Moment de formation et de rencontre pour nos militants, l’université d’été de l’AFPS devait avoir lieu cet été. Dès les mois de février et mars, la question s’est posée : faut-il maintenir face au contexte sanitaire et les incertitudes qui en découlent ?
Un groupe de pilotage d’une dizaine de personnes issue du groupe de travail formation et des instances nationales (Bureau et Conseil national) s’est mis en place.
Épaulé par notre salariée en charge de la coordination, une université d’été en distanciel a rapidement été actée ainsi qu’un planning de cinq webinaires (conférences en ligne) allant de mai à septembre.
Les discussions sur les choix des thèmes n’ayant pas permis d’en arrêter un nombre raisonnable, un sondage a été envoyé aux cinquante membres du Conseil national afin de faire émerger nos cinq sujets : société israélienne, droit international et Palestine, rapports de force internationaux, solidarité avec le peuple palestinien, mouvement national palestinien. Pour le choix des intervenants, deux règles ont été fixées : proposer dès qu’il est possible une voix palestinienne et assurer une parité de genre.
De nombreux webinaires
L’université d’été s’est donc ouverte le 25 mai par un premier webinaire consacré à la place des Palestiniens en Israël. La journaliste et militante juive israélienne Orly Noy a proposé un brillant panorama des conflits au sein de sa société, tandis que l’avocat Hassan Jabareen, Palestinien d’Israël et directeur de l’ONG Adalah, a présenté ses combats passés et actuels pour les droits de la minorité arabe en Israël.
Le second événement a porté sur les rapports de force internationaux avec la journaliste Isabelle Avran qui a proposé un focus sur l’Union européenne, laissant à nos participants plusieurs perspectives pour peser au sein de l’institution. De son côté, le professeur de relations internationales à Sciences Po, Bertrand Badie, a souhaité dépasser une vision faite d’affrontement entre États au profit d’une lecture d’« inter-socialités » où le monde ne serait plus tellement géopolitique mais dépendant des affrontements ou des convergences au sein et entre les sociétés civiles.
À la veille des congés estivaux, François Dubuisson, professeur de droit international à l’Université libre de Bruxelles, nous a offert un exposé minutieux sur la Cour pénale internationale et son rôle en Palestine. Quant à la franco-palestinienne Inès Abdel-Razek, directrice du plaidoyer pour l’Institut palestinien de diplomatie publique (PIPD), elle a démontré, s’il fallait encore s’en convaincre, à quel point cette bataille au sein des instances internationales était fondamentale pour la lutte du peuple palestinien, sans pour autant considérer que la liberté de celui-ci ne pourrait passer que par ce biais-là.
Notre quatrième webinaire s’est interrogé sur les moyens de renforcer la solidarité avec le peuple palestinien. C’est d’ailleurs depuis le Territoire palestinien occupé que nos trois intervenants ont chacun mis en lumière des espaces de lutte et de solidarité différents mais convergents. Mayss Al-Alami, membre du PIPD, a présenté l’importance d’investir les réseaux sociaux et d’utiliser les outils numériques pour sensibiliser les sociétés civiles, interpeller élus et journalistes, mais aussi tisser des relations fortes avec nos partenaires palestiniens. Sami Huraini, membre du Comité de coordination de la résistance populaire (PSCC) et fondateur du mouvement Youth of Sumud, nous a rappelés depuis les collines du sud d’Hébron, où il vit, combien la présence d’internationaux à leurs côtés était vitale et ce d’autant plus à l’approche des cueillettes d’olives dans un contexte de recrudescence des attaques de colons à l’encontre des agriculteurs palestiniens. Enfin, Sana Karajeh a porté la parole de l’Union des comités agricoles (UAWC) pour alerter sur les multiples luttes menées par les paysans palestiniens pour le droit à l’accès et à la culture de leurs terres. Tous ont insisté sur la nécessité d’intervenir auprès de nos responsables politiques.
Enfin, un dernier webinaire, ayant pour thème les perspectives politiques au sein du mouvement national palestinien, doit se tenir à la fin du mois de septembre.
Allant d’une centaine à presque deux cents participants, cette université d’été organisée en dépit des contraintes semble avoir rempli sa mission et assurée la « continuité pédagogique » au sein de l’AFPS. Si la convivialité des rencontres en présentiel nous a naturellement manqué, le distanciel a aussi pu permettre à certains militants, porteur de handicap et en grande difficulté pour se déplacer, d’assister pour la première fois à l’Université d’été de l’AFPS.