben Gvir storm the mountain where Israeli outpost built on part of it, in support of Israeli settlers' TERRORISM. https://t.co/8HWEUBNGDt— 𓂆ree 𓂆alestine (@izaatarekhdar) February 27, 2023
"Nous assistons aujourd’hui à un crime de plus. Il consiste à donner aux colons le pouvoir, en leur qualité de civils, de participer à la répression contre la population palestinienne occupée dans le cadre de ce système colonial" a déclaré Alian.
"Les dirigeants israéliens poursuivent cette politique uniquement en raison de l’impunité que leur assure la communauté internationale, en ne tenant jamais Israël pour responsable d’aucune de ses violations, y compris l’expansion des colonies" a-t-il ajouté.
Lundi, le ministre israélien des Finances Bezalel Smotrich, qui est lui-même un colon, a fait une déclaration publique selon laquelle l’expansion des colonies "ne sera pas gelée, pas même un seul jour."
Les déclarations de Smotrich font suite à la déclaration finale du sommet américano-palestino-israélien qui s’est tenu dimanche à Aqaba, en Jordanie, et qui a appelé au gel de l’expansion des colonies pour désamorcer l’escalade en Cisjordanie.
Le même jour, le ministre israélien de la sécurité nationale, Itmar Ben Gvir, a déclaré dans un communiqué que "ce qui a été conclu en Jordanie restera en Jordanie", réaffirmant son soutien à l’expansion des colonies.
Plus tard dans la journée de lundi, Ben Gvir a fait irruption au Mont Sabih dans le village palestinien de Beita, où les Palestiniens protestent contre un avant-poste de colons depuis 2021, provoquant des affrontements entre les villageois palestiniens qui protestaient contre la tournée de Ben Gvir et l’armée israélienne.
La semaine dernière, l’Autorité palestinienne (AP) a renoncé à une demande de vote - en vue d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies qui condamnait l’expansion des colonies israéliennes - dans le cadre d’un accord négocié par les États-Unis et en échange du gel par Israël de l’expansion des colonies pendant plusieurs mois, ainsi que de la réduction des raids militaires dans les villes de Cisjordanie.
Depuis le début de l’année, l’armée israélienne a tué au moins 63 Palestiniens - dont des enfants - en Cisjordanie occupée, tandis que depuis l’accord annoncé, le gouvernement israélien y a approuvé 7 000 unités de peuplement.
Traduction : AFPS