Le 14 mai 1948 à minuit, le mandat britannique sur la Palestine s’achève officiellement. L’indépendance de l’État d’Israël est proclamée par David Ben Gourion et débute alors la « Première Guerre israélo-arabe ». Sept pays arabes (L’Égypte, la Jordanie, la Syrie, l’Iraq, le Liban, l’Arabie Saoudite et le Yémen du Nord) et l’armée de libération arabe ont attaqué le nouvel État. La guerre durera plus d’une année et une fois terminée, le narratif officiel Israélien explique la fuite de centaines de milliers de Palestiniens hors des frontières comme une conséquence des affrontements. Les Israéliens appellent ce chapitre de leur histoire la guerre d’indépendance. Les Palestiniens la dénomment "Al Nakba" (la Catastrophe).
Le « massacre de TANTURA n’est qu’un des 70 massacres perpétrés pendant la guerre de 1947-1949 – dont seuls 3 visaient des communautés juives. C’est dans la nuit du 22 au 23 mai 1948, huit jours après la déclaration d’indépendance d’Israël, que la brigade Alexandroni du Palmach s’empare de ce village portuaire prospère de quelque 1 600 habitants arabes, au sud de Haïfa. Après de brefs combats, les soldats rassemblent les habitants palestiniens restés sur place. Ils en assassinent entre 200 et 250 et expulsent les autres vers le village voisin de Fureidis, dont des ouvriers devront venir enterrer les cadavres à côté de la plage, sous l’actuel parking du kibboutz construit sur la bourgade rasée.
Survivant.es du massacre, déplacé.es de force par les milices israéliennes.
Dénoncée par les Palestiniens, la tuerie « disparaît » littéralement jusqu’à ce que les « nouveaux historiens » israéliens se penchent sur les archives de la guerre, qui, conformément à la loi, commence à s’ouvrir trente ans après.
À la fin des années 1990, Teddy Katz, doctorant en Histoire de l’université de Haïfa, a mené des recherches sur un massacre à grande échelle commis par l’armée israélienne dans le village de Tantura dans la nuit du 22 au 23 mai 1948. La qualité de son travail fut reconnue par les autorités académiques et il obtient l’une des meilleures notes possible 97/100. La diffusion quelques mois après de ce mémoire dans l’édition hebdomadaire du journal israélien Maariv provoqua un tollé. Il fut attaqué en diffamation par les membres de la brigade puis sous la pression des médias et de son entourage, condamné à se dédire. Sa carrière universitaire en fut définitivement ruinée. Mais les preuves subsistent. Il reste plus de cent quarante heures de témoignages audio enregistrés par les acteurs de l’époque.
Images : Palestineremembered.com