LUNDI 29 Octobre 2007
Nous sommes accueillis à Jérusalem par Kate. La journée sera longue car l’avion nous a débarqués à 5 h heure locale. Deux groupes sont formés, les rôles sont distribués.
Notre séjour commence par une réunion à l’ OCHA (Office for the coordination of Humanitarian Affairs). C’est une organisation de l ONU qui nous fait une présentation extrêmement précise des violations d’Israël des résolutions de l’ONU et des « accords » d’Oslo.
Les cartes et les chiffres montrent avec clarté les avancées du colonialisme de l’état d’Israël :
– En 2005 il existe 149 colonies en Cisjordanie couvrant 16 375 hectares. Depuis 1987 la surface des terres occupées a été multipliée par 4.
– Il existe 562 barrages de tous types sur les routes reliant les villes palestiniennes.
– Le mur (le vocabulaire politiquement correct est « la barrière ») est prévu de s’allonger sur 712 km (alors que la « ligne verte traçant les frontières de 1967 ne représente que 320 km), montrant ainsi la véritable intention d’annexion d’Israël.
Le groupe est saisi de l’ampleur des violations des accords internationaux et constate que malgré l’inaction de la communauté internationale, elles sont de notoriété publique !
Nous mettons à profit notre déplacement dans la banlieue de Jérusalem pour visiter le camp de réfugiés de SHUFAT. 40 000 habitants vivent ici, dans la précarité des constructions et la pauvreté. Beaucoup d’enfants jouent dans les ruelles.
Nous sommes reçus à 16 h 30 par l’association Sabeel, association de palestiniennes chrétiennes qui travaillent en direction du clergé, des femmes et des jeunes contre l’occupation Israélienne. La personne qui nous fait la présentation, palestinienne chrétienne nous indique qu’elle est réfugiée dans sa propre ville : doit avoir un passeport Jordanien pour pouvoir habiter dans Jérusalem.
MARDI 30 octobre2007
Nous sommes reçus par l’AIC (Alternative information Center), association d’israéliens et de palestiniens qui luttent ensemble contre l’occupation Israélienne. Michel Warschawski, militant anti-colonialiste israélien de Jérusalem nous sensibilise à la situation : l’élargissement des colonies existantes se fait à une vitesse catastrophique, « la ville est en train d’être massacrée ».
Dans l’après-midi en autobus, il nous conduit autour de la ville. Nous suivons le tracé du mur et constatons « de visu » la stratégie d’annexion et d’étouffement mis en place par l’état sioniste.
Le soir nous prenons contact avec UAWC (Union des Comités de travail agricole) avec qui nous travaillerons dans les jours suivants pour la cueillette des olives. On nous indique que 100 000 familles dépendent de la culture des olives en Cisjordanie. Cette association fondée en 1986 soutient à Gaza et en Cisjordanie les fermiers qui font valoir leurs droits sur leurs terres. « L’agriculture, c’est politique » nous disent-ils, quand 85 % des ressources en eau sont contrôlées par les israéliens, et 20 % des terres cultivées sont situées de l’autre côté du mur.
MERCREDI 31 octobre2007 :
Ce jour notre groupe a quitte Jérusalem pour Deir istiya. Nous avons passé un premier check point pour Ramallah puis un autre pour Deir istiya. Nous empruntons une petite route sinueuse et assez difficile. Cette route est réservée au palestiniens, le chauffeur l’emprunte pour éviter les barrages israéliens.
Nous sommes accueillis chaleureusement par nos hôtes palestiniens. Ils nous présentent la situation des villageois qui sont empêchés de cueillir les olives par colons et soldats. Ce village de 4 000 habitants est entouré de 9 colonies israéliennes et d’un camp militaire !
Par exemple, les colonies de Karnei Shomron, Yakir, Revava ont été crées en dépossédant les terrains du village.
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=7192&type=analyse&lesujet=Colonies
Presque toutes les nuits, les soldats en jeep et humer visitent le village.( Moins d’un mois avant notre arrivée, le 8 Octobre, un couvre feu a été déclaré et les maisons fouillées).
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=7573&type=temoignage
Plusieurs petits groupes sont organisés pour la cueillette du lendemain.
Rapide visite en fin d’après midi dans Naplouse. Ambiance pesante dans la ville, tous les commerçants ont baissé le rideau. Un enfant a été tué par les soldats israéliens, cet assassinat succédant à la mort d’un soldat israélien la veille.
Au retour, les deux heures d’attente au check point sont l’occasion d’échanger avec des étudiants. Les larmes aux yeux, ils nous implorent : « Voyez ce qu’ils nous font subir ! Dites au monde que nous ne sommes pas des terroristes ».
JEUDI 1 novembre 2007 :
La cueillette des olives commence. Le chemin direct qui mène du village aux champs a été obstrué par des blocs de béton et de la terre. Nous suivons à pied le villageois qui, sur son âne, traverse ce barrage puis la route « israéliennes » pour rejoindre l’oliveraie. Il possède avec sa famille 300 oliviers. Comme dans la plupart des cas, les olives servent à leur consommation personnelle d’huile et l’excédent est vendu. Il s’agit d’un revenu complémentaire. Le villageois nous explique que les colons sont susceptibles de venir les déranger, ils l’ont déjà mis en joue avec leurs armes. L’état sioniste et les colons ont décidé de s’emparer de toute la colline que domine le camp militaire. Un projet de mur existe qui séparera le village de la plus grande partie de ses plantations d’oliviers.
Un cousin arrive pour nous aider, il est policier palestinien à Naplouse. Il explique qu’un enfant a été tué hier (voir ci-dessus).
Le soir, comme nous nous promenons dans la vieille ville, un homme nous propose de visiter sa maison et nous offre le thé. Sur la télévision trône une photo ; c’est son fils de 17 ans, il est en prison israélienne depuis un mois, son procès aura lieu dans 7 jours. Il est inculpé d’avoir jeté des pierres sur les véhicules blindés.
VENDREDI 2 novembre 2007
Nous partons pour Bil’in en passant par Ramallah. Deux check points sont franchis sans difficulté. A l’arrivée au village un homme nous fait rentrer dans sa maison. Il fait partie de la municipalité et participe à la manifestation contre le mur depuis 4 ans. Le 11 mai dernier, il a été blessé par 4 balles en caoutchouc dans les cuisses. Il montre son pantalon troué, les photos de la fusillade et de ses impressionnantes blessures. Puis après avoir été réunis avec d’autres militants internationaux et avertis des consignes de sécurité par les organisateurs du village, nous prenons en manifestation la route qui est aujourd’hui coupée par le mur. Les slogans fusent « Apartheid no no no ».
Les soldats et leurs véhicules attendent. Ils ont investis le côté palestinien du mur. A bonne distance, après sommation, ils commencent à tirer les grenades lacrymogènes. Certains amis, présents l’an dernier nous indiquent que les soldats tirent leurs grenades lacrymogènes plus tôt, et disposent de lance grenades avec lesquels ils visent parfois directement les manifestants. D’autre part les gaz sont plus nocifs, et les organisateurs nous ont fait part de consignes de sécurité particulières.
Nous échangeons quelques mots avec des israéliens opposés au mur de l’apartheid, l’un d’entre eux nous explique qu’il vient ici tous les vendredi. Un peu plus loin, sur fond de fumées lacrymogènes, un autre israélien joue au football avec un jeune palestinien.
Au bout d un moment les soldats tirent des balles en caoutchouc sur les gamins qui leur lancent des pierres. Un film de cette manifestation a est tourné, on peut le voir sur « youtube »
http://fr.youtube.com/watch?v=fr1wDSqbN34
Au retour on croise un bouchon énorme au check point dans le sens de l’entrée a Ramallah, on voit les gens descendre un a un des bus, plusieurs heures d’attente en perspective. Dans notre sens on passe sans problème.
SAMEDI 3 novembre 2007
Nous allons cueillir des olives au bord de la route militaire qui mène au camp israélien tout à côté du village. Les villageois ont attendu des volontaires internationaux pour le faire. Le samedi, jour de shabbat, est choisi car il y aura moins de mouvements de véhicules. Cependant régulièrement jeeps et Hummers passent au pied de l’oliveraie. A un moment la cueillette est interrompue, tout le monde est aux aguets, un pick-up de colons, un chien à l’arrière du véhicule s’arrête, puis il repart ayant vu les volontaires internationaux.
Puis l’ambiance redevient sympathique et le travail très bien organisé. L’oliveraie est bien entretenue, les olives nombreuses et les sacs se remplissent vite. On échange sur la situation actuelle et la réunion d’Annapolis : aucun espoir n’est attendu, aucun accord possible : « Quand on est pas fort, il ne sert à rien de parler ». Ce sentiment d’impuissance, nous le rencontrons partout, quand nous sentons une lueur d’espoir, c’est pour partir à Dubaï ou ailleurs.
La soirée nous sommes invités chez une famille de villageois en remerciement de notre aide. Les adolescentes sont tout excitées de parler à des étrangers. Nous avons l’impression de représenter une bouffée d’air dans une vie ou la plupart des déplacements sont prohibés. Le père est absent, on nous indique qu’il est bloqué dans un village voisin, les soldats du check point ayant confisqué ses papiers. Quand rentrera-t-il ? Notre question parait curieuse, personne ne sait, c’est l’arbitraire qui règne ici.
Un autre jeune arrive S. , il nous dit qu’il n’a pas pu cueillir ses olives placées vers la grande route, les colons l’ont chassé. Il nous demande notre aide.
DIMANCHE 4 novembre 2007
Notre hôte palestinien de l’UAWC a pu modifier notre planning pour que nous puissions aider S… qui nous a directement sollicité la veille. Il est paysan, il n’a pas d’autre emploi. Un autre est étudiant à Dubaï, un troisième après avoir travaillé à Dubaï est chauffeur de taxi. Il a écopé de 40 jours de prison pour avoir jeté des pierres.
LUNDI 5 novembre 2007
Journée cueillette dans la même oliveraie ; l’ambiance se détend au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la route et que l’on grimpe dans la colline. Mais au retour la tension reprend quand il faut reprendre la route pour rentrer au village et surtout surveiller le petit frère qui rentre sur son âne.
MARDI 6 novembre 2007
Nous quittons Deir Istiya et reprenons la route pour Ramallah. On a de la difficulté pour se repérer, les panneaux neuf n’indiquent que les noms des colonies israéliennes, les villes palestiniennes sont ignorées. Parfois encore les noms arabes sont effacés ne laissant que les noms hébreu et anglais. Les soldats d’un check point, nous demandent de présenter le passeport. A la vue des papiers français, on nous laisse passer sans problème.
Nous avons rendez-vous avec les bédouins dans leur camp situé entre Jérusalem et Jéricho. Cette tribu comporte 5000 personnes. Ils ont été expulsés de Bersheba en 1948, et depuis se sont fait plusieurs fois expulsés. Ils vivent exclusivement de l’élevage et aujourd’hui ont de très graves difficultés, le prix du fourrage ayant été multiplié par trois. Ils doivent également acheter l’eau. Le seul forage restant actuellement en fonctionnement a été réquisitionné par Israël, ils doivent acheter 50 NIS (environ 10 euros) la citerne. Une colonie existe dans le périmètre qui s’est approprié la meilleure terre, une seule personne est là pour marquer la présence israélienne.
Nous traversons la montagne pour visiter Jéricho toute proche. Après les cailloux et le désert, c’est une magnifique Oasis qui s’offre à nous. Partout des cultures, des fruits, des maraîchages. Les commerces regorgent de fruits et de légumes.
Le car fait un détour pour nous montrer la fameuse prison détruite par l’armée israélienne le 15 mars 2006.
Retour sur Jérusalem par Kalandia. Tout le monde descend du car et doit passer à pied par le check point. C’est une installation imposante, des scanners pour les sacs, des tourniquets des grillages … en une demi-heure on se retrouve de l’autre côté pour prendre un autre véhicule.
Fin de mon carnet de voyage …
Hébron
Travaux agricoles dans des champs dangereux pour les Palestiniens seuls
Nous sommes logés par l’UAWC à Hebron même, mais nous oeuvrerons dans les villages environnants
Village de au sud d’Hébron
Plantation d’oliviers sur un terrain voisin d’une colonie. Nous plantons avec des jeunes du Croissant Rouge. Nous visitons l’école du village dont le toit est en matériaux provisoires car il est interdit de construire, donc de couvrir en terrasse béton.
Les femmes du groupe seront reçues dans une maison pour un long échange.
Village à l’Ouest d’Hébron
Cueillette dans un champ où les Palestiniens n’étaient pas venus depuis quatre ans. Les deux groupes sont au complet. Nous arrivons sur les terres en bordure de la colonie. Le soldat de garde donne l’alerte, mais c’est shabbat et les renforts, ainsi que les colons de garde arriveront peu à peu. L’attitude n’est pas hostile. Nous franchirons la route qui relie les deux parties de la colonie. Quelques enfants de colons, « endimanchés », nous regardent. Nous pique-niquons sous leurs yeux. Quelques échanges avec les soldats. Un agriculteur ira même les remercier à la fin de la cueillette.
A Hébron
Exposition de produits agricoles et artisanaux locaux, financée par l’Allemagne. Réunion et projection d’une pièce de théâtre montée en France par des jeunes de nationalités diverses sur la situation Palestinienne et son histoire. Les « édiles » quitteront la salle en cours de projection. La culture n’est pas leur fort apparemment.
Nous irons faire un tour dans le vieil Hébron. Je retrouverai les rues désertes dont on a chassé les habitants et les rues où des grillages tendus protègent les Palestiniens des pierres et ordures lancées par les colons qui occupent les étages. Une chilienne qui vit en France, rencontrée à Jérusalem, nous racontera comment elle s’est retrouvée bloquée avec une famille durant trois jours (dont le shabbat), les soldats israéliens interdisant tout mouvement dans le quartier palestinien proche de la grande colonie de Kiriat Aba.
J’aurai une discussion intéressante avec notre interlocuteur-guide, membre du PC palestiniens sur des questions qui me travaillent, en France. Par exemple : la revendication d’un état palestinien dans les frontières de 1967 a-t-elle encore un sens ?
Bil’In
Une journée entre deux cueillettes pour aller manifester. Rencontre à Ramallah avec un journaliste palestinien « pittoresque » qui nous accompagnera. Arrivés, nous sommes reçus dans une famille dont le père a été blessé par balle aux jambes lors d’une manifestation précédente. Puis rendez-vous pour un briefing bien préparé : consignes, distribution d’oignons. Quelques internationaux en plus de nous. Très peu d’anticolonialistes israéliens. Nous partons, prenant au passage les Palestiniens qui sortent de la mosquée. Chants et slogans dans le groupe de tête. Nous marchons vers la clôture, là-bas, de l’autre côté du vallon. Les soldats nous attendent. Un barbelé sur le chemin marque la limite à ne pas dépasser. Dès que l’un des manifestants la franchit, le tir de grenades lacrymogènes est immédiat, dont certaines à tir tendu, qui sifflent aux oreilles. Un jeune Palestinien sera légèrement brûlé au bras. Nous avons consigne de nous replier. Nous restons au point de ralliement à crier des slogans tandis que des groupes de jeunes harcèlent les soldats, photographiés de près par quelques-uns d’entre nous qui iront aussi chercher un Palestinien en fauteuil roulant en fâcheuse posture. D’après les « anciens » du groupe, la réaction a été plus violente que lors de leur passage à Bil’In. Faiblesse relative du nombre peut-être ?
Jénine
Nous traversons toute la Cisjordanie du sud au nord pour aller dans un village situé au nord-est de Jénine, tout près de la frontière jordanienne. 75 % des terres ont été confisquées par des colonies en demi-cercle autour. La clôture (the snake) souligne l’expropriation et les villageois s’attendent à ce qu’elle les enferme totalement dans les prochains mois, comme à Qalqilya. L’armée passe toutes les nuits et parfois avec des haut-parleurs (peut-être pour se venger du muezzin ? Plaisanterie !!). Accueil très chaleureux par le maire. Nous logerons chez l’habitant, en groupe ou individuellement. Etienne et moi dormirons sur la terrasse à la belle étoile, sous un ciel magnifique. Nous retrouvons un groupe de jeunes espagnols de la région de Valencia. Nous cueillerons près de la clôture, sans être inquiétés.
Une soirée avec danses folkloriques (que des jeunes garçons), qui donnera des fourmis dans les jambes à certaines du groupe, suivie d’un débat intéressant avec plusieurs dizaines de villageois, dont beaucoup de jeunes. Une visite de l’école primaire-collège-lycée. Dans le bureau du directeur, le portrait de Saddam Hussein.
Les bédouins
Nous quittons le village pour rencontrer, tous ensemble, des familles de bédouins, refoulés du Negev jusque dans le désert de Judée. Des « cases » de plastique et tôle ondulée, posées sur un désert de cailloux. Chèvres et moutons. Il faut acheter la nourriture des bêtes. Les prix montent à grande allure. L’eau de la source (palestinienne) a été captée pour les besoins d’une colonie proche. Elle est stockée dans un réservoir israélien avec pompes et canaux d’irrigation. Les bédouins achètent l’eau. Sur le district 5 000 personnes. Des écoles mais pas de dispensaire, ni de médecin, ni de vétérinaire. L’autorité palestinienne semble avoir d’autre chats à fouetter et ils ne se sentent pas particulièrement proches des Arabes. Ils regrettent la Jordanie, le roi Hussein s’appuyait sur leurs tribus et prenait soin d’eux.
C’est une des premières rencontres entre des internationaux et une forme d’organisation encore fragile et embryonnaire. C’est le gouvernement israélien qui a nommé notre interlocuteur « expert en bédouins » !
Les familles tueront une chevrette sous nos yeux pour le repas de midi. Les femmes du groupe iront saluer les femmes.
Nous ferons une escapade à Jéricho, juste le temps de voir la prison palestinienne détruite par l’armée israélienne qui en a récupéré les prisonniers, placés pourtant sous une protection internationale qui s’est curieusement éclipsée la veille de l’attaque.
Bethléem
Le groupe se sépare pour les deux derniers jours. Nous serons six à aller à Bethléem. Centre culturel « Le Phénix », dans un des camps de réfugiés, ainsi nommé parce qu’il est en cours de reconstruction après deux destructions par l’armée israélienne. Accueil chaleureux. Présentation du centre. Nous irons au cimetière des martyrs. Le directeur du centre qui nous pilote est très ému. Il dit connaître tous ceux qui sont enterrés (amis, famille, étudiants). Il a déjà fait dix ans de prison. Interdit de sortie de Cisjordanie, il a fait appel de la décision et en réponse, s’est retrouvé assigné à résidence à Bethléem. Nous visitons le camp (dispensaire, médiathèque…). Nous sommes reçus par quelques familles. Partout des portraits sur les murs : ceux qui ont été tués, ceux qui sont en prison ou en exil. Misère, entassement. Il faut sans cesse secouer l’UNRWA. Le deuxième jour, nous faisons un tour complet du mur et des colonies. Je ne reconnais plus le Bethléem d’il y a cinq ans. Enfermement, urbanisation colonisatrice sauvage, check point géant…mais résistance. Nous irons voir la maison d’un qui, encerclé, refuse de vendre. Son fils et ses troupeaux ont été tués. Il tient.
Notre hôte nous montre des vidéos réalisées au cours du camp « des Ponts au-delà des Murs » de l’été 2007. Il nous dira à plusieurs reprises qu’à Bethléem, les factions se sont mises d’accord pour penser d’abord à la population et éviter les affrontements violents.
Je lui aurai posé les mêmes questions qu’à notre hôte d’Hébron. Lui est membre du FPLP, parti aussi marxiste et laïc. J’aurai les mêmes réponses. Par contre, je ne saurai pas quelle est la différence avec le PC.
Retour à Jérusalem. Réunion bilan. Repas de fin de mission au Jérusalem Hôtel. Ah ! le premier verre de vin retrouvé !!
Nous rentrerons en France, par groupes. Retour s’étalant sur plusieurs jours. Seuls trois d’entre nous seront sérieusement inquiétés à l’aéroport.
Tout au long de nos périples nous aurons constaté l’étendue de la progression de l’occupation : des colonies partout, partout, certaines encore en partie en bungalow, ainsi que des routes protégées, ajoutées au mur, morcellent le territoire palestinien en une infinité de parcelles qu’il devient de plus en plus compliqué de relier. Perfectionnement de l’enfermement : dans certains cas, il n’y a même plus de contact visuel entre le Palestinien et le soldat israélien enfermé au sommet d’un mirador qui regarde à la jumelle et communique par haut-parleur pour décider de l’ouverture ou non d’un grand portail en ferraille.
Et pourtant, ils résistent encore et toujours. Ils cultivent, élèvent enfants et bêtes, récoltent, vont à l’école ou à l’université, dansent, font des films…. et nous accueillent avec toujours autant de chaleur, répétant sans cesse leur besoin de notre venue et leur reconnaissance.
Renée et moi, de retour en France, nous avons eu quarante-huit heures de « décalage dans la tête ». Difficile réintégration dans notre monde relativement nanti et si indifférent.
Jean