Montrer des "Images du Moyen-Orient", c’est tenter de faire surgir
de territoires aussi différents que l’Égypte, Israël, le Liban, la Palestine ou l’Irak,
des préoccupations et des manifestations communes aux artistes
et aux cinéastes dans l’état d’urgence actuel.
Quels que soient les moyens de production, le plus souvent très restreints,
voire inexistants, ces cinémas ont en commun d’être en conversation
avec le cinéma du monde. Que ce soit en Égypte où l’infrastructure existe
mais est en crise, ou au Liban où les caméras n’ont pas cessé
de tourner pendant l’été 2006, force est de constater
que c’est dans cette région du Moyen-Orient que s’invente une approche indépendante
et créative de nouvelles formes de narration, entre fictions nées des drames,
faits-divers de la vie quotidienne et documents "pris sur le vif"
où la subjectivité occupe une position centrale. Tous les sujets traités
sont politiquement et socialement brûlants, la fiction mêle gens de la rue et acteurs,
le documentaire se fait écho de situations politiques souvent sécuritaires.
L’espace restreint - chambre ou café - où l’on est confiné
et l’espace détruit de la ville donnent naissance à de nouvelles formes esthétiques
de représentation, mentale ou fantasmée, de la réalité, de l’espoir, de l’avenir.
Programme
– le mardi 30 octobre à 19 h. Israël / Palestine
Atash (Soif) de Tawfik Abu Wael
Israël / Palestine, 2006, 110’, 35 mm, vo st français
La femme d’Abu Shukri essaie de protéger comme elle le peut l’une de ses deux filles dont on apprend qu’elle a été violée. Pour échapper à la coutume qui voudrait qu’il la tue, et pour fuir le déshonneur, le père a décidé, depuis dix ans, de vivre avec sa famille dans un coin isolé, sans eau, no man’s land annexé par Israël, où le drame se déroule comme dans une tragédie antique.
– le mercredi 31 octobre à 17 h. Palestine
Memories With / Out Geographies (Souvenirs avec / sans géographies) de Sobhi al-Zubeidi
Palestine, 2005, 15’, vo arabe st anglais
Un résumé cartographique et documenté de l’histoire de la Palestine.
Everywhere Was the Same (Partout c’est la même chose) de Basma al-Sharif
Palestine, 2007, 12’, vo anglais
Un essai poétique et distancié où une voix off évoque l’épopée d’un peuple, projection sur un mur de photographies apparemment banales de monuments, de paysages naturels ou urbains : un ciné-poème.
The Roof (al-Sateh / Le Toit) de Kamal al-Jaafari
Palestine, 2006, 63’, vo arabe st anglais
Une maison est-elle seulement un toit ou un sentiment qu’on transporte avec soi quand cette demeure a été réduite à néant ? Réalisé en octobre et novembre 2004 à Jaffa, Ramallah et Jérusalem, le film montre des rangées de maisons éventrées et la construction du mur.
– le jeudi 1er novembre à 17 h. Palestine
Palestine Summer 2006 (L’Été 2006 en Palestine) du collectif des cinéastes palestiniens
Palestine, 2007, 37’, vo arabe st anglais
13 films d’une seule prise de 3 minutes, pour évoquer "l’ambiance" de l’été 2006 :
– Red, Dead and Mediterranean de Akram al-Ashqar
– Not Just any Sea de Nahed Awwad
– Football on a Thursday Afternoon de Liana Bader
– Janan de Riyad Deis
– Security Leak de Rowan al-Faqih
– Flee de Ahmad Habash
– Coffee & Cigarettes de Ismael Habbash
– Sound of the Street de Annemarie Jacir
– A World Apart within 15 Minutes de Enas Muthaffar
– To the Arabs of Haifa a Special Message... de Razi Najjar
– Ferkesh (Called Off) de May Odeh
– Checkmate de Amer Shomali
– Traffic de Mohanad Yaqubi
Leila Khaled : Hijacker (Leila Khaled, pirate de l’air) de Lina Makboul
Suède / Palestine, 2005, 58’, vo arabe et anglais st anglais
Leila Khaled fut la première femme à détourner un avion en 1969 et devint ainsi une célébrité dans le monde entier et une héroïne pour de nombreux Palestiniens. Trente-cinq ans plus tard, une jeune Suédo-Palestinienne lui rend visite et la filme dans sa maison à Amman.
– le vendredi 2 novembre à 18 h. Palestine
Pasolini Pa* Palestine de Eyreen Anastas
Palestine, 2005, 50’, vo arabe et anglais st anglais
Parti pour repérer les sites de son Évangile selon saint Mathieu, en 1965, Pasolini parcourt la Terre sainte et en souligne la beauté. Vingt-cinq ans plus tard, une cinéaste d’origine palestinienne refait le même parcours, pas à pas, plan par plan. C’est à la fois le même et un tout autre film.
– le samedi 3 novembre à 18 h. Palestine
Improvisation de Raed Andoni
France / Palestine, 2005, 60’, vo arabe st anglais
Les frères Joubran, issus d’une illustre famille de luthier de Nazareth, sont animés de la même passion pour le oud. Le cinéaste les suit lors d’un voyage à Ramallah en état de siège, qui aboutira peut-être à Paris.
– le dimanche 4 novembre à 17 h 30. Israël
Makom Avoda (Un lieu, un travail) de Nurith Aviv
Israël / Palestine, 1998, 81’, vo hébreu et arabe st français
En 1981, vingt-cinq familles israéliennes fondent un kibboutz de l’autre côté de la "ligne verte", et font appel à de jeunes travailleurs palestiniens du village d’en face. Après le début de l’Intifada, les journaliers sont renvoyés et remplacés par de la main d’œuvre agricole thaïlandaise. Le film raconte l’histoire d’une relation triangulaire dans un lieu (makom) autour du travail (avoda).
Présenté par Nurith Aviv.
Programmation proposée par Danièle Hibon
assistée de Marie-Jo Malvoisin
en collaboration avec le Festival d’automne à Paris
Nous remercions les artistes, les cinéastes, les producteurs,
les distributeurs des films présentés, Omar Amiralay,
et tout particulièrement Rasha Salti, directrice
du festival CinemaEast à New York