L’année qui vient de s’écouler a été marquée par l’horreur du génocide en cours à Gaza, un génocide filmé en direct par les victimes elles-mêmes, subi après 17 ans d’un blocus inhumain et illégal d’Israël.
Un génocide dont certains, au plus haut niveau de l’État nient l’existence. Un génocide dont pourtant la Cour internationale de justice (CIJ) a à plusieurs reprises exigé la prévention sans qu’aucun des États qui en avait le pouvoir ne fasse rien pour y mettre fin.
Dans la suite de nombreux rapports dont celui de Francesca Albanese « Anatomie d’un génocide », Amnesty International a publié le sien qui ne laisse aucun doute : Israël commet un génocide à Gaza.
Parallèlement et bien avant le 7 octobre, les Palestiniens de Cisjordanie ont dû faire face à une intensification du nettoyage ethnique et du vol des terres accompagnée d’une violence exacerbée des colons. Rappelons que tout n’a pas commencé le 7 octobre et que l’expulsion des Palestiniens et la confiscation de leurs terres est une constante depuis la création de l’État d’Israël.
Si on connaît relativement bien les terribles bilans à Gaza où les 45 000 morts recensés ont été atteints, la situation en Cisjordanie est passée sous silence alors que son annexion est l’étape d’après pour Israël qui s’y prépare avec l’arrivée de Trump au pouvoir.
Pas moins de 41 communautés bédouines ont été totalement ou partiellement effacées de la cartes, chassées par la terreur et le harcèlement. Sans compter la répression : 12 000 personnes ont été kidnappées par l’armée d’occupation et placées pour la plupart d’entre elles en détention administrative et détenues dans des conditions effroyables.
Situation identique à Jérusalem où les destructions de maisons dans les quartiers palestiniens ainsi que les arrestations arbitraires, les confiscations de biens, les provocations et agressions des colons rythment une vie qui n’en est plus une.
La vie empêchée : l’éducation, la santé, la culture, l’agriculture, l’économie au ralenti ou à l’arrêt. Ainsi va le quotidien des Palestiniens, l’effacement colonial d’un peuple comme le décrit Francesca Albanese dans son dernier rapport.
Effacement qui concerne également les Palestiniens en Israël même : là aussi les Bédouins sont chassés, leurs villages détruits et leurs terres confisquées.
Semaines après semaines Israël empile les lois liberticides contre les journalistes, les enseignants, les députés : toute personne exprimant de l’empathie envers les victimes du génocide à Gaza est considérée comme faisant l’apologie du terrorisme et exclue de la société.
Normalement face à de telles violations du droit, la communauté internationale dans son ensemble devrait faire front pour arrêter le bras des criminels.
C’est précisément le contraire qui se produit : les puissances occidentales réinventent le droit transformant l’obligation qu’a l’occupant d’assurer la protection de la population qu’il occupe en droit de se défendre, inventant comme Emmanuel Macron une prétendue immunité pour le génocidaire Netanyahou contre le mandat d’arrêt délivré par la Cour pénale internationale (CPI).
L’impunité d’Israël comme boussole, l’obligation des États de tout faire pour empêcher les crimes contre l’humanité et le crime de génocide passée pour pertes et profits. Et feu vert à Israël pour agresser l’ensemble de ses voisins : le Liban et maintenant la Syrie avec en ligne de mire colonisation et annexion.
Pourtant en cette année 2024, le droit a fait irruption à plusieurs reprises : la CPI a émis des mandats d’arrêt contre les criminels de guerre, la CIJ a demandé aux États d’empêcher le génocide et plus récemment elle a statué sur le caractère illégal de l’occupation du territoire palestinien (TPO). L’ONU a quant à elle décliné en terme d’obligations les conclusions de la CIJ : Israël doit quitter le TPO et démanteler les colonies d’ici septembre 2025, faute de quoi les États parties doivent prendre des sanctions.
Pour autant, nous ne nous faisons aucune illusion : Israël, soutenu par ses alliés, dont certains, comme la France ont voté la résolution exigeant la fin de l’occupation, n’a pas l’intention de se plier à cette résolution. Le respect du droit devra passer par la fin à l’impunité d’Israël avec notamment la campagne européenne pour la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël et l’application des résolutions de l’ONU demandant la fin de l’occupation, la reconnaissance de l’État de Palestine, et de la souveraineté permanente du peuple palestinien dans le TPO.
Nombreux sont les États qui se rangent du bon côté de l’histoire. C’est à leurs côtés, que nous nous mobiliserons pour imposer le droit afin que le génocide à Gaza ne marque pas la fin du droit international et de notre humanité. Avant tout il faudra obtenir le cessez-le-feu, l’arrêt du génocide et la protection du peuple palestinien.
Anne Tuaillon
Photo : Attaque de colons, Jit, Cisjordanie, 16 août 2024 © Activestills