.../se sont donc rencontrés ce mardi 8 février à Charm el-Cheikh pour un sommet quadripartite avec Hosni Moubarak et le roi Abdallah II de Jordanie.
Si aucun communiqué officiel n’est sorti de cette rencontre, Ariel Sharon s’est engagé à cesser la violence des forces d’occupation contre la population palestinienne, à libérer quelques centaines des quelque 8 000 prisonniers politiques palestiniens détenus dans les geôles israéliennes et à restituer aux Palestiniens la « responsabilité » de certaines des villes réoccupées notamment depuis les offensives de 2002, tandis qu’Abou Mazen a annoncé « l’accord de cessez-le-feu de toutes les organisations palestiniennes ».
Cette rencontre constitue un premier pas, et la population palestinienne est notamment en droit d’en espérer la levée des centaines de barrages qui empoisonnent leur vie quotidienne, empêchant toute circulation normale des personnes, comme des marchandises, en particulier des produits de première nécessité, comme les médicaments. Ce pas en appelle évidemment d’autres, urgents, notamment le respect des droits humains les plus élémentaires, comme la libération de tous les prisonniers politiques, à commencer par les enfants.
Pour que l’espoir prenne corps, il faut désormais que la perspective politique soit clairement affirmée et reconnue : le droit international comme base d’une solution politique, et un calendrier précis pour y parvenir. Cela suppose l’évacuation de toutes les colonies, l’établissement de l’Etat palestinien dans les frontières sûres et reconnues de 1967 à côté d’Israël, Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale, une solution juste pour les réfugiés fondée sur le Droit international.
Nous ne pouvons que condamner, de ce point de vue, la poursuite de la construction des colonies en Cisjordanie occupée, la poursuite de la construction du mur dont l’illégalité a été reconnue par la Cour Internationale de Justice du 9 juillet dernier et par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 20 juillet, les propos d’Ehud Barak (Libération du 1er février) avouant que ce mur devrait permettre à Israël d’intégrer finalement de 60% à 80% des colons (soit une annexion des principaux blocs de colonie) les propos de Shimon Pérès annoncant qu’il ne saurait être question dans la période actuelle de fixer quelque perspective politique que ce soit, ou encore des déclarations gouvernementales israéliennes après Charm El-Cheikh selon lesquelles les Palestiniens devraient renoncer au Droit international (rebaptisé « leurs rêves ») qu’il s’agisse des réfugiés, de Jérusalem ou des frontières de l’Etat alors que les Palestiniens ont déjà fait, depuis 1988, la concession majeure de céder 78% de la Palestine historique à Israël.
Abou Mazen a fait un pari : celui de parvenir à une solution politique fondée sur le Droit, qu’il revendique pleinement, sans s’appuyer sur la lutte armée.
Un tel pari suppose le soutien déterminé de la communauté internationale. La France, l’Europe, ne peuvent d’un côté se réjouir officiellement du gel de la résistance armée contre l’occupation militaire sans, de l’autre, se mobiliser pleinement pour aider le Président palestinien à gagner ce pari, sans se cacher derrière un appel à une « intervention plus résolue » des Etats-Unis ; d’autant que George W.Bush n’avait pas hésité, le 14 avril 2004, à dénoncer unilatéralement le Droit international et les engagements du quartette pour réfuter les frontières de 1967 au nom des faits accomplis de la colonisation.
La France, l’Europe, doivent faire pression dans l’immédiat pour la libération des prisonniers politiques palestiniens, pour l’arrêt de la construction du mur, la démolition des immenses tronçons existants et la restitution aux Palestiniens des terres et ressources d’eau confisquées à la faveur de ce mur, et par la réaffirmation claire de l’objectif politique d’une négociation, accompagnée d’un calendrier pour y parvenir.
La paix n’est pas encore sur les rails, l’AFPS appelle la population à la vigilance, à rester mobilisée, à poursuivre les actions envers les autorités, les institutions nationales, européennes, internationales pour que « Charm el-Cheikh 2005 » ne connaisse pas l’impasse de « Charm el-Cheikh 1999 ».