Les forces d’occupation viennent de quitter Khan Younis où elles ont infligé pendant 3 jours la terreur et la désolation, faisant 13 morts et des dizaines de blessés. Les forces israéliennes ont en outre détruit 25 maisons et un marché dans le camp lors de cette opération, selon des responsables de l’Onu sur place.
Mais le gouvernement du général Sharon a aussitôt ordonné à ses troupes d’attaquer Beit Hanoun, Beit Lahyia et Jabalyia dans le nord de la Bande de Gaza.
Sous prétexte de faire cesser des tirs contre les forces israéliennes d’occupation et les colonies implantées illégalement à Gaza, ou des villes israéliennes près de la « frontière », des chars israéliens (une cinquantaine selon des témoins) ont donc pénétré aujourd’hui 2 janvier 2005, dans la ville palestinienne de Beït Hanoun.
En octobre, les forces israéliennes avaient déjà mené pendant 16 jours dans le nord de la Bande de Gaza une opération qui avait fait plus de 110 morts palestiniens et qui était, elle aussi, officiellement destinée à faire cesser les tirs sur Israël.
Elles avaient précédemment attaqué Rafah à de multiples reprises notamment en mai 2004. D’après l’Onu, environ 16.000 Palestiniens de Rafah ont perdu leur logement en raison de la destruction des maisons sous lesquelles l’armée israélienne affirme que se trouvent des tunnels. Des centaines de Palestiniens, résistants ou civils, y ont aussi été tués.
Le général Mofaz, ministre de la défense israélien, n’a pas précisé combien de temps durerait l’opération à Beït Hanoun. Mais l’état-major a indiqué qu’il fallait s’attendre à une opération longue. Israël a pourtant promis de retirer ses forces des villes palestiniennes 24 heures au moins avant le début du scrutin présidentiel du 9 janvier..
Mahmoud Abbas (Abu Mazen, en campagne électorale dans la Bande de Gaza, se trouvait alors à Deir al-Balah, où il a déclaré : "Les positions et les enseignements de Yasser Arafat sont un héritage auquel nous ne renoncerons pas".
Il a renouvelé son appel à la fin de l’occupation, au démantèlement des colonies et du Mur, à l’instauration d’un état palestinien indépendant dont la capitale sera Jérusalem.
Il a aussi réitéré son appel à arrêter la lutte armée, et déploré les tirs de roquettes Qassam, qu’il pense « contre-productifs » car ils entraînent des représailles totalement disproportionnées mais il a surtout accusé Israël de vouloir saper le scrutin en lançant des raids à répétition dans la Bande de Gaza. "Nous regrettons beaucoup l’escalade israélienne"], a affirmé Mahmoud Abbas qui a ajouté :"Cette escalade a pour objectif de dresser un obstacle à l’élection palestinienne. La communauté internationale doit être très attentive à ce qui se passe — le processus démocratique est en danger".
Dans un discours à Rafah la veille il a promis, s’il vient à succéder à Yasser Arafat, de ne pas renoncer à l’objectif énoncé par le défunt président d’un retrait israélien total des Territoires Occupés.
M. Abbas a aussi jugé "inacceptable" le désengagement unilatéral israélien de la Bande de Gaza, prévu sans coordination avec les Palestiniens. Il demande la reprise des pourparlers de paix afin de trouver une solution globale au conflit israélo-palestinien incluant la fin de l’occupation par Israël de la Cisjordanie, la Bande de Gaza et Jérusalem-Est, ainsi qu’une résolution équitable pour les centaines de milliers de réfugiés palestiniens et la libération des quelque 7500 prisonniers politiques palestiniens, dont Marwan Barghouti.
S’opposant à la litanie israélienne de l’absence de partenaire palestinien pour des négociations de paix, il a affirmé : "Il y a un partenaire palestinien et il y aura toujours un partenaire palestinien qui exercera son droit de négocier et parler au nom du peuple palestinien ».
Le Premier Ministre palestinien Ahmed Qoreï a, quant à lui, conditionné le retour au calme à la reprise de négociations et a déclaré samedi que les Palestiniens n’abandonneraient la violence que si un processus de paix crédible menant à la création d’un Etat palestinien viable était engagé avec Israël dont dépendent essentiellement les efforts pour parvenir à un cessez-le-feu au Proche-Orient.
"S’il y a un effort important de la communauté internationale pour permettre aux Palestiniens d’obtenir leur indépendance, la non-violence est une option qui doit être étudiée. S’il y a une véritable chance pour la paix, nous ne la gâcherons pas" a affirmé Ahmed Qorei, ajoutant : "Nous poursuivons les négociations avec le Hamas et d’autres groupes pour rétablir le calme, mais Israël fait échouer tous nos efforts en continuant les raids et les assassinats dans les Territoires Palestiniens".
Quant à Mustafa Barghouti, candidat du Mouvement National Palestinien, qui prône la résistance populaire civique, il revendique ce droit à la résistance du peuple palestinien sous occupation. En même temps, du fond de sa cellule de 3 m2 en Israël, Marwan barghouti affirme que sa candidature avortée avait pour but de rappeller la nécessité de poursuivre la résistance, de garder l’esprit de l’Intifada.
Le candidat Abbas est, en paroles au moins, beaucoup plus radical que le dirigeant considéré comme un modéré depuis de longues années, et adoubé par Israël et les Etats-Unis au printemps dernier comme seul « fréquentable ». Il a marqué le 40ième anniversaire de la création du Fatah à Gaza en saluant l’action de combattant de Yasser Arafat, dont il a déclaré qu’il était du devoir des Palestiniens d’appliquer les principes. Comme à Jénine où il a été protégé par les hommes de Zubeidi, le responsable des Brigades des Martyrs d’al-Aqsa, et l’homme le plus recherché par Israël, il a affirmé : « Nous disons à nos frères combattants, les héros recherchés par Israël, que nous n’aurons de cesse qu’ils puissent jouir de la sécurité, de la paix et de la dignité, et vivre libres dans leur pays. »
Alors qu’il trouve les discours d’Abu Mazen « très, très déplaisants », c’est le gouvernement israélien qui poursuit ses attaques meurtrières contre la population civile (palestinienne), qui détruit les infrastructures civiles qui tiennent encore debout (à Gaza), qui poursuit l’extension des colonies d’implantation et la construction du Mur, d’annexion (en Palestine. C’est lui qui viole quotidiennement le droit international et humanitaire. C’est lui que la communauté internationale doit contraindre à se conformer au droit sous peine de se mettre au ban des nations démocratiques.