Surfant sur l’espoir d’un grand nombre de nos concitoyens en un monde moins injuste à la sortie de la crise sanitaire, des dizaines de députés, sénateurs, d’anciens ministres, des intellectuels signent une tribune publiée le 11 mai dans Le Point, pour prôner un dialogue avec Israël, en conséquence ils condamnent le boycott - qui selon eux serait tourné vers la société civile israélienne -, et affichent leur soutien à l’initiative d’un « Conseil arabe pour l’intégration régionale ».
Selon eux, il s’agirait de « tirer les leçons des échecs passés en prenant le parti du dialogue avec la société israélienne plutôt que celui de la censure, de la coexistence judéo-arabe plutôt que celui du rejet et de l’exclusion ».
Mais quel dialogue possible entre les peuples sur la base de l’occupation, de la dépossession, du vol de territoires, de la discrimination, de déplacements forcés et de la négation récurrente de l’autre ?
La première des conditions d’un dialogue est de reconnaître cette réalité et non de la nier en l’ignorant, comme le font les signataires.
Quel crédit peut-on accorder à la sincérité de leur projet de protection et de dialogue, alors que la tribune, dans un véritable tour de force, arrive à ne pas nommer une seule fois les Palestiniens !? Bel exemple de la négation de l’autre.
Les signataires se disent inquiets de l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien sur le territoire français. Mais qui, sinon les inconditionnels d’Israël, porte dans les faits une telle instrumentalisation en faisant systématiquement l’amalgame entre l’antisémitisme et la dénonciation de l’État d’Israël et de sa politique ?
Avant de stigmatiser « le scepticisme et la défiance d’une société israélienne en butte à l’hostilité et à l’ostracisme de son environnement géopolitique proche », rappelons aux signataires de la tribune, le comportement d’Israël depuis des décennies : occupation, colonisation, annexion des Territoires palestiniens, politique officielle d’apartheid à l’encontre des Palestiniens, - qu’ils soient citoyens d’Israël, qu’ils vivent dans le territoire palestinien occupé, qu’ils soient réfugiés ou en exil -, répression militaire et policière généralisée dans le territoire occupé, nettoyage ethnique organisé, mépris absolu et violation de toute disposition du droit international par l’« État Nation du peuple juif », blocus total depuis 12 ans de la bande de Gaza où 2 millions de personnes survivent difficilement…
Tout cela ne compterait donc pour rien dans « l’hostilité » et « l’ostracisme » auxquels se heurterait la société israélienne ?
Pour rien non plus les volontés d’annexion à très court terme de la vallée du Jourdain et des colonies israéliennes par un gouvernement israélien extrémiste ?
Et ces signataires - ironie ou mépris -, en appellent à la protection internationale des partisans arabes du dialogue avec les Israéliens et à une protection diplomatique particulière demandée à la France !
Cette protection de la Communauté internationale n’est-elle pas plus urgente pour le peuple palestinien menacé à court terme d’un véritable sociocide ?
Les signataires mettent en avant les valeurs de la solidarité, de la justice, de la paix. Valeurs que nous partageons pleinement. Mais nous leur rappelons que la politique du gouvernement Nétanyahou-Gantz - et celle de Trump qui leur vient en appui inconditionnel - sont à l’opposé de ces valeurs.
Fourvoyés, en bien mauvaise compagnie, les signataires de cette tribune pour le « dialogue israélo-arabe » et la fin de toute forme de boycott se prêtent surtout à ce qui n’est qu’une nouvelle déclinaison d’une propagande orchestrée par Israël et dont le but est de faire taire toute opposition à sa politique, ce que nous dénonçons clairement.
Association France Palestine Solidarité