Gaza : sur fond de bombardements et de destructions, les négociations continuent en coulisse. Vont-elles éviter de nouveaux massacres, une nouvelle catastrophe ? A la veille du premier anniversaire des grandes Marches du Retour, le pire reste toujours possible. Alors même que les meurtres et mutilations par l’armée israélienne de manifestants pacifiques, dénoncés par la Commission d’enquête indépendante de l’ONU, se sont poursuivis toutes les semaines depuis un an, des manifestations de très grande ampleur sont prévues le samedi 30 mars.
Soutien important de l’opinion mondiale
On oublie parfois que Gaza est aussi un lieu où les gens vivent, étudient, inventent, soignent, tentent de produire, montent des spectacles et des expositions artistiques, s’expriment par la vidéo et le graphisme, sont avec les autres habitants du monde sur les réseaux sociaux. C’est cette société civile, inventive et éduquée, qui exige, par les Marches du Retour, la levée du blocus illégal et inhumain qui l’étouffe depuis 12 ans, et la capacité d’exercer son droit au retour reconnu par l’ONU. Et au-delà : elle exprime son droit de vivre, tout simplement.
Car les Marches du Retour ne sont pas l’invention de tel ou tel parti qui les manœuvrerait à leur guise. Elles sont nées et continuent de se dérouler sous l’impulsion d’acteurs courageux de la société civile, qui sont partis d’un constat simple : la résistance armée ne peut aboutir qu’à plus de souffrances, et les négociations sans rapport de force qu’à plus de colonisation, d’annexion, de blocus. Reste le choix d’une résistance populaire, massive, non violente. C’est cette résistance qui s’exprime depuis un an par les Marches du retour.
Savons-nous que le Comité qui les coordonne compte de nombreux représentants d’organisations de la société civile, des jeunes, des comités de femmes, et que les partis politiques n’ont chacun qu’un seul siège en son sein ? Savons-nous que ces marches comportent aussi de nombreuses manifestations culturelles, des spectacles, des séances de lecture ? Cette stratégie de non-violence, face à la barbarie de l’armée israélienne, a payé depuis un an un prix terrible : plus de 250 morts, 30 000 blessés dont 6 000 par balles particulièrement mutilantes. Elle ne peut réussir qu’avec un soutien important de l’opinion mondiale et des Etats.
Gaza a toujours représenté la vie
Des manifestations vont avoir lieu, partout dans le monde, à l’occasion de la journée du 30 mars : elles doivent être massives. Nous avons demandé aux Etats européens, et notamment à la France, de protéger la population palestinienne de Gaza. Nous espérons que les interventions seront à la hauteur de l’enjeu, et demandons qu’elles s’expriment publiquement. Car derrière la vie qui s’exprime, le désespoir n’est pas loin. Les dégâts du blocus sur la société palestinienne sont immenses.
La production industrielle, florissante jusqu’aux années 90, a quasiment disparu. Le chômage atteint 70 % chez les jeunes, et n’épargne pas les récents diplômés, qui voient leur avenir anéanti par le blocus. Les suicides, malgré les interdits religieux, se multiplient. C’est un sociocide, un processus pour tuer toute une société, qui se déroule sous nos yeux. Jusqu’où peut-on enfermer et détruire une population de 2 millions d’habitants ? C’est une expérimentation barbare et inhumaine qui se déroule sous nos yeux. Et comme elle dépend aussi de la réaction de l’opinion mondiale, nous en sommes tous, que nous le voulions ou non, parties prenantes. Dès lors, notre réaction doit être à la hauteur de ce défi.
Gaza a toujours représenté la vie, l’initiative, le courage. Ne laissons pas sa population sombrer dans le désespoir. La levée du blocus de Gaza n’est pas une option, c’est une obligation. Ce ne doit pas être l’aboutissement de tractations politiques, mais le point de départ de la renaissance à la vie de la population palestinienne de Gaza. Et au-delà de l’exercice effectif des droits du peuple palestinien dans son ensemble.