L’année 2018 a marqué les 70 ans de la Nakba. Elle a été, pour les Palestiniens, une année terrible face au couple Trump-Netanyahou fonctionnant à plein régime. Les dégâts sont d’abord sur le terrain ; ils se comptent en centaines de morts et en milliers de blessés palestiniens, notamment à Gaza, en démolitions de maisons et en extensions des colonies, en arrestations, en exactions des colons, en nouvelles lois liberticides… sans compter le symbole détestable du déplacement de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem et la gravissime loi sur l’« État-nation ».
Mais là où la mobilisation populaire, les organisations palestiniennes et les institutions politiques palestiniennes ont agi dans le même sens, les succès sont au rendez-vous. Trump, malgré ses annonces, n’a pas pu sortir son « plan du siècle » en 2018 ; le lieu symbolique que constitue Khan Al-Ahmar a continué à tenir ; et l’impunité d’Israël est contestée par la plainte de la Palestine auprès de la Cour Pénale internationale.
L’année 2019 s’annonce, elle aussi, lourde de dangers, même si la position de Trump est, à bien des égards, affaiblie. Les élections législatives en Israël, programmées pour le 9 avril, n’annoncent rien de bon pour le peuple palestinien. La période électorale est, bien souvent, l’occasion de surenchères dont les Palestiniens sont les premières victimes.
Dans cette période, il est impératif que les forces politiques palestiniennes surmontent leurs divisions, et que soit reconstruite la « maison commune » que constitue l’OLP. Une direction palestinienne forte, unie, stratégique, est plus que jamais nécessaire.
C’est aussi le moment où des signaux clairs devraient être envoyés à Israël : le refus de la colonisation, le refus de tout fait accompli depuis juin 1967, la levée immédiate du blocus de Gaza, la nécessité pour les Israéliens de changer leur regard sur leur propre histoire. Cela doit se traduire par l’interdiction des produits des colonies comme l’Irlande s’apprête à le faire, le désinvestissement des entreprises, la reconnaissance de la Palestine sur l’ensemble des frontières d’avant 1967, une expression forte sur la question des réfugiés palestiniens…et des sanctions pour faire respecter le droit. C’est ce que nous attendons des autorités de notre pays.
En 2019, nous serons donc à l’offensive. Nous serons pleinement engagés dans nos campagnes, aux côtés de nos partenaires. Avec eux, nous pouvons gagner, comme nous l’avons fait pour le désengagement de Systra du tramway de Jérusalem. Nous serons sur le terrain, et nous serons également présents pour interpeller les élus, le gouvernement, le président de la République. Sur la campagne BDS, nous porterons un discours renouvelé, offensif tout en restant fidèle à nos valeurs et à nos orientations, après avoir pris le temps d’en parler avec nos partenaires.
Nous allons, une fois de plus, devoir aussi mener le combat contre les amalgames et pour la liberté d’expression. L’adoption, le 6 décembre, d’une résolution européenne dont un article invite les Etats membres à adopter la « définition IHRA » de l’antisémitisme, est un détournement honteux de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme qui est aussi la nôtre, avec pour seul objectif d’empêcher la contestation de la politique israélienne. Nous continuerons à démasquer cette manipulation, comme nous avons réussi à le faire en décembre 2018. Nous contribuerons à lever le couvercle de la peur et de l’intimidation que les inconditionnels de la politique israélienne veulent imposer au débat public en France. Nous serons à l’offensive ; forts de nos valeurs, sûrs du caractère essentiel de la défense des droits du peuple palestinien, nous oserons et nous saurons gagner.
Bertrand Heilbronn, 2 janvier 2019