Les Palestiniens vivant en Palestine qui n’ont pas une carte d’identité sont nombreux soit à Gaza soit en Cisjordanie et dans cet article on essaye un peu de faire le point sur leur souffrance parce que c’est un problème très grave pour n’importe quel citoyen dans le monde entier et à notre avis c’est le moindre droit qu’on peut avoir dans un pays mais comme on dit toujours ; en Palestine il y a toujours des exceptions...
Karmel, Asma, Yasser et Islam sont des exemples concrets des jeunes Palestiniens, surtout des étudiants, qui vivent dans la bande de Gaza sans carte d’identité et qui souffrent beaucoup de ce problème qui change beaucoup de choses dans leur vie et qui influence leurs décisions concernant leur avenir.
"L’identité c’est moi, mon existence, c’est ma liberté de se déplacer et de voyager"
Voici ce que l’identité représente pour Yasser Hegazy, un étudiant en "communication et médias" en 2ème année, fils d’un père palestinien et une mère égyptienne. La famille de Yasser a quitté l’Egypte en 1998 pour s’installer finalement à Gaza mais ce n’était pas le cas de Yasser lui-même qui avait l’intention de revenir en Egypte pour faire ses études universitaires d’aviation mais il ne savait pas qu’il allait être obligé de changer tous ces plans et de choisir un autre domaine et bien sûr d’ oublier ses rêves d’être pilote
" mon étude n’est pas mon choix c’est une contrainte à laquelle j’essaie de m’adapter".
A part ça, il a raté plusieurs bourses et participations dans des festivals et des rencontres internationales qui peuvent lui donner la chance à connaître de nouveaux gens et de cultures différentes.
"J’ai eu la chance de voyager en Tunisie pour représenter la Palestine dans une rencontre pour les jeunes mais j’ai pas pu partir, la carte d’identité est toujours l’obstacle".
Le plus grave c’est qu’il avait besoin de voyager pour se soigner hors de la Palestine parce qu’il était malade mais ça non plus ne marchait pas.
Et quand on lui a demandé de nous citer la situation qui l’a beaucoup touché puisqu’il n’a pas de carte d’identité, il nous a répondu avec beaucoup de tristesse qu’il n’a pas vu sa grande mère avant sa mort, il était très impressionné en disant que "ce petit papier m’empêche de voir ma grande mère que j’ aime beaucoup".
Les parents de Yasser étaient présents dans son témoignage :"au moins je suis parmi ma famille et mes amis mais Maman n’a pas le droit de voir les siens et avec le temps sa peine augmente".
Et pour son père il a de l’argent dans une entreprise en Egypte mais il ne peut pas voyager pour le récupérer.
En parlant du papier qu’on lui donnait avec ses semblables comme carte temporaire il a dit que ça ne sert à rien mais en même temps avec cette carte on lui a donné l’espoir qu’il y a des gens qui s’intéressent à nous et à notre souffrance.
"J’ai toujours l’espoir que ça va se régler un jour mais je ne peux qu’attendre, je n’ai pas d’ autre choix. Je suis prisonnier et je ne peux rien faire".
Et pour le rôle des médias, concernant leur problème il a dit :
"je vois que les médias n’abordent pas notre problème sauf si les responsables acceptent et permettent de le faire" et quand on lui demande ce qu’il va faire s’il devient un journaliste connu il a répondu en souriant " j’espère qu’on trouvera la solution avant même d’avoir mon diplôme".
Karmel Salama est une jeune fille née en Algérie, son père était militant et prisonnier en 1967, au bout d’ un an il a été libéré et il a quitté la Palestine sous la contrainte israélienne et bien sûr quand il est rentré avec sa famille en 1998 après une longue nostalgie pour la patrie il se trouve sans carte d’identité.
Karmel avait 20 ans et après avoir terminé ses études scolaires elle avait envie de partir étudier les médias soit en Egypte soit à Cuba mais c’était le premier choc pour elle ...c’est impossible de voyager et à l’université Al- Aqsa elle a choisi le même domaine mais elle savait très bien que son envie de continuer ses études supérieures allait rester comme un rêve loin d’être réalisé puisqu’elle n’a pas la carte d’identité.
Et comme jeune fille motivée et active elle était sélectionnée pour participer dans une rencontre en Italie pour l’échange culturel entre les jeunes de plusieurs pays européens :
"Toute ma vie j’ai attendu une chance comme celle-ci mais malheureusement je ne peux pas voyager".
Pour elle c’était pas la seule chance parce qu’il y avait un autre voyage pour faire connaissance avec les Palestiniens qui vivent dans les camps libanais.
" j’ai pleuré des nuits et des jours mais tout simplement je suis impuissante".
Elle ajoute "quand on m’a donné la carte temporaire ...je me suis dit une fois vaut mieux que jamais et ça sera sans doute le premier pas pour avoir la carte réelle et je commence à imaginer et à rêver mais malheureusement c’était une grande illusion et ça n’a pas avancé. Franchement avec le temps et la situation actuelle j’ai perdu l’espoir que ce problème pourra être réglé".
Et pour son avis sur les médias, elle dit : " je trouve qu’on parle de ce problème mais personne n’écoute sinon on ne trouve que des paroles seulement des paroles.
Si j’ai le pouvoir je vais créer une association qui représente cette catégorie de la société palestinienne et on va consacrer les activités à faire des manifestations et des grèves pour montrer notre souffrance et faire entendre notre voix aux responsables et surtout je vais proposer de faire un comité spécial pour négocier avec ces responsables" .
Et à la fin, elle invite les citoyens du monde à s’imaginer sans une carte d’identité et sûrement on va comprendre leur souffrance.
Dans la partie suivante on demande à deux étudiants du département de français qui n’ont pas la carte d’identité de répondre à nos questions.
Et voici les réponses de Asma Abu Teer en 3ème année :
Pourquoi tu n’as pas de carte d’identité ?
Ma famille était en Algérie et en 1967 et on est venu à Gaza avec le retour de l’Autorité palestinienne en 1994.
Quelles sont les difficultés que tu trouves avec ta famille à cause de ce problème ?
D’un part, je ne peux pas rentrer en Algérie ni moi ni ma famille et mon père ne peut pas toucher son salaire de la retraite.
D’autre part, mes parents voudraient bien faire le pèlerinage mais ils y sont privés à cause de la carte d’identité.
Moi, je suis privée de mon droit de continuer mes études ou travailler en dehors de Gaza. Et comme étudiante de français, j’ai perdu plusieurs chances de voyager en France pour participer aux sorties de mon département et développer mon niveau en français, ça me désespère beaucoup.
Tu peux nous décrire tes sentiments quand tu as eu une carte temporaire ?
Au début, j’étais très contente parce qu’elle me donne l’espoir de sortir et de voyager, mais malheureusement elle n’as pas aucune importance que circuler dans la bande de Gaza.
L’identité, qu’est ce que cela représente pour toi ?
Pour moi, l’identité c’est mon caractère comme Palestinienne, parce que sans elle je me sens que je n’ai rien de tout. Quand vous êtes sans identité et sans nationalité, alors, vous n’existez pas.
Est-ce que tu as l’espoir que ce problème va être régler un jour ?
Oui, bien sûr il y a toujours un espoir. Peut être si un grand responsable politique fait des efforts pour résoudre ce problème dont beaucoup de Palestiniens souffrent.
Et pour Islam Dheer en 3eme année :
Pourquoi tu n’as pas une carte d’identité ?
J’étais en Egypte avec ma famille qui aimmigré en 1967 et je suis venu à Gaza en 1998.
Quelles sont les difficultés que tu trouves avec ta famille à cause de ce problème ?
Quand j’étais au lycée je ne pouvais pas continuer mes études scientifiques parce qu’il n’y a pas de spécialités que j’aimais étudier à Gaza et je ne pouvais pas sortir en dehors de Gaza, alors, j’ai changé mes études scientifiques pour des études littéraires qui ont plusieurs domaines à Gaza.
Et à l’université, car je suis étudiant au département de français, j’ai perdu plusieurs occasions pour voyager en France. Mais, je ne suis pas désespéré parce que j’ai un principe que" le coup qui ne vous tue pas vous renforce".
Deuxièmement, la fille que je vaudrais épouser est hors de Gaza, alors, je ne pouvais pas l’épouser..
Qu’est ce que tu as ressenti quand on t’a donné la carte temporaire ?
Cette carte n’as pas aucune importance, pour moi elle ne m’aide pas dans ma vie et elle ne fait rien de tout.
l’identité, qu’est ce qu’elle représente pour toi ?
L’identité, c’est ma vie et mon avenir. J’ai besoin d’elle maintenant parce que j’aimerais bien continuer mes études en France. Donc, mon avenir s’attache à l’identité.
Est ce que tu as l’espoir que ce problème va être réglé un jour ?
Moi, je vis avec l’espoir que je ne peux pas perdre, car à ce moment là je vais mourir. Alors, je vivrai de cet espoir en attendant qu’il se réalise !