« Nos rencontres se sont passées dans le calme. » Ami personnel du premier ministre Ehoud Olmert et ancien dirigeant de plusieurs radio-télévisions publiques israéliennes, Yitzhak Livni a confirmé lundi qu’il a, « à titre personnel », participé à une série de réunions avec des responsables du Hamas. Parmi ceux-ci, Nasser Hadin a-Shaer (l’ex-adjoint du « premier ministre » à Gaza, Ismaïl Haniyeh) ainsi que l’ex-ministre palestinien de la Justice, Ali al-Sartawi, deux cadres de l’organisation résidant en Cisjordanie. Quant à Ahmad Youssouf, un haut responsable islamiste qui fut longtemps le principal conseiller politique d’Ismaïl Haniyeh, il avait accepté de participer à l’une de ces réunions, mais il a finalement changé d’avis sans motiver sa décision.
« Pas au courant »
Financées par un milliardaire américain proche du camp israélien de la paix, ces discussions se sont déroulées en Europe, en Turquie ainsi qu’à Jérusalem-Est (la partie arabe de la ville sainte). Outre Yitzhak Livni, le professeur Shy Feldman (un enseignant de l’Université de Tel-Aviv détaché à Boston) a participé aux discussions, accompagné de Yaïr Hirshfeld, un universitaire qui avait déjà participé au début des années 1990 aux contacts secrets avec l’OLP qui allaient déboucher sur les pourparlers d’Oslo (1993).
Selon Yitzhak Livni, les discussions visaient principalement à sonder le Hamas quant à une éventuelle reconnaissance du droit à l’existence de l’Etat hébreu assortie d’une renonciation au terrorisme. Elles n’ont donné aucun résultat concret, semble-t-il. « Nous avons compris que, pour le moment, l’organisation islamiste n’est pas prête à accepter plus qu’une houdna (trêve) à long terme », affirme Yitzhak Livni. Et d’ajouter : « Je n’exclus cependant pas que les discussions se soient poursuivies après mon retrait et avec d’autres intervenants. »
A en croire les participants israéliens au forum, Ehoud Olmert « n’était pas au courant » de son existence. Mais les commentateurs de la presse israélienne ont du mal à prendre cette déclaration au sérieux. Ils rappellent que les responsables de l’Etat hébreu avaient déjà feint l’ignorance lorsque Yaïr Hirshfeld entretenait des contacts secrets avec l’OLP et préparait le terrain au processus d’Oslo. « Les diplomates professionnels appellent ces contacts informels des back channels et il en existe beaucoup dans notre région, explique le spécialiste Raviv Drucker. Si les dirigeants israéliens ne savaient pas, les services de renseignements étaient eux parfaitement au courant. » [1]
Par ailleurs, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a déclaré samedi 13 septembre qu’il demanderait à la prochaine administration américaine de faire des pourparlers de paix avec Israël une priorité."En supposant que nous ne trouvions pas d’accord (d’ici la fin de mandat du président George Bush), nous pressons la nouvelle administration américaine de poursuivre le processus de paix et de le traiter comme une priorité", a dit Abbas lors d’une conférence de presse à Ramallah, en Cisjordanie.
Selon des responsables palestiniens, Abbas va rencontrer Bush le 26 septembre à Washington afin d’examiner l’état des discussions relancées l’année dernière à Annapolis (Maryland) et que la Maison blanche espérait conclure d’ici la fin de l’année.
"Nous dirons au président Bush où nous en sommes dans nos négociations avec les Israéliens et détailleront les points d’accord et de désaccord", a expliqué Abbas.
"Nous ne cherchons pas un accord provisoire qui ne couvrirait pas certaines questions clés", telles que le statut de Jérusalem, celui des réfugiés, les contours d’un futur Etat palestinien, la sécurité ou les colonies, a-t-il rappelé.
"Soit nous trouvons un accord global soit rien du tout. Nous travaillons sur cette base. Pouvons-nous y parvenir d’ici la fin de l’année ? Cela demande d’importants efforts et nous poursuivrons notre effort, mais nous ne pouvons pas le dire avec certitude", a-t-il ajouté.
Les négociateurs palestiniens ont fait savoir que les discussions se poursuivraient d’ici la fin du mandat de George Bush, qui passera la main à son successeur le 20 janvier, et d’ici la désignation d’un nouveau Premier ministre israélien.
L’actuel chef du gouvernement israélien Ehud Olmert, éclaboussé par des soupçons de corruption, a annoncé sa démission. Une élection est prévue mercredi au sein de Kadima, pour lui trouver un successeur à la tête du parti, qui sera chargé de former un nouveau gouvernement.
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