Jacques Fröchen, AFPS - Pal Sol n°73
Nous participons régulièrement, AFPS et Plateforme, à des réunions de la Coordination Européenne des Comités et associations pour la Palestine (CECP) à Bruxelles, et à des interventions avec des camarades d’associations homologues, auprès de députés européens et de diplomates. Contacts directs donc. Diplomates souvent gênés-ées. Belles déclarations, mais peu d’actes. Et l’annexion bouscule évidemment. Rappelons les décisions de décembre 2012 [1] : comment l’UE peut-elle avoir des accords douaniers avec Israël qui incluront des territoires annexés et les intégreront dans son système économique, tout en déclarant qu’elle ne reconnaît aucun changement dans les frontières d’avant 1967 ?
Quel dispositif à Bruxelles ?
Le groupe de travail Machrek-Maghreb-Orient arabe dit « MAMA » s’occupe de la politique étrangère et de sécu-rité commune de l’UE (PESC) et des questions relevant de sa compétence ayant trait à l’Algérie, à l’Égypte, à Israël, à la Jordanie, au Liban, à la Libye, au Maroc, au conflit du Sahara occidental, à l’Autorité palestinienne, à la Syrie et à la Tunisie. Il traite également de la coopération avec les pays d’Afrique du Nord et du Proche-Orient, dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée. Il réunit les représentants des États membres pour préparer les décisions du Conseil de l’UE (les gouvernements). La liaison avec le Parlement européen, est assurée à la commission AFET (Affaires étrangères) par deux conseillers de la RPFUE (Représentation permanente française auprès de l’UE).
Le COHOM. Groupe « droits de l’Homme » auprès du Conseil, dans le cadre des relations extérieures de l’UE, il coordonne les positions des États membres dans les enceintes multilatérales compétentes : Assemblée générale des Nations Unies (Troisième Commission), Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies. Il participe à l’élaboration et surveille la mise en œuvre à l’échelle mondiale de la politique de l’UE pour les droits de l’Homme et la démocratie, selon ses principes : sont également de son ressort les dialogues sur les droits de l’Homme et les consultations avec les pays tiers. Intéressant pour l’accord d’association UE-Israël, et un peu oublié.
L’annexion. Comme sur les autres sujets, la position française s’élabore à Paris, au Quai d’Orsay voire à l’Élysée, et le rôle des diplomates de la RPFUE consiste à la défendre et à la faire accepter, ce qui est difficile, nous dit-on : la politique du consensus constitutive de l’UE est de moins en moins pratiquée en particulier au sujet de la Palestine, au risque d’une quasi-paralysie. Notons que contrairement à ce qu’on entend généralement, tous les volets des coopérations européennes avec Israël ne relèvent pas de l’unanimité. Si les réunions en présence redeviennent possibles, les échanges de couloir officieux pourront reprendre. Ils sont souvent plus utiles que les conférences elles-mêmes.
L’objectif de la France à l’UE. « Ne pas mettre en péril l’Union tout en gardant une dynamique » dans sa position à l’international, dit-on. Difficile, on sait : la déclaration de Josep Borrell, Haut Représentant à l’action extérieure (18 mai), a été faite en son nom et non en celui des États membres. Les positions sont très « cristallisées ». En l’occurrence rien de vraiment positif pour les Palestiniens, et même de certains pays groupés qui semblent ne pas « oser ». Un espoir : plus de 1000 parlementaires de 25 pays européens ont signé une déclaration s’opposant à toute annexion ; ils ont exprimé leur soutien à la position de M. Borrell, selon laquelle l’annexion « ne pouvait pas passer sans conséquences » [2].
La position de la France
Elle date (voir https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/israel-territoires-palestiniens/processus-de-paix/article/israel-palestine-9-cles-pour-comprendre-la-position-de-la-france). Elle est considérée à Bruxelles comme « avancée » ce qui l’expose aux attaques d’Israël, nous dit-on ; la France s’appuie sur la Suède, la Belgique, le Luxembourg notamment. Mais certains pays bien connus (Hongrie, République tchèque, Bulgarie, Pologne…) gardent une position intransigeante. Mais pourquoi ne pas s’en libérer quand les principes obligent ?