"Allô, allô, allô ... ici Sakhnine,
m’entendez-vous ?"
La compagnie israélienne du téléphone, Bezek, refuse de servir les
localités palestiniennes.
La compagnie israélienne continue à considérer que le public arabe
palestinien de l’intérieur est un public ennemi. Elle refuse de
développer son service technique, refuse de répondre aux réclamations
des Palestiniens vivant dans les villes et les villages arabes
palestiniens, avançant des arguments de type "zones sécuritaires",
prétextant que pour réparer les lignes, il lui faudrait des
autorisations des appareils sécuritaires de l’Etat sioniste.
Le journal Haaretz rapporte que la défaillance de la ligne téléphonique
électronique dans la clinique d’un opticien palestinien, Majed
Badarneh, dans la ville de Sakhnine, n’a pu être réparée qu’après
l’intervention du quotidien lui-même auprès de la compagnie, qui a
demandé des explications sur "le fait que la région de Sakhnine soit
considérée comme une zone sécuritaire où les techniciens n’entrent pas
sans être accompagnés par un gardien armé et après avoir reçu une
autorisation des forces sécuritaires".
Le Dr Badarneh avait contacté la compagnie, réclamant l’envoi d’un
technicien pour réparer la ligne dans sa clinique, ligne considérée
vitale pour son travail puisqu’elle relie sa clinique au centre de la
sécurité sociale. Mais l’employée de la compagnie téléphonique lui
répond que la réparation prendra plusieurs jours car la ville
palestinienne est considérée comme une "zone sécuritaire".
Lorsque dr
Badarneh demande de parler au dirigeant de la compagnie, il reçoit la
même réponse raciste, et c’est alors qu’il contacte le quotidien
Haaretz demandant la publication de cette affaire. Le quotidien
israélien appelle la compagnie et essaie de comprendre la politique de
la compagnie envers les Palestiniens, et ce n’est qu’après
l’intervention du quotidien que le technicien se déplace, mais avec un
gardien armé.
(Il faut signaler cependant que le même quotidien Haaretz a publié un
article, diffusé par le Mouvement de la Paix, à propos de Sakhnine et
de son équipe de football, où la ville est présentée comme étant une
"ville judéo-arabe". Sakhnine est judéo-arabe lorsqu’il s’agit de
football et de l’équipe remarquable de cette ville, mais Sakhnine est
arabe quand il s’agit d’actes d’apartheid).
Ce n’est pas la première fois que les citoyens palestiniens vivant dans
l’Etat de l’apartheid vivent le racisme de la compagnie Bezek. La
police de la région de Galilée a déclaré au quotidien Haaretz qu’il n’a
jamais été question d’accompagner les techniciens de la compagnie de
téléphone lorsqu’ils se déplacent dans les régions arabes, car il n’y a
jamais eu d’actes de violence à leur encontre.
Le cas de dr. Badarneh à Sakhnine n’est pas unique. Les habitants de
Deir al-Assad ont passé de longs mois sans téléphone parce que la
compagnie a refusé de réparer les lignes, alors qu’elle réclame des
abonnés le paiement de leur abonnement. De plus, Bezek avance un autre
argument, celui de la dégradation des lignes dans les villages arabes
palestiniens.
Mais l’avocat Alaa Haydar, conseiller juridique du centre de lutte
contre le racisme, se demande : "Même si les accusations de Bezek sont
justes, pourquoi pratiquer les punitions collectives ? Lorsqu’il s’agit
de collecter l’argent des citoyens arabes, les citoyens deviennent
égaux. Mais lorsque ces citoyens demandent les services, ils deviennent
des dangers sécuritaires."
C’est uniquement après l’intervention de plusieurs députés arabes que
les lignes téléphoniques de Deir al-Assad ont pu être rétablies, en
juin dernier.
Le quotidien Haaretz a ajouté que les lenteurs ou le refus d’assurer
les services aux Arabes Palestiniens ne concerne pas seulement les
villes et villages de Galilée, mais ceci s’applique également pour les
Palestiniens du Naqab.
Il faut rappeler que depuis la révolte d’octobre 2000 des Palestiniens
de 48 en participation à l’Intifada, les villes et villages
palestiniens sont la cible d’un boycott de plusieurs institutions
israéliennes. Celles-ci n’assurent plus les services dans les lieux
palestiniens qu’accompagnés de forces sécuritaires.