Un chanteur, une complication sérieuse suite à une intervention chirurgicale ; une arrivée à Los Angeles en fauteuil-roulant ; un coma volontaire pour alléger ses souffrances ; une noria de « pipole » à son chevet ; une sortie progressive du coma artificiel ; des nouvelles réconfortantes– et voilà les médias qui accourent et les « jités » de nos chaines nationales – sans parler des chaines d’information en continu – qui consacrent des minutes et des minutes à nous « informer ».
Ailleurs, 1.500.000 Gazaouïs totalement enfermés, totalement coupés du monde sur une minuscule bande de terre surpeuplée et cruellement dévastée ; des maisons en ruines quand il y a des maisons et non pas seulement des gravats ; la mer confisquée et transformée en poubelle ; l’eau impropre à la consommation ; un blocus implacable depuis près de trois ans ; même l’introduction de simples allumettes est interdite ; pas de gaz ni d’électricité ; pas de travail ni d’argent ; les médicaments aussi rares que la nourriture ; une cage, une prison à ciel ouvert ; ni entrer ni sortir ; un mouroir après un crime qui a tué 1.400 êtres humains l’an dernier – et c’est le silence quasi total des média.
Cela fait près de 3 ans que cela dure. 3 ans ! 3 ans de silence.
Qu’une catastrophe naturelle survienne au bout du monde et les journalistes accourent ; qu’une guerre locale multiplie les morts et les déplacements de populations ; qu’un sac de riz sur le dos d’un « French doctor » débarque sur quelque plage – et nos médias sont là.
Mais à Gaza, non ! Silence, on assassine un peuple ! On lui inflige, sous les yeux de tous, une criminelle punition collective. Une punition collective pourtant formellement condamnée par le droit international et la 4ème Convention de Genève (article 33). Mais c’est toujours le silence.
Comment est-ce possible à notre époque où l’information est planétaire ? Comment exonérer ceux qui sont directement responsables de cette situation et leurs complices ceux, qui parlent sans rien faire pour que ce blocus illégal soit levé ?
En appui à ce blocus, qui n’a pas réussi à mettre le peuple de Gaza à genoux, une guerre effroyable a donné lieu il y a tout juste un an à « des crimes de guerre voire des crimes contre l’humanité », selon un juge sud-africain, irréprochable et hautement compétent, le Juge Goldstone. Et pourtant « on » détourne les yeux, « on » s’abstient lors d’un vote crucial ou bien « on » refuse de condamner. Et « on » a bonne conscience…
Lâches mais aussi coupables sont les dirigeants israéliens et avec eux tous les autres qui ne font rien pour mettre un terme à cette tragédie.
Cette « Gaza Strophe » n’est pas résultat de circonstances naturelles. Elle est voulue, choisie, décidée, soutenue. C’est une folie humaine extrême qui pousse à l’extrême. Mais on se tait. Micros et caméras restent au chaud dans les rédactions.
Comment se taire, pourtant ? Ah si Johnny était gazaouï…
Eh bien, sur place nous irons, quant à nous : à Gaza !
Avec des milliers d’autres venus des quatre coins du monde, un an après la guerre qu’Israël a menée contre la population de Gaza, pour exiger haut et fort la fin du blocus et de l’impunité des responsables de cette barbarie.
Nous marcherons le 31 décembre dans la bande de Gaza pour exprimer ces deux exigences mais aussi pour manifester notre solidarité à la population gazaouïe. Et en France, dès le 27 décembre, des initiatives multiples seront organisées allant dans le même sens.
Se tairont-ils encore, ceux qui savent et qui peuvent mettre fin à l’inacceptable ? Ce serait humainement et politiquement intenable. Le feront-ils ? Oseront-ils ?
Un dessinateur humoriste qui est aussi par ailleurs écrivain pouvait dire : « Les animaux ont le droit d’être indifférents. Moi je suis un animal avec quelque chose en plus, quelque chose qui change tout, qui m’ôte le droit à l’indifférence, je sais ».
Car personne ne pourra dire demain, devant ce qui se passe à Gaza : « Je ne savais pas ». Car tout le monde sait… Et tout le monde est devant ses responsabilités.
Quant à nous, AFPS, nous prenons les nôtres… Nous marcherons pour la Liberté à Gaza.