L’objectif des 44 militants du mouvement Liberté pour Gaza (1) était d’attirer l’attention de la communauté internationale sur le sort des 1,5 million de Palestiniens de Gaza qui font l’objet d’un blocus quasi-total imposé par Israël depuis l’arrivée au pouvoir du Hamas en juin 2007.
Surpris.
Les deux navires, achetés grâce à une souscription internationale, ont quitté le port du Pirée au début du mois, faisant des escales à Rhodes, en Crète puis à Chypre. A leur arrivée, les militants originaires de plusieurs dizaines de pays ont été accueillis par des centaines de Palestiniens brandissant des drapeaux et des dizaines de petites embarcations de pêcheurs venues à leur rencontre. Les militants propalestiniens étaient d’ailleurs les premiers surpris ; la plupart d’entre eux pensaient en effet être refoulés.
Israël leur avait dans un premier temps demandé de ne pas s’approcher des côtes palestiniennes et adressé de sévères mises en garde. Les bateaux gazaouis partis à la rencontre du Liberty et du Free Gaza, avaient d’ailleurs dû rebrousser chemin face aux tirs de semonce israéliens.
Mais samedi, le gouvernement a décidé de les laisser passer. Il a aussi été question, un moment, de les forcer à faire escale au port d’Ashdod où les activistes auraient été soumis à des interrogatoires. Cette option a aussi été écartée, afin d’éviter un désastre sur le plan de la communication. Un haut responsable du gouvernement israélien a ainsi déclaré au journal Haaretz que le fait d’avoir autorisé cette expédition à arriver à bon port « coupe l’herbe sous les pieds de ces activistes de gauche qui comptaient créer un incident ». « Ce sont des provocateurs professionnels, ajoutait-il, et nous ne voulions pas nous prêter à leur jeu en pleine mer. Au lieu d’en faire un sujet de prédilection pour la presse internationale durant toute une semaine, le bateau n’a bénéficié que d’une couverture médiatique très réduite tout simplement parce qu’il n’y a pas eu de confrontation. »
Le début de la sagesse ? Il n’y a pas si longtemps, Israël n’aurait pas hésité à arraisonner les bateaux ou à les saborder à Larnaca, lors de l’escale chypriote, comme cela avait été le cas en 1988, lorsque l’OLP avait tenté d’envoyer des réfugiés palestiniens de 1948 vers Israël.
Samedi, un abordage aurait été d’autant plus désastreux que parmi les passagers, âgés de 22 à 81 ans et en majorité américains et britanniques, se trouvaient des survivants de la Shoah. Ainsi que Lauren Booth, la belle-sœur de Tony Blair, l’ancien Premier ministre britannique et actuel… envoyé spécial du Quartette pour le Proche-Orient.
Symbolique
Le Liberty et le Free Gaza transportaient 200 prothèses auditives et 5 000 ballons destinés aux enfants de Gaza. Une cargaison plus symbolique que visant à pallier les manques bien réels créés par le blocus, qui a conduit le système de santé de Gaza, pour ne citer que lui, au bord du point de rupture.
Malgré tout, Israël veut voir dans la démarche des activistes de Liberté pour Gaza une dangereuse banalisation du Hamas. Sur le site Internet du quotidien Yedioth Aharonot, Aviv Shiron, un porte-parole du ministre israélien des Affaires étrangères, les fustige : « Quel type de contribution ce voyage apporte-t-il à la promotion des idées de réconciliation et de compromis ? Aucune. » Dans le même journal, Frimet Roth, dont la fille a été tuée à Jérusalem dans un attentat du Hamas, écrit : « Les activistes de Free Gaza font preuve d’une totale indifférence pour les victimes des attaques terroristes venant de Gaza. » Le Yediot, toujours, cite un humanitaire anonyme basé à Gaza : « Quand les gens se sont rendus compte que les bateaux contenaient très peu de nourriture et surtout des activistes, ils ont quitté la plage, déçus. » [1]
(1) www.freegaza.org