Depuis des années, les Palestiniens et leurs partisans reprochent aux pays occidentaux de ne s’engager que du bout des lèvres à mettre fin à l’occupation, tout en soutenant financièrement, militairement et politiquement les occupants israéliens.
Les déclarations en faveur de leurs droits sonnaient creux alors que la communauté mondiale tentait d’interdire légalement les boycotts et déclarait que la politique ne devait pas toucher au sport et que les sanctions ne devaient pas être utilisées contre un pays qui professe être une démocratie.
Les attaques israéliennes contre les médias, le personnel médical et les civils ont été qualifiées de dommages collatéraux involontaires, ou de résultat de l’utilisation par le peuple occupé de ses propres citoyens comme boucliers. Les pays et les médias occidentaux ont souvent utilisé les termes exacts des Israéliens pour décrire la résistance comme étant des actes de terreur. Même les initiatives diplomatiques étaient surnommées "terreur diplomatique".
Jusqu’à l’Ukraine. Soudain, les femmes préparant des cocktails Molotov sont des héroïnes médiatiques. Les sanctions ne sont pas seulement utilisées contre l’armée ou les personnalités politiques, mais s’étendent même au sport. La Russie est accusée de crimes de guerre, et même la Cour pénale internationale s’y intéresse. La Croix-Rouge diffuse des messages d’intérêt public rappelant aux occupants russes leurs obligations en vertu du droit international.
Le double standard n’est plus une question théorique mais une démonstration ouverte de l’hypocrisie de la communauté internationale, qui n’a rien fait ou presque pour s’opposer à l’occupation des territoires palestiniens.
Hussein Al Sheikh, membre du comité exécutif de l’OLP, a tweeté : "Quand la #couleur, la #religion et la #race deviennent une #identité, c’est quand les valeurs, la morale et l’#humanité sont perdues. Lorsque la #légitimité internationale est violée par deux normes, la #justice est perdue, les droits sont détruits et le pouvoir est devenu une tyrannie."
L’écrivain jordanien Rula Samain a noté : "J’ai été attristée parce que nous avons appelé au boycott, mais personne ne nous a soutenus. La Palestine est dans mon cœur."
Depuis le Liban, la critique des médias Magda Abu-Fadil a documenté le racisme des médias occidentaux dans un article publié sur Medium intitulé "La bigoterie des médias s’exprime haut et fort dans la couverture de l’Ukraine." Elle a écrit : "L’ignorance, l’arrogance et le racisme qui dégoulinent de la bouche des correspondants étrangers et des présentateurs occidentaux couvrant l’histoire de l’Ukraine ces derniers jours fourniront aux éthiciens des médias des études de cas pour les années à venir."
Son article était rempli de citations de journalistes qui ont fait l’éloge de la résistance ukrainienne et ont sympathisé avec les réfugiés, ce qui diffère clairement de la manière dont la résistance palestinienne est couverte ou de la manière dont les réfugiés arabes et musulmans sont désignés.
Dima Khatib, journaliste palestinien chevronné à Doha, a déclaré à Al-Monitor qu’il s’avère que la résistance est autorisée si vous avez les yeux bleus. "Il semble que nous ne soyons pas assez ’civilisés’ et pas assez ’blancs’ et que nos yeux ’ne soient pas assez bleus’. Bien sûr, la résistance à l’occupation est maintenant légitime et les gens qui descendent dans la rue avec des armes sont non seulement autorisés mais dignes d’éloges, punir l’agresseur est maintenant logique. Oh, si nous étions d’une autre couleur, nous serions devenus des héros et non des terroristes".
Même le comédien sud-africain Trevor Noah a pris la parole dans un épisode du Daily Show. « J’ai été choqué de voir que les journalistes du monde entier, soit dit en passant, semblent penser que c’est davantage une tragédie lorsque les Blancs doivent fuir leur pays parce que, je suppose, quoi ? Les Noirs sont faits pour ça ? Les mots et les images reflètent un parti pris évident de la communauté internationale. On nous dit que les victimes ukrainiennes sont différentes parce qu’elles sont "civilisées". »
Nous assistons à une comparaison frappante dans la façon dont l’invasion, l’occupation, la résistance et le droit international sont traités. D’un côté, on assiste à une utilisation sans précédent de tous les outils diplomatiques et politiques contre les Russes. D’autre part, les pays occidentaux ont rejeté les demandes de longue date d’actions beaucoup plus douces contre Israël. Ces attitudes racistes évidentes envers la situation difficile des Palestiniens sont clairement visibles et constituent une source de frustration encore plus grande.
Traduction : AFPS