Je ne sais pas quel terme utiliser pour ces derniers. Pour moi, ils
ressemblent plus à des prisons qu’à autre chose.
J’ai demandé à mon père qui m’héberge dans le camp de Dheisheh (Bethlehem)
s’il l’avait déjà vu et il m’a répondu : "Donne-moi une autorisation et j’irai
le voir."
Parce que, bien sûr, peu importe la façon dont les gens sont traités à ces
terminaux de prisons, les gens qui sont là ont la plupart du temps la chance
d’avoir des autorisations pour les traverser ou des cartes d’identité de
Jérusalem.
Je sais que c’est un cliché de dire que le mur transforme encore plus la
Palestine en prison, mais c’était la première fois que je voyais le Mur totalement
fermé autour de l’entrée à Bethlehem.
Il y a une énorme porte en métal qui peut être ouverte ou fermée selon le bon
vouloir de l’armée israélienne, avec une pancarte énorme à côté, disant en
Anglais, en Hébreu, et enfin en Arabe, "Allez en Paix."
Dessous est écrit : "Ministère israélien du Tourisme." C’est dans un secteur
séparant une zone palestinienne d’une autre zone palestinienne. La Cisjordanie
des deux côtés. Entièrement contrôlée par Israel.
Et c’est la même chose à Qalandia. Des secteurs palestiniens de chaque côté,
entièrement contrôlés par Israel. Je ne sais pas quelle est la pancarte la plus
offensante, celle de Bethlehem ou celle de Qalandia qui dit en trois langues
"L’espoir de nous tous."
À côté, il y a dessin d’un arbre, avec le mot "sécurité" écrit en Arabe sur
le tronc, et chacune des branches disent (en arabe) des choses comme
"Education", "Culture" et "Prospérité".
"le Ministère israélien du Tourisme" est absent
de celui-ci, probablement parce que Ramallah ne reçoit pas autant de
touristes que Bethlehem, en particulier à cette époque de l’année.
- Kalandia 31 12 2005
La nuit dernière, en revenant de Ramallah pour Jérusalem, je suis passée par
Qalandia où j’ai vécu l’une des expériences de checkpoints les plus troublantes
de ma vie. Je n’avais jamais été traitée de cette façon.
De l’entrée à la sortie du "terminal", vous êtes enfermés entre des portes
métallliques, des tourniquets et des fenêtres, ainsi, à tout moment, vous êtes
essentiellement coincés dans une partie différente jusqu’à ce qu’un soldat
décide de vous laisser traverser. Tout est fait électroniquement.
Des soldats sont assis derrière une vitre à l’épreuve des balles et
beuglent des ordres via des haut-parleurs. Plus de dialogue et d’interaction
humaine. La fille (et oui, ces soldats ressemblent à des filles et à des garçons)
qui beuglaient des ordres aux gens la nuit dernière était particulièrement
odieuse.
Quand ce fût mon tour, j’ai posé mes affaires sur le tapis roulant
nouvellement installé et je suis passée à travers le détecteur de métal, comme j’avais
vu faire les gens devant moi. J’ai levé mon passeport et la soldate m’a ignorée
et a commencé à me hurler dessus en Arabe.
Je ne pouvais pas comprendre tout qu’elle disait et je lui ai dit que (ou
plutôt essayé de, bien qu’il semblait n’y avoir aucun appareil pour les gens de
lui parler, seulement de l’autre côté), et finalement elle a hurlé en anglais :
"Mettez toutes vos affaires sur le tapis !"
Je l’ai fait, puis je suis passée dans le détecteur, j’ai levé mon passeport,
repris mes affaires, et j’étais prête à partir. Elle ne m’a rien dit, mais a
commencé à hurler sur un homme devant moi qui tenait un petit bébé. Elle lui a
hurlé en Hébreu de revenir et alors il m’a appelée pour me dire que c’était
parce que je ne lui avais pas donné mon passeport, ce qu’elle ne m’avait pas
dit de faire.
Il y a des périodes où j’ignore l’autorité des soldats parce que je pense
qu’ils ne devraient en avoir aucune, mais ce n’était pas l’une de ces périodes.
Je n’étais jamais passée par ce truc avant et je n’avais pas voulu retenir
les personnes derrière moi, mais je ne savais vraiment pas ce que j’étais censée
faire. Elle a commencé à me crier dessus en Hébreu quand je suis revenue, je
lui a dit que je n’avais pas compris, et alors elle a dit en Hébreu : "Ok, je
vais parler en Anglais ! Donnez-moi votre passeport !"
J’ai mis le passeport dans le trou minuscule, elle l’a pris, et l’homme avec
le bébé m’a dit qu’elle me disait : "Va te faire foutre" et d’autres
gentillesses en Hébreu. J’ai récupéré mon passeport et elle a commencé à aboyer des
ordres aux autres, en appuyant sur le bouton magique pour ouvrir le tourniquet
suivant afin que je puisse sortir. Je suis sortie, dégoûtée, avec l’homme et sa
famille qui m’observaient pour s’assurer que j’allais bien.
Je voulais tout balancer. Ou un tas d’autres choses que je ne devrais pas
écrire ici. Je ne sais pas pourquoi je continue à être surprise. Ou peut-être que
ce n’est pas vraiment ça. Peut-être que je suis complètement dégoutée. Et en
colère. J’avais travaillé en Palestine pendant plus de 2 ans, et j’ai vu la
rue à côté de Qalandia se transformer d’une rue en un Mur puis en terminal.
J’étais ici il y a 5 mois et cela a l’air tellement différent.
Et en attendant, je travaille pour un changement à long terme et je conduis
des groupes à travers la Cisjordanie pour que les Juifs Américains se
renseignent sur la situation et peut-être qu’il changent un peu leur compréhension et
qu’ils en parlent à d’autres, ect.....
Comme toujours, le temps est du côté d’Israel.
Les Palestiniens ne peuvent pas se permettre d’attendre. Mais que peuvent-ils
faire ?
J’ai observé les jeunes Palestiniens qui plaisantaient entre eux à
l’intérieur du terminal pendant qu’ils attendaient de se faire hurler dessus en Hébreu
et peut-être d’être autorisés à passer, et je me suis demandée, comme je le
fais souvent ici, où disparaissait toute la colère.
J’espère que je ne m’y habituerai jamais et que je continuerai d’être en
colère.
Bonne année à ceux pour qui c’est une nouvelle année - espérons qu’elle
apportera plus de justice que la précédente.