Essayant de gagner l’appui du plus grand nombre de pays, le président palestinien Mahmoud Abbass est arrivé dimanche dernier en Bosnie, pays membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations-Unies, où il plaidera auprès des dirigeants locaux en faveur de la future demande palestinienne d’adhésion à part entière à l’Onu. « Il s’agit d’une visite de travail pour parler de la situation politique au Proche-Orient et qui s’inscrit dans les efforts des dirigeants palestiniens visant à obtenir le statut de membre à part entière d’un Etat de Palestine au sein de l’Onu », a déclaré l’ambassadeur palestinien en Bosnie, Khaled Al-Atrach.
Campant toujours sur la décision des autorités palestiniennes, le président palestinien Mahmoud Abbass va présenter la demande d’adhésion à part entière d’un Etat de Palestine aux Nations-Unies le 20 septembre, malgré l’hostilité d’Israël et des Etats-Unis. Une demande soutenue non seulement par le monde arabe, mais aussi par la communauté islamique.
Tentant de renforcer leurs efforts pour soutenir la question palestinienne, une délégation de ministres arabes des Affaires étrangères va aussi rencontrer les membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu et les exhorter à voter pour un Etat de Palestine à l’Onu, a annoncé le négociateur palestinien Saëb Erakat. « A la fin de la semaine prochaine, cette délégation, dirigée par le chef de la diplomatie du Qatar, va rencontrer les cinq membres permanents (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Chine et Russie) », explique-t-il.
En coopération avec la délégation arabe, le Fatah du président Abbass doit se réunir ce jeudi pendant deux jours pour mettre au point le calendrier de la demande d’adhésion. Profitant de la solidarité des Arabes, le président de l’Autorité palestinienne remettra directement la requête au secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-moon. A son tour, ce dernier transmettra la demande au président du Conseil de sécurité. Selon le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad Al-Malki, Abbass veut présenter la demande en septembre, car le Liban assurera alors la présidence du Conseil de sécurité. Une demande d’adhésion à l’Onu doit être validée par le Conseil. « Cela va nous aider, car le rôle du président du Conseil de sécurité, qui a des prérogatives, est crucial », a expliqué le chef de la diplomatie palestinienne. Les Palestiniens avaient déjà fait part de leur intention, excluant une reprise des négociations avec Israël avant l’Assemblée générale annuelle des Nations-Unies.
Face à l’impasse du processus de paix, l’Autorité palestinienne a lancé une initiative pour tenter de faire reconnaître un Etat de Palestine lors de l’Assemblée générale de l’Onu à New York. Mais les Etats-Unis s’y opposent, menaçant d’utiliser leur veto au Conseil de sécurité. En effet, ils insistent sur la nécessité de négociations directes pour mettre fin au conflit au Proche-Orient et permettre l’instauration de cet Etat palestinien. Partageant le même avis, Paris et Londres ont également suggéré un retour aux négociations plutôt qu’une demande à l’Onu, sans toutefois mentionner un veto. A cet égard, le négociateur palestinien a appelé les Etats-Unis à reconsidérer leur position hostile à l’initiative palestinienne à l’Onu et a appelé le président américain Barack Obama à soutenir cette initiative car elle est le seul moyen de préserver une solution à deux Etats [1]. Pour contourner le veto américain, les Palestiniens pourraient se tourner vers l’Assemblée générale afin « d’élever (leur) statut à l’Onu d’observateur à Etat non membre », explique le chef de la diplomatie palestinien. Cette formule leur permettrait de devenir membre à part entière de toutes les agences de l’Onu, comme l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), l’Unesco et l’Unicef où les Palestiniens ne siègent qu’en tant qu’observateurs. Selon Al-Malki, il a dit s’attendre à ce que « plus de 130 Etats reconnaissent l’Etat de Palestine » aux frontières de 1967. Les Palestiniens veulent obtenir une adhésion à part entière à l’Onu et la reconnaissance de la Palestine sur les lignes du 4 juin 1967, avant la Guerre des Six jours, soit la totalité de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est.
En effet, les Palestiniens sont déterminés à aller à l’Onu faute de perspective réaliste de reprise des négociations de paix avec Israël, enlisées depuis près d’un an. Pour relancer la roue du processus de paix, Mahmoud Abbass avait rencontré secrètement en vain à quatre reprises le président israélien Shimon Pérès à Amman et à Londres, précisant que le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, avait fait échouer ces efforts. « Shimon Pérès m’a assuré que les négociations que nous menions entre nous pourraient aboutir à des résultats susceptibles d’être adoptés par le gouvernement de Netanyahu », a ajouté M. Abbass. Pour reprendre les discussions, les responsables palestiniens exigent un nouveau moratoire sur la colonisation, y compris à Jérusalem-Est, auquel Israël s’est refusé malgré d’intenses pressions internationales.
Insistant toujours sur sa position, le gouvernement israélien a annoncé cette semaine son intention de continuer à construire massivement dans les quartiers de colonisation à Jérusalem-Est. Cette annonce a été critiquée par les Palestiniens et la communauté occidentale a jugé que l’annonce israélienne constitue un obstacle majeur à la reprise de négociations de paix avec les Palestiniens .