En ce début d’année 2021, nous allons enfin être débarrassés de Donald Trump. Ce coup d’arrêt porté au suprémacisme, au mensonge et au cynisme politique est avant tout le résultat d’une mobilisation de la société civile aux États-Unis, qui a repris le combat contre les discriminations et pour une société plus juste. C’est un succès qu’il ne faut pas sous-estimer, de même qu’il faut souligner la progression dans la société américaine de la défense des droits du peuple palestinien.
Mais le souvenir des deux mandats de Barak Obama, qui n’a finalement apporté aux Palestiniens qu’une négociation sans principe et vouée à l’échec, reste trop vif pour que nous puissions faire confiance à la nouvelle administration états-unienne. Au-delà de quelques gestes symboliques qui auront leur importance, comme le rétablissement d’une représentation palestinienne à Washington et le financement de l’Unrwa, ce seront souvent d’autres enjeux stratégiques qui seront mis en avant et c’est l’intérêt des États-Unis qui primera. La mobilisation de la société civile, partout dans le monde, restera déterminante.
Les Palestiniens, eux, subissent toujours la colonisation, l’occupation, les destructions, l’emprisonnement, l’exil, le déni de leurs droits, le blocus et l’apartheid. A cela s’ajoute l’épidémie de Covid-19 qui prend des proportions toujours plus inquiétantes. Ils résistent pied à pied sur le terrain, et nous les soutenons de toutes nos forces. Et il y a peu à attendre des nouvelles élections israéliennes, tant la société juive israélienne a glissé vers l’extrême-droite fascisante.
L’inaction n’est plus supportable et rien ne changera sans des actes forts. La France, les autres États européens, l’Union européenne, doivent enfin prendre des initiatives concrètes pour que cessent ces violations du droit ; ils doivent sans attendre interdire les produits des colonies, mettre fin à toute coopération militaire et sécuritaire avec l’État d’Israël, et aller vers la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël.
Il est tout aussi important que les responsables politiques palestiniens poursuivent le chemin qu’ils ont entrepris vers l’unité et le renouvellement démocratique de leurs instances dirigeantes. Les résultats de l’élection américaine n’atténuent en rien l’importance et l’urgence de cette démarche.
C’est dans ce contexte et en pleine pandémie que l’AFPS devait tenir son congrès en novembre. Nous avons réussi malgré le confinement à renouveler nos instances nationales, tout en reportant à une date ultérieure l’indispensable débat de fond. Le nouveau Conseil national de 50 membres s’est réuni une première fois à distance le 12 décembre et m’a élu comme président pour un nouveau mandat : j’en mesure toute la responsabilité dans la période que nous vivons. Le 9 janvier, le Conseil national élira le nouveau Bureau national et mettra en place les groupes de travail. C’est un nouveau mandat qui commence, avec une énergie renouvelée.
Comme nous l’avons fait depuis le début de la pandémie, nous continuerons à travailler et nous réunir à distance, à organiser et impulser nos campagnes, à agir auprès des élus et du pouvoir politique. Beaucoup de groupes locaux ont réussi à mener des actions sur le terrain, et nous avons la volonté de les soutenir partout où ils en ont besoin.
Lorsque nous défendons les droits du peuple palestinien, nous savons que nous luttons aussi pour nos valeurs les plus profondes, menacées par le suprémacisme et le déni du droit. C’est avec cette conviction que je vous souhaite à toutes et tous une très bonne année 2021, avec tout le bonheur possible malgré les circonstances que nous vivons, et une volonté toujours renouvelée dans notre combat commun.
Bertrand Heilbronn, 30 décembre 2020