Le général Emile Boustani, commandant en chef de l’armée libanaise, et
Yasser Arafat signent, le 3 novembre 1969, au Caire un accord qui consacre le
droit de la résistance palestinienne d’exister au Liban. Avec cet accord, qui autorise les fedayine à demeurer dans l’Arkoub, la frontière du Sud-Liban devient un
front. Les Israéliens, lors de l’invasion du Liban en 1982, affirmeront que l’accord
du Caire a violé, et rendu caduc, l’accord d’armistice libano-israélien de 1949.
« Le lundi 3 novembre 1969 s’est déroulée au Caire une réunion
entre une délégation libanaise dirigée par le général Emile
Boustani, commandant en chef et une délégation de l’Organisation
de libération de la Palestine dirigée par M. Yasser Arafat.
Assistaient également à la réunion, du côté égyptien, M.
Mahmoud Riad, ministre des affaires étrangères, et le général
Mohamed Faouzi, ministre de la guerre.
En raison de leurs liens fraternels et de leur destinée commune,
le Liban et la Révolution palestinienne ne peuvent avoir que des
relations empreintes de confiance, de franchise et de coopération
positive, et cela dans l’intérêt des deux parties et dans le respect de
la souveraineté et de la sécurité du Liban.
Les deux délégations ont conclu un accord sur les principes et
les mesures suivants :
La présence palestinienne
Il a été décidé de réorganiser la présence palestinienne au Liban
sur les bases suivantes :
1 - Droits de travail, de résidence et de déplacement reconnus
aux Palestiniens résidant actuellement au Liban.
2 - Création de commissions palestiniennes locales à l’intérieur
des camps afin d’assurer la sauvegarde de leurs habitants, en
coopération avec les autorités locales et dans le respect de la souveraineté libanaise.
3 - Création d’unités du Commandement de la lutte armée
palestinienne (CLAP) dans les camps. Ces unités, en collaboration
avec les commissions locales, maintiendront de bonnes relations
avec les autorités. Les unités du CLAP veilleront à la répartition et à
la limitation des armes dans les camps, dans le respect de la sécurité du Liban et de l’intérêt de la Révolution palestinienne.
4 - Les Palestiniens résidant au Liban seront autorisés à participer à la Révolution palestinienne, dans le respect des principes
de la souveraineté et de la sécurité du Liban.
L’action des fedayine
Il a été décidé de faciliter l’action de la Résistance par les
moyens suivants :
1 - Facilités de passage pour les fedayine, et délimitation des points de passage et de reconnaissance dans les régions frontalières.
2 - Assurer la sécurité de la route jusqu’à la région de l’Arkoub.
3 - Le CLAP se chargera de la discipline des membres des organisations qui en font partie, et s’assurera qu’ils ne s’ingèrent pas
dans les affaires libanaises.
4 - Création d’unités mixtes de police constituées par le CLAP et l’armée libanaise.
5 - Arrêt des campagnes de propagande de la part des deux parties.
6 - Recensement, par le Commandement de la lutte armée palestinienne, des membres du CLAP se trouvant au Liban.
7 - Désignation de représentants du CLAP auprès de l’étatmajor libanais afin d’aider au règlement des problèmes urgents.
8 - Étude de l’emplacement des points de rassemblement appropriés, le long de la frontière, avec l’accord de l’état-major libanais.
9 - Réglementation des entrées, des sorties et des déplacements des éléments du CLAP.
10 - Suppression de la base de Jeyroun (nord-Liban).
11 - L’armée libanaise offrira des facilités aux centres hospitaliers ainsi qu’aux positions de repli et de ravitaillement des fedayine.
12 - Libération des prisonniers et remise des armes saisies.
13 - Il est entendu que les autorités civiles et militaires libanaises continuent à exercer pleinement leur autorité et leurs responsabilités
sur l’ensemble du territoire libanais et en toutes circonstances.
14 - Les deux délégations réaffirment que la lutte armée du peuple palestinien répond aussi bien à l’intérêt du Liban qu’à celui
de la Révolution palestinienne et de tous les Arabes.
15 - Le texte de cet accord est ultra-secret et ne sera accessible qu’aux autorités intéressées.
Signé : Emile Boustani, chef de la délégation libanaise, Yasser Arafat, le 3 novembre 1969 »
(Le texte de cet accord n’a jamais été rendu officiel.