Pour sa 11ème édition, le Festival Ciné-Palestine propose une programmation itinérante entre Paris, l’Île-de-France et Marseille.
Le festival débute à Marseille du 22 mai au 25 mai avec une série de projections et de rencontres. L’ouverture parisienne se tiendra le 29 mai au Cinéma Luminor Hôtel de Ville, suivi de projections du 30 mai au 1er juin dans ce lieu emblématique.
La programmation en Île-de-France se poursuivra avec des projections dans plusieurs cinémas partenaires. Le Cinéma Le Kosmos à Fontenay-sous-Bois, le Cinéma l’Écran à Saint-Denis, l’espace Paul Eluard à Stains, et le Cinéma Saint-André des Arts à Paris accueilleront le festival du 2 au 7 juin. Une projection en plein-air sera organisée à Villetaneuse le 1 juin en collaboration avec l’association socioculturelle L’Autre Champ. Le festival s’achèvera le 8 juin au Cinéma Le Luxy à Ivry-sur-Seine avec une journée complète de projections.
Focus "Permission de Narrer"
En 2025, se pose avec une particulière acuité la question de la responsabilité qu’accompagne le choix de films à montrer dans un contexte génocidaire permis et soutenu de façon décomplexée par les médias de masse et les gouvernements. Leur silence contraste avec la violence des images et des sons de bombardements incessants qui continuent de nous parvenir de Palestine. Comme l’analysait Edward Said dans Permission to Narrate (1984), ce silence est rendu possible par un discours hégémonique, construit au fil des décennies, qui légitime l’occupation sioniste. Quand à grande échelle se fabrique le consentement au nettoyage ethnique, même les images les plus frontales ne semblent plus faire réagir. Que peut alors le cinéma ?
Depuis les années 60, le cinéma palestinien s’est attaché à préserver la mémoire de la lutte des Palestinien·ne·s en dépit des efforts accrus de l’agresseur sioniste pour effacer toute trace de leur existence et de leur culture, afin d’imposer et de faire reconnaître son récit fondateur. Palestinian Identity de Kassem Hawal, naît justement des ruines du siège de Beyrouth en 1982, où des centaines de films furent détruits ou volés par l’armée israélienne. Il documente cette stratégie de l’effacement tout en démontrant la capacité de la culture palestinienne à renaître et refleurir sans cesse.
A Fidai Film de Kamal Aljafari se réapproprie ces images volées, indexées et commentées par le langage idéologique de l’occupant, pour raconter l’histoire d’un peuple et de sa résistance, actualisée dans les gestes plastiques, sonores et de montage du réalisateur. En reprenant, détournant, contournant les discours et images du pouvoir - jusqu’à leurs modes de production numériques, investis par Razan AlSalah dans A Stone’s Throw - les cinéastes palestinien·ne·s brisent un silence imposé et réaffirment leur droit à se narrer.
Comment narrer sa propre histoire quand la mémoire collective est fragmentée par les traumatismes ? Des images intimes, recréées, rêvées, permettent à Larissa Sansour dans Familiar Phantoms de renouer les fils de son passé comme de celui d’autres membres de sa famille, personnages secondaires que le récit sioniste’un certain récit de l’Histoire a balayés.
Partition de Diana Allan remet aussi au centre celles et ceux que le regard colonial a toujours relégués au second plan. En montant sur des archives coloniales britanniques muettes les voix de réfugié·e·s palestinien·ne·s au Liban découvrant ces images, le film nous invite à nous fondre dans leur regard. Il donne ainsi corps au passé et restaure une continuité temporelle que l’occupation cherche à briser.
Cette intervention résonne avec celle de Theo Panagopoulos sur une archive écossaise filmée en couleur en Palestine, également avant la Nakba. The Flowers Stand Silently, Witnessing, évoque la violence par la marge. Une violence que ne saurait voiler les éclatantes fleurs sauvages dont il scrute les images tandis qu’un génocide se déroule au présent. Se superpose à elles son commentaire, en arabe : "J’essaie d’imaginer ce qui ne peut être capturé par les images, ce qui ne peut être effacé, caché ou censuré."
C’est ce que s’emploie à faire Lawrence Abu Hamdan dans The Diary of A Sky qui documente le niveau sonore de Beyrouth et son ciel hostile, espace d’exercice quotidien de l’oppression israélienne. Un film où il n’y a a priori rien à voir mais qui, dans son geste de collecte et de montage méthodique, dans la créativité de sa pensée et la subtile ironie de son discours, fait sourdre des images une puissance subversive.
Said affirmait que face à un pouvoir qui contrôle à la fois les faits et leur interprétation, la lutte doit passer par une réappropriation des récits. Les cinéastes de notre sélection mettent cette pensée en pratique avec intelligence et détermination : en imposant dans le champ audiovisuel des manières alternatives de raconter, ils·elles contrecarrent les dynamiques d’effacement, et démontrent ainsi que l’acte même de se dire constitue une forme de résistance.
Inédits et avant-premières
Toujours à l’affût de films palestiniens inédits, le programme propose plusieurs œuvres remarquées dans des festivals internationaux tels que : Toujours à l’affût de films Palestiniens inédits, plusieurs films remarqués dans des festivals à l’international sont au programme : The Jacket de Mathijs Poppe,Thank You for Banking With Us ! de Laila Abbas, et Chroniques d’Haïfa de Scandar Copti. Parmi les temps forts de cette édition, une séance spéciale : Queer Cinema for Palestine – No Pride in Genocide, ainsi …. ainsi qu’une sélection de courts métrages inédits et bien d’autres.
Festival Ciné-Palestine Concours de Courts Métrages
Le concours, qui récompense les courts-métrages de cinq jeunes cinéastes palestinien·nes, revient pour sa 9ᵉ édition le 31 mai 2025. À l’issue de la projection, un prix du public ainsi qu’un prix du jury seront décernés. En partenariat avec l’AFAC (The Arab Fund for Arts and Culture), le concours propose cette année deux ateliers portant sur la production et la distribution. De plus, le festival Nazra, en Italie, est également partenaire de cette édition.
Festival Ciné-Palestine Ciné-Club
Le FCP, c’est aussi une présence du cinéma palestinien sur les écrans tout au long de l’année, avec les rendez-vous mensuels du Ciné-Club FCP, qui donnent au public l’opportunité de découvrir ou revoir les films des éditions précédentes. Le Ciné-Club FCP se déroule dans les salles de cinémas partenaires ainsi que d’autres lieux (bars, centres culturels, maisons associatives, jardins partagés…) offrant un cadre plus informel de partage et de rencontre.
Cette année, la programmation des séances du Ciné-Club est faite en amont et valorisée à travers plusieurs supports de communication, qui nous permettront d’informer notre public et d’attirer une nouvelle audience qui pourra nous suivre de Septembre 2024 jusqu’au début du festival en juin 2025.
Programme de mentorat
Dans sa volonté d’ouvrir un espace pour les professionnel.le.s et d’encourager la création, le FCP a mis en place un programme de mentorat auquel ont participé d’une part trois jeunes cinéastes originaires de Palestine et de la diaspora – Thekra Makalde, Khaled Jarada et Marah Zoabi – et d’autre part les mentors, trois professionnel.le.s expérimenté.e.s. : Nadine Naous, Raed Andoni et Katia Saleh.
Le programme, pensé en collaboration avec des professionnel.le.s du cinéma et de l’art – le Palestine Film Institute (PFI), Artagon – a été mené avec le soutien du Consulat Français de Jérusalem.
Les trois jeunes réalisateur.rice.s débutant.e.s ont été accompagné.e.s tout au long d’un mois de résidence à Artagon (Pantin) sur le développement de leur projet d’écriture de scénario grâce à un programme pédagogique.
Outre les séances de travail individuel et collectif auprès des trois mentors, les trois mentoré.e.s ont eu l’occasion de participer à la soirée d’ouverture au cours de laquelle nous avons projeté trois courts métrages palestiniens – dont le court métrage réalisé par Dima Hamdan, mentorée de la promotion 2022 du programme FCP. De plus, ils.elles ont assisté à deux masterclasses, la première tenue par le réalisateur palestinien Abdallah el Khatib et la seconde par la script doctor Anna Cienik. Rasha Salti, programmatrice de La Lucarne (Arte) et curatrice a également amené les mentoré.e.s et l’équipe du FCP au Palais de Tokyo pour une visite de son exposition Passé Inquiet : musées, exil et solidarité avant de passer à un temps d’échange individuel. Pour clôturer ce programme de mentorat, les participant.e.s ont participé à une séance de tête à tête avec des producteur.ice.s, pendant laquelle ils.elles ont eu l’opportunité de raconter leur projet et d’élargir leur réseau cinématographique.
Soirée en plein-air
Toujours dans l’optique de faire découvrir au plus grand nombre le cinéma palestinien et en lien avec le focus, le FCP organisera une nouvelle fois une soirée de projection en plein-air gratuite, dans le jardin partagé de Villetaneuse tenu par l’association Autre Champ, partenaire de longue date du Festival.