Par une ordonnance rendue le 16 mars peu après 19h, le Tribunal Administratif de Nancy a suspendu l’arrêté d’interdiction pris la veille par le préfet de Meurthe et Moselle, qui visait une conférence-débat organisée par l’Association France Palestine Solidarité Lorraine Sud, conjointement avec d’autres partenaires et notre ami avocat franco-palestinien Salah Hamouri.
Des référés liberté avaient été portés par l’AFPS Lorraine Sud et Amnesty International, par la Ligue des droits de l’Homme et par Salah Hamouri ; le Syndicat des Avocats de France était intervenu en soutien. Le tribunal leur a donné raison et l’État a été condamné à payer 1000 euros à chacun des requérants. Le tribunal administratif a précisé que lors de ses conférences Salah Hamouri n’a tenu aucun propos susceptible d’être pénalement sanctionné ou de susciter des menaces à l’ordre public. Il a reconnu l’atteinte grave et manifestement injustifiée à la liberté d’expression et à la liberté de réunion. Salah Hamouri a pu s’exprimer en public le soir-même à Nancy !
Pour justifier son arrêté d’interdiction, le préfet avait pris le prétexte d’une contre-manifestation appelée par des organisations juives qui se font le relais de la politique de l’État d’Israël en France, et qui menaçaient de perturber la rencontre. Sa décision était d’autant plus incompréhensible et inacceptable que depuis des années, l’AFPS Lorraine-sud a organisé des dizaines de réunions y compris avec Salah Hamouri, de rassemblements, des semaines entières de la solidarité avec le peuple palestinien sans qu’aucun incident n’ait été à déplorer.
Cette fois, il semble bien qu’il y ait eu une volonté du ministère de l’Intérieur d’empêcher Salah Hamouri de s’exprimer en public. Au nom de quoi ? Il est clair que le ministère de l’Intérieur prête une oreille complaisante aux exigences de l’ambassade d’Israël et du CRIF, aux agitations et pressions d’associations pro-israéliennes locales, qui ne supportent pas l’idée que les années de harcèlement judiciaire, les peines de prison à répétition, puis son expulsion en France par Israël en décembre dernier, n’aient pas réussi à faire taire ce militant infatigable de la cause palestinienne.
De Versailles, à Poitiers en passant par Lyon et maintenant Nancy, les pressions pour faire taire le mouvement de solidarité avec la Palestine se sont multipliées, orchestrées au plus haut niveau de l’État par le ministre de l’Intérieur jusque dans les débats de l’Assemblée nationale sans qu’il ne soit contredit ni par la ministre des Affaires étrangères ni par le président de la République.
C’est ce climat délétère qui a conduit 19 organisations à s’adresser directement à la Première ministre le 6 mars pour lui demander « de protéger la liberté d’expression et de réunion, de clarifier la position du gouvernement sur Salah Hamouri, et de renoncer à tout amalgame entre la critique de l’État d’Israël et la lutte légitime contre l’antisémitisme et contre toute forme de racisme ». Une lettre restée sans réponse, si ce n’est celle d’une nouvelle atteinte à la liberté de s’exprimer et de se réunir en France sur la question palestinienne !
L’AFPS réaffirme son soutien total à Salah Hamouri et exige des autorités de notre pays qu’elles fassent respecter son droit de parole comme pour n’importe quel citoyen français et que cesse ce harcèlement qui n’a que trop duré.
Les ingérences directes et indirectes de l’État d’Israël dans le débat politique en France ne sont pas acceptables, et nous revendiquons fièrement notre liberté de parole, de réunion et d’action en solidarité avec le peuple palestinien. Avec le Collectif national pour une Paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, l’AFPS appelle à un rassemblement pour la défense des libertés d’expression et d’action en solidarité avec la Palestine : ce vendredi 17 mars à 18h30 place Saint-Michel à Paris.
Le Bureau national de l’AFPS
Le 17 mars 2023