"Il est scandaleux que les autorités israéliennes aient renouvelé la mise à l’isolement d’Ahmad Manasra. Le maintien en détention d’Ahmad Manasra dans des conditions aussi inhumaines est un acte d’injustice impitoyable. Ahmad a été diagnostiqué schizophrène et est gravement déprimé.
"Ahmad Manasra n’avait que 13 ans lorsqu’il a été arrêté. La décision de le placer en détention aurait toujours dû être une mesure de dernier recours et être prise pour la durée la plus courte possible. Aujourd’hui, il n’est plus que l’ombre de lui-même et il a tenté de mettre fin à sa vie. Les autorités israéliennes doivent immédiatement revenir sur leur décision de renouveler son placement à l’isolement, et le libérer de toute urgence."
Mercredi 3 août 2022, l’administration pénitentiaire israélienne a rejeté une demande visant à faire sortir Manasra de l’isolement cellulaire à la prison d’Eshel. Une nouvelle audience concernant ses conditions d’isolement aura lieu le 16 août au tribunal de district de Beersheba. Son avocat, Khaled Zabarqa, a déclaré à Amnesty International : " Il est en danger de mort, un danger réel, et les prolongations répétées de son placement à l’isolement sont en train de le détruire. "
Contexte
Manasra est maintenu en isolement prolongé depuis novembre 2021, à l’exception d’un séjour de deux mois à l’hôpital, les autorités israéliennes ayant affirmé qu’il représentait un danger pour les autres prisonniers. Cela constitue une violation de l’interdiction absolue de la torture et des autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Manasra a été arrêté en octobre 2015 après avoir poignardé deux Israéliens à Pisgat Zeev, une colonie israélienne illégale située à Jérusalem-Est occupée. Il a été reconnu coupable de tentative de meurtre et condamné à neuf ans et cinq mois de prison alors qu’il n’avait que 13 ans au moment de son arrestation et que le tribunal a estimé qu’il n’avait pas pris part à l’attaque au couteau. Il a également été interrogé en l’absence d’un avocat ou d’un parent et aurait subi des actes de torture ou d’autres mauvais traitements pendant l’interrogatoire. À la connaissance d’Amnesty International, aucune enquête n’a été ouverte sur la conduite des agents de sécurité.
Une requête de la famille de Manasra demandant sa libération anticipée a été rejetée, alors qu’il a déjà purgé les deux tiers de sa peine. En vertu de la loi israélienne, les personnes condamnées pour meurtre, viol ou maltraitance d’enfants peuvent bénéficier d’une commutation de peine d’un tiers. Les procureurs affirment qu’il n’a pas droit à une libération anticipée parce qu’il a été condamné pour des "actes terroristes", en vertu d’une loi promulguée après sa première détention.
Traduction et mise en page : AFPS /DD