Le Centre Al Mezan pour les Droits de l’Homme est extrêmement inquiet à la lecture des rapports sur une recrudescence en cours des cas de COVID-19 parmi des les détenus palestiniens incarcérés par les Israéliens. Al Mezan rapporte que 85 Palestiniens dans la Prison de Gilboa (Carrefour Hashita [1] sont positifs aux tests. Malgré de nombreuses demandes envoyées par Al Mezan au Service des Prisons Israélien (SPI) pour atténuer et empêcher la pandémie du virus dans ses prisons, aucune mesure n’a été prise pour s’assurer que les besoins sanitaires et hygiéniques des détenus palestiniens sont satisfaits. Al Mezan est profondément inquiet quant aux conditions désastreuses de détention qui font des prisons israéliennes un dangereux terrain de transmission du virus, en raison notamment du surpeuplement des cellules.
Après le suivi par Al Mezan, il a été rapporté que, le 2 novembre 2020, le SPI a détecté 11 nouveaux cas de COVID-19, incitant les autorités à faire subir un test aux détenus qui ont été en contact avec les prisonniers infectés. Après avoir détecté 54 nouveaux cas, le SPI a fermé la prison de Gilboa. Le nombre total de cas confirmés à Gilboa s’élevait à 85 jeudi matin.
Plusieurs organisations de défense des droits humains, dont Al Mezan, avaient prévenu de ces graves répercussions des conditions d’emprisonnement, en particulier après que le SPI a publié un communiqué concernant le COVID-19 qui dépeignait un manque de mesures de protection. Dans une lettre envoyée au SPI le 10 mars 2020, Al Mezan sollicitait des renseignements et demandait la mise en oeuvre de mesures préventives appropriées pour répondre au surpeuplement, améliorer les conditions d’hygiène, et contrôler l’interaction entre le personnel pénitentiaire et les prisonniers. Le 24 mars, le SPI a répondu par une note évasive qui n’a pas permis de résoudre les problèmes en question.
La recrudescence des cas de COVID-19 parmi les détenus palestiniens incarcérés par les Israéliens met en lumière les inquiétudes croissantes relatives au respect des directives de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Le Bureau du Haut Commissaire aux Droits de l’Homme et de nombreux experts des droits humains des Nations Unies ont aussi soulevé la question du besoin de protéger les droits des personnes privées de liberté et d’empêcher la propagation du COVID-19 dans les établissements de détention.
A cet égard, Al Mezan souligne que Israël, la Puissance Occupante, est lié par le droit international des droits humains et obligé de respecter le droit des détenus palestiniens au plus haut niveau possible de santé physique et mentale (Article 12 de la Convention sur les Droits Economiques, Sociaux et Culturels) tandis que, dans le cadre du droit humanitaire international, les personnes privées de liberté doivent bénéficier d’une attention médicale adéquate.
Al Mezan renouvelle également son appel à la communauté internationale à agir pour s’assurer du respect par Israël des droits des prisonniers et des détenus palestiniens en mettant fin à toutes les politiques discriminatoires, en suivant les recommandations et les directives de l’OMS, et en adoptant des mesures protectrices contre l’apparition dans ses prisons d’épidémies virales.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT prisonniers de l’AFPS