C’est avec une grande tristesse et beaucoup de colère que je vous écris ces quelques mots. Je viens d’apprendre ce matin par un message de son mari, Zouhair, le décès de Naïma Zidan, notre amie du village de Deir Istiya.
Cette amitié remontait aux chantiers de solidarité que nous organisions dans son village, de concert avec Evry-Palestine en 1996, puis 1998. Tous ceux d’entre vous qui, depuis lors, ont eu l’occasion de participer aux cueillettes d’olives que notre groupe local de Rennes organisait dans ce village auront sans doute gardé le souvenir de sa générosité, de sa vitalité, de son insoumission à l’occupation. Il y a encore un an, malgré les douleurs terribles occasionnées par le cancer qui l’affectait, elle continuait tant bien que mal à coordonner les cueillettes... Elle insistait pour préparer les repas pour les volontaires.
Membre du Front Populaire, militante syndicale, travailleuse sociale, féministe, conseillère municipale de la liste d’union des partis de la gauche (FPLP-PPP), elle était toujours présente sur le terrain des luttes de résistance populaire, toujours debout contre les injustices d’où qu’elle viennent. Lors des tentatives d’annexion de la vallée de Wadi Qana par l’occupant, elle avait passé des jours et des nuits dans les tentes de surveillance montées dans la vallée par les villageois.
Comme tous les Palestiniens souffrant de graves maladies nécessitant des soins à Jérusalem, elle a été victime des entraves à la circulation, des attentes sans fin aux check-points, de l’arbitraire qui faisait que, convoquée pour des séances de soins de trois jours dans le service de cancérologie de l’hôpital Maqased, elle n’obtenait au mieux qu’un droit de passage d’une journée. Parfois, les autorisations n’étant pas données, les soins devaient attendre... La loi du commandement militaire tue aussi sûrement que les balles, bien que plus lentement.
Nos pensées vont ce soir à son mari, Zouhair, à ses deux enfants Maisara et Lina, à ses frères et soeurs.
Notre groupe local va sans doute prendre l’initiative ces prochains jours d’une collecte de solidarité afin de permettre à ses enfants de continuer leur scolarité : le cancer a aussi épuisé les maigres ressources dont disposait la famille.