Dans un contexte où l’occupation israélienne, toujours présente, se mue progressivement en un système d’apartheid, le texte de la Convention sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid n’a jamais été aussi pertinent, hors du cas de l’ancien régime d’apartheid d’Afrique du Sud.
« Les Palestiniens sous occupation sont aujourd’hui confrontés à un système d’apartheid arrivé à maturité et caractérisé par une discrimination systématique » déclare le secrétaire général de l’Initiative nationale palestinienne, le Dr Mustafa Barghouthi, député.
« Trouvez-moi un autre cas dans le monde où les routes sont réservées sur un critère ethnique ? Où une population de colons implantée en toute illégalité consomme 48 fois plus d’eau par habitant et par an que la population locale ? Où un peuple occupé paie deux fois plus cher le prix des services publics - tels que l’eau et l’électricité - que ceux qui les occupent ? Où un peuple est, comme le sont les Palestiniens, obligé d’acheter la nourriture au même prix du marché que l’occupant (les Israéliens) - dont le revenu par habitant est 30 fois supérieur - et est empêché de construire sa propre économie indépendante ? Où les malades souffrant d’affections chroniques n’ont aucun accès aux soins à cause de leur nationalité et n’ont donc plus qu’à mourir. »
« Ce sont là des manifestations concrètes de l’apartheid à un degré jamais connu, pas même au plus fort du régime d’apartheid d’Afrique du Sud » ajoute le Dr Barghouthi.
L’existence d’un système d’apartheid en Palestine a été signalée par le rapporteur spécial aux Nations unies sur la situation des Droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, le professeur John Dugard, lui-même sud-africain. Dans son rapport de janvier 2007 au Conseil des Droits de l’homme, Dugard écrit : « Les lois et pratiques d’Israël dans les territoires palestiniens occupés ressemblent, de façon certaine, à l’apartheid [...] et tombent probablement dans le champ d’application de la Convention internationale sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid ».
Par ailleurs, la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (dont Israël est signataire) stipule que « la discrimination entre les être humains pour des motifs fondés sur la race, la couleur ou l’origine ethnique est un obstacle aux relations amicales et pacifiques entre les nations et est susceptible de troubler la paix et la sécurité entre les peuples ainsi que la coexistence harmonieuse des personnes au sein d’un même Etat. »
« Le gouvernement Olmert s’est présenté lui-même comme apportant la paix dans la région à travers le processus d’Annapollis » remarque le Dr Barghouthi. « Mais c’est ce même gouvernement qui continue de construire le Mur d’apartheid ; qui a récemment donné le feu vert à l’expansion de plusieurs colonies ; qui fait tout pour fragmenter les territoires palestiniens occupés depuis 1967 ; qui assure l’impunité à son armée et à ses colons dans leur violence contre les Palestiniens ; qui a imposé des punitions collectives à un niveau jamais égalé contre le peuple de la bande de Gaza ; et qui a laissé mourir des Palestiniens malades, sur sa frontière, simplement parce que c’était des Palestiniens. »
« Jusqu’à ce que la communauté internationale ôte l’impunité à Israël pour ses violations permanentes des droits humains, individuels et collectifs, des Palestiniens, et jusqu’à ce qu’elle tienne responsable Israël devant la loi internationale, l’intensification croissante du racisme et de l’apartheid représente le seul avenir auquel les Palestiniens doivent s’attendre » conclut le Dr Barghouthi.
Contexte
La Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale est célébrée chaque année le 21 mars. C’est le jour où, en 1960, la police a ouvert le feu et tué 69 personnes dans une manifestation non violente à Sharpeville, en Afrique du Sud, contre les « lois sur les laissez-passer ». En proclamant cette Journée en 1966, l’Assemblée générale appelait la communauté internationale à redoubler d’efforts pour éliminer la discrimination raciale sous toutes ses formes.
La Convention internationale sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 30 novembre 1973 et est entrée en vigueur le 18 juillet 1976.
Israël a signé (le 3 janvier 1979) la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale du 7 mars 1966 (résolution 2106 A du 21 décembre 1965), entrée en vigueur le 4 janvier 1969.