Retour sur le lieu de cueillette du mercredi 7 novembre où les colons, dont un particulièrement, ont été virulents avec les soldats, les volontaires et les palestiniens (Voir rapport). Nous devions revenir avec d’autres associations mais nous sommes seuls avec le paysan sa femme et sa fille.
L’accès qui mène au lieu de la cueillette est une route qui a été volontairement démolie au tracto-pelle si bien que morceaux d’asphalte et terre forment un monticule qui stoppe toutes voitures ou tracteurs.
La colonie Karmi Zur à proximité du village palestinien de Beit Ummar, occupe la colline depuis 1982 mais elle s’étend progressivement avec son lot de barbelés, miradors, clôtures et lignes électrifiées. Une extension faite de caravanes et mobil-homes la prolonge et entrave l’accès aux terres du fermier.
Toutes les vignes aux alentours sont détruites par de puissants herbicides. Pour l’anecdote le nom de la colonie Karme Zur signifie "le vignoble". Le cynisme est ici monnaie courante...
Le fermier propriétaire de la terre a perdu trois hectares confisqués et occupés illégalement pour l’installation des colons. Les deux hectares qui lui restent sont composés d’arbres fruitiers et de quinze oliviers dont cinq ont été détruits. Cette terre leur appartient de père en fils depuis les ottomans. Ils ne peuvent y accéder sans se faire chasser, insulter et menacer d’être abattus par les colons. La dernière fois ils ont été arrêtés et gardés pendant dix heures au poste de police.
Le colon, le même homme que la dernière fois, tente de descendre et d’en découdre avec nous mais les soldats l’en empêchent et nous encerclent avec leur jeep et prétendent assurer notre sécurité. Il remonte vers la colonie mais une agitation s’ensuit : des cris, des mouvements de soldats et de voitures...Il semblerait qu’une altercation violente a eu lieu entre colons et soldats. Une ambulance arrive pour transporter deux civières : colons ou soldats ? Nous ne pouvons le dire....
Le paysan atteste que les soldats quelque fois tentent de les protéger contre les colons très excités et presque incontrôlables. Pendant ce temps, un va et vient de camions de livraison alimentent la colonie (lait, fruit,..). Pour eux la vie continue...
Nous restons assis là en attendant l’autorisation de descendre à l’oliveraie par le chemin d’accès aux terres cultivables qui a été ouvert par les fermiers eux-mêmes et qui sert aujourd’hui de limite à la colonie.
Un soldat nous dit de revenir avec le permis de cueillette du bureau de coordination. Nous décidons de partir.
Même si nous n’avons pas cueilli d’olives, cette action remplit bien les objectifs du comité de défense de la terre avec l’aide des volontaires : réclamer les terres en signifiant aux occupants que la terre est occupée illégalement et appartient aux palestiniens !
Assurer un soutien aux fermiers qui ne peuvent s’y rendre seuls pour affronter les restrictions et les obstacles mis en place par les Israéliens.
Et parvenir à assurer, si la récolte peut se faire, l’autonomie économique des Palestiniens.
Nous sommes en attente de savoir si le permis pour accéder sur cette terre arrivera pour demain....
Nathalie et les autres