Nous continuerons à faire vivre nos projets de développement avec le peuple palestinien.
Nous qui avons en charge dans nos collectivités territoriales et dans nos villes, les conditions du vivre ensemble dans un monde globalisé nous ne pouvons faire abstraction des évènements qui se produisent au-delà de nos frontières. C’est pourquoi nous nous sommes engagés à soutenir un programme de développement durable autour de l’huile d’olive palestinienne, symbole de notre culture méditerranéenne commune.
Le Conseil des ministres européen des Affaires étrangères a pris une décision politique grave en décidant de suspendre une partie importante de son aide financière au peuple palestinien. La suspension de l’aide de l’UE, s’ajoutant à celle des aides américaines et à l’arrêt illégal des transferts de taxes dues par Israël à l’Autorité palestinienne, apparaît comme une volonté d‘étranglement économique et social et comme la sanction de tout un peuple qui connaît déjà une terrible situation sociale.
Selon les organismes humanitaires de l’ONU, la Cisjordanie et la bande de Gaza sont au « bord du désastre ». L’UNWRA (office de l’ONU pour les réfugiés) souligne que le manque de produits alimentaires à Gaza, du fait de la fermeture fréquente du passage de Karni, et depuis que l’aide a été suspendue, aboutit à une augmentation significative « du nombre de personnes affamées ». La Banque Mondiale précise que, sans changements, 75% des Palestiniens se retrouveront sous le seuil de pauvreté pour 56% aujourd’hui. A cela s’ajoute un lourd problème de santé publique : 850 000 volailles sont suspectées à Gaza d’avoir contracté la grippe aviaire.
Que cherche t-on à vouloir étrangler de la sorte le peuple palestinien ? A le punir d’avoir exercé son droit souverain à la démocratie ?
Le choix du Hamas lors des élections législatives est le résultat de nombreux facteurs propres à la société palestinienne mais surtout de la politique israélienne d’occupation ainsi que de l’inaction et du silence de la communauté internationale.
Pour nous qui sommes respectueux de la démocratie, il ne saurait être question de remettre en cause les résultats des urnes et la légitimité de celles et ceux qui en sont issus. On ne peut en effet réclamer des élections et ne pas en reconnaître le résultat dès lors qu’il ne nous satisferait pas.
Malheureusement, la France et ses partenaires européens qui ont reconnu le caractère transparent et démocratique du scrutin palestinien, ont estimé nécessaire de poser, pour la première fois, des conditions assorties de sanctions aux nouveaux dirigeants palestiniens, alors qu’ils se sont toujours refusés à exiger d’Israël une quelconque conditionnalité pourtant prévue par l’article 2 des Accords d’association économique de l’Europe avec Israël qui exige le respect du droit international. La décision de l’Union européenne revient ainsi à encourager Israël à poursuivre, en toute impunité, sa politique unilatérale, en contradiction flagrante avec le droit international.
Il serait souhaitable que les « vingt-cinq » manifestent la même détermination pour obtenir d’Israël l’application des résolutions de l’ONU et les dispositions de la Feuille de route, en particulier de reconnaître aux Palestiniens le plein exercice de leur droit à l’autodétermination dans les territoires occupés depuis 1967 ; de mettre un terme à la colonisation et à l’annexion de Jérusalem-Est ; de faire respecter l’avis de la Cour internationale de Justice et le vote de l’Assemblée générale des Nations unies du 20 juillet 2004, enjoignant Israël de mettre un terme à la construction du Mur, qu’on sait destiné à annexer davantage encore de territoires palestiniens et à pérenniser les colonies et leur expansion ; autant de conditions incontournables pour avancer vers une solution juste et durable.
Après la décision de l’UE de suspendre son aide à l’Autorité palestinienne, il est nécessaire de rappeler que le soutien des collectivités territoriales ne s’adresse pas à des partis politiques mais à d’autres collectivités territoriales. Force est de constater que les municipalités conquises par le Hamas ne remettent pas en cause leurs accords de coopération et que rien ne permet aujourd’hui de dire qu’elles se dérobent à leurs engagements concernant la nature des projets menés ensemble.
Surtout, la spécificité de la coopération décentralisée est de mettre en lien, les populations entre-elles. L’ancrage dans la réalité sociale palestinienne, la relation aux citoyens caractérisent notre action, d’où la place que nous accordons au travail avec l’Union des fermiers palestiniens, notre partenaire dans ce programme de soutien à la filière oléicole palestinienne. De véritables liens d’amitié et de fraternité se sont développés entre les populations ici et là-bas, nous permettant de comprendre l’immense richesse et la diversité de la société palestinienne, mais aussi son épuisement du fait de l’occupation de son territoire et son désir de parvenir à un accord de paix avec Israël dans la justice et la dignité. Cela signifie la reconnaissance des droits nationaux du peuple palestinien tels que reconnus par le droit international et les résolutions de l’ONU.
Nous continuerons donc, avec vigilance et exigence, à mettre en œuvre et à faire vivre nos projets de développement au bénéfice des populations et des citoyens dans le cadre d’échanges réciproques, tout en sachant que la première condition d’un développement durable en Palestine est l’arrêt de l’occupation et l’ouverture d’une perspective de règlement politique du conflit fondé sur le droit et la justice. Il est temps de redonner une chance à la paix.
Nous demandons à la France et à l’Union européenne de respecter le droit et la légitimité du choix électoral des Palestiniens et de rétablir l’aide à l’Autorité palestinienne.
Jean-Louis BIANCO - Président du Conseil général
Yannick PHILIPPONEAU - maire de Ste Tulle
José ESCANEZ - maire de Château-Arnoux
Christophe CASTANER - Vice-président du Conseil régional
Serge GLOAGUEN - maire de Digne les Bains
Raymond PHILIPPE - maire des Mées
Raymond BRESSAND- maire de Reillanne , Michèle GASTALDI- maire de la Palud-
Denis BAILLE- maire adjoint de Thoard, Martine CARRIOL - conseillère régionale
André PINATEL - président de la Chambre d’agriculture, Jérôme BURQ - directeur de l’Etablissement de Carmejane, Jean-Marie BALDASSARI - expert oléicole- Adolive, Monique ETIENNE- Présidente de l’AFPS04
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