Annie Ernaux est la première Française, huit ans après Patrick Modiano, et la dix-septième femme à recevoir le prix Nobel de littérature. Elle succède au romancier tanzanien Abdulrazak Gurnah.
L’écrivaine a exprimé à de nombreuses reprises son soutien en faveur des Palestiniennes et des Palestiniens, en lien avec son engagement constant en faveur de l’égalité des droits et de la justice pour toutes et tous.
En mai 2019, Annie Ernaux a rejoint 100 autres artistes français en signant une lettre appelant au boycott du concours de l’Eurovision à Tel Aviv.
En 2018, l’autrice avait également signé une lettre aux côtés d’environ 80 autres artistes pour dénoncer la tenue de la saison interculturelle Israël France par les gouvernements israélien et français. Alain Damasio, Jean-Luc Godard, Nathalie Quintane et d’autres artistes écrivaient avec elle :
"Pour nous, musiciennes, écrivains, cinéastes, metteures en scène, comédiens, techniciennes, plasticiennes, photographes, dessinateurs, danseurs et danseuses, cette initiative, sous couvert de promouvoir le dialogue et l’échange, est en réalité l’un des moyens mis en œuvre par le gouvernement israélien pour redorer le blason de l’Etat d’Israël, passablement terni par sa politique chaque jour plus dure à l’encontre des Palestiniens et son statut de start-up nation du sécuritaire"
Annie Ernaux a également appelé, avec des centaines de personnalités telles que Noam Chomsky et Angela Davis, à la libération du prisonnier Georges Ibrahim Abdallah , un communiste libanais d’origine chrétienne maronite, enfermé en France depuis bientôt 37 ans.
Enfin, en mai 2021, après les bombardements et les massacres sur Gaza perpétrés par Israël, l’autrice a signé "Une lettre contre l’apartheid" énumérant les attaques contre les Palestiniens de Gaza. "Présenter cela comme une guerre entre deux parties égales est faux et trompeur. Israël est la puissance colonisatrice. La Palestine est colonisée. Ce n’est pas un conflit : c’est un apartheid".
"C’est un devoir de prendre position".
"C’est un devoir de prendre position", déclarait-elle dans une interview accordée à Libération en mars dernier, quelques semaines avant le premier tour de l’élection présidentielle.
En novembre 2015, après les attentats de Paris, elle est parmi les signataires de l’Appel des 58, "Nous manifesterons pendant l’état d’urgence". Elle co-signe aussi une tribune en soutien aux gilets jaunes ainsi qu’un texte accusant le gouvernement de tenter de discréditer les opposants à la loi Travail en 2016.
Pendant la campagne présidentielle de 2022, Annie Ernaux rejoint le parlement de l’Union populaire. "Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, c’est la France jeune, la France populaire, la France qui travaille, celle qui veut un monde juste, réellement." Elle se décide à voter Emmanuel Macron au second tour, par dépit, "un crève-cœur", elle qui a qualifié le président sortant "d’homme de théâtre, sans aucune conviction".
Eléments biographiques extraits de France Culture
Née en 1940 à Lillebonne (Seine-Maritime), Annie Ernaux a écrit son expérience de "transfuge de classe", de l’épicerie familiale à l’agrégation de lettres modernes et au mariage bourgeois, de la petite ville d’Yvetot en Normandie à la capitale, une tension tendre et coupable qu’elle explore dans son œuvre littéraire. "Annie Ernaux croit manifestement à la force libératrice de l’écriture, a déclaré l’institution qui décerne le prestigieux prix littéraire. Son travail est sans compromis, écrit dans un langage simple, épuré. Quand elle révèle, avec beaucoup de courage et d’acuité clinique, l’agonie de l’expérience de classe, qu’elle décrit la honte, l’humiliation, la jalousie ou l’incapacité à voir qui vous êtes, elle réalise là quelque chose d’admirable et de persistant."
Des Armoires vides (Gallimard, 1974) à Mémoire de fille (Gallimard, 2016), en passant par L’Événement (Gallimard, 2000), l’écrivaine, très engagée à gauche, a marqué la littérature française par le matériau autobiographique de son écriture.
Rédaction et mise en page : AFPS / DD
Sources : France Culture, France Info