Antony Blinken, qui a accompagné le président des États-Unis, Joe Biden, lors de sa visite à Varsovie, a atterri samedi 26 mars en Israël pour entamer une tournée d’une semaine au Moyen-Orient et au Maghreb. Le point d’orgue de ses visites : une rencontre organisée ce dimanche 27 mars, à Sde Boker, dans le désert de Néguev, avec les chefs de la diplomatie des Émirats arabes unis, de Bahreïn et du Maroc, pays qui ont normalisé leurs relations avec Israël. L’Égypte sera également présente. Le sommet a été qualifié d’“historique”.
Pour les États-Unis, il s’agit avant tout de rassurer leurs alliés dans la région, écrit Middle East Eye, “Blinken souhaite montrer que les États-Unis ont toujours un profond intérêt pour le Moyen-Orient, même si la région a perdu de son importance pour Washington alors que la Chine, et maintenant l’invasion russe de l’Ukraine, sont passées au sommet des priorités.”
Tous les efforts américains sont depuis tournés vers la guerre en Ukraine, “l’administration Biden se concentre désormais, avec une grande urgence et la plus haute priorité, sur la coordination des mesures punitives internationales prises contre la Russie et sur l’arrêt de la machine de guerre défaillante conduite par le président Vladimir Poutine afin qu’elle renonce à pulvériser les villes ukrainiennes proches de la Russie”, écrit le journaliste Amos Harel dans Ha’Aretz.
Guerre en Ukraine : “Israël fait tout ce qu’il peut”
Bien qu’Israël ait condamné l’invasion et voté en faveur de la résolution des Nations unies contre la Russie, le Premier ministre Naftali Bennett n’a pas accusé Poutine avec la même force que les leaders occidentaux, Israël n’a pas suivi les sanctions économiques occidentales imposées par l’Union européenne et les États-Unis. “Mais le gouvernement dit qu’il a pris des mesures pour s’assurer que le pays ne devienne pas un refuge pour ceux qui cherchent à contourner les mesures, agissant au ‘cas par cas’”, avance le Jerusalem Post.
Lors d’une conférence de presse, qui a eu lieu dimanche dans la matinée, le chef israélien de la diplomatie Yaïr Lapid a rappelé les efforts de l’État hébreu pour stopper la guerre en Ukraine. “Qu’il n’y ait aucun doute, Israël fait tout ce qu’il peut pour faire partie de l’effort”, a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse, des propos repris par le Jerusalem Post.
Le brûlant dossier du nucléaire iranien
Un autre sujet qui embarrasse les États-Unis, celui du nucléaire iranien. Les inquiétudes sont très fortes du côté d’Israël, des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite (absente de ce sommet). Les États-Unis, eux, voudraient “tenter de revenir rapidement à l’accord nucléaire avec l’Iran, signé par le président Obama en 2015 et abandonné par l’administration Trump trois ans plus tard”, rappelle Ha’Aretz alors que des négociations sur un accord autour de la restauration du pacte nucléaire sont toujours en cours.
Pour le quotidien de centre gauche israélien, les pays alliés des États-Unis dans la région souhaitent davantage d’explications sur les objectifs américains. “Les Américains essaient de prendre soin de leurs relations avec leurs amis, mais au-delà, le sommet n’a pas d’objectif clair. Dans les points presse, on insiste constamment sur la nécessité de faire front commun contre l’Iran. En pratique, le front est loin d’être uni. Les Américains sont apparemment déterminés à signer l’accord [nucléaire iranien], et il y a un énorme fossé entre ce qu’Israël est prêt à faire pour limiter les opérations iraniennes dans la région (et dans un cas extrême pour arrêter la reprise du projet nucléaire iranien) et ce que Émiratis ou Saoudiens sont capables de faire.”
Le Maroc, invité surprise
Pour Le Desk, le Maroc fait office d’invité surprise. Le pays, qui a normalisé ses relations avec l’État hébreu en 2021, semble être sur la ligne israélienne en ce qui concerne l’Iran. Le site marocain rappelle que le royaume chérifien ne cache pas son hostilité à l’égard de Téhéran accusé, dans le conflit du Sahara occidental, de soutenir et d’armer le mouvement séparatiste du Front Polisario, soutenu par l’Algérie voisine, “un discours qui ne peut que ravir les Israéliens, décidés à renforcer les sanctions à l’égard de Téhéran, en prévision de la signature d’un nouvel accord de Vienne sur le nucléaire.” Pour le Maroc, qui était plus proche de l’administration Trump, il s’agit de “faire pencher la position des États-Unis au sujet du Sahara occidental.”