Le parti a été lancé à Jérusalem samedi soir (11/09/04).
Beaucoup de dirigeants du groupe Kach tels que Baruch Marzel et Hen Ben Elyahu, groupe officiellement illégal mais en fait toléré, ont pris part à la cérémonie.
Kach est une milice juive violente formé d’activistes juifs qui rejettent la démocratie et qui prônent l’expulsion ou, si nécessaire, l’annihilation des arabes de ce qu’ils appellent Eretz Yisrael (la Terre d’Israël).
Selon certaines autorités religieuses juives, Eretz Yisrael englobe la Palestine mandataire, la Jordanie, la Syrie, le Liban, Chypre et certaines parties de l’Arabie Saoudite, de l’Irak et de la Turquie.
Depuis l’éruption de la deuxième Intifada (ou soulèvement) il y a quatre ans, les terroristes de Kach ont tué de nombreux civils arabes.
Ceux qui ont été arrêtés par les autorités israéliennes reçoivent habituellement une peine de prison symbolique ou très légère. Mais la majorité des auteurs restent en liberté.
Expulsion
Selon Ben Elyahu, co-fondateur du nouveau parti, l’expulsion des non-juifs hors d’Israël « résoudrait tous les problèmes d’Israël, qu’ils soient politiques, économiques ou sociaux ».
« Notre parti appelle à un nettoyage de tous les ’goyim’ (nom péjoratif donné aux non-juifs) de la région qui va de la rivière du Jourdain jusqu’à la Méditerranée ce qui garantirait ainsi une majorité juive d’au moins 90% dans toute la terre d’Israël » dit-il.
La plupart des fondateurs de ce nouveau parti sont affiliés au Kach et à d’autres mouvements similaires.
Un autre fondateur important est Baruch Marzel, collègue de Baruch Goldstein qui en 1994 a assassiné 29 fidèles arabes qui priaient dans la mosquée Ibrahimi au centre de Hébron.
Exaltation d’un tueur
Suite à la mort de Goldstein, tué par des survivants arabes, Marzel et ses compagnons, activistes du Kach, ont fait son éloge en le déclarant « grand saint de la Torah ».
Marzel et ses amis ont en plus érigé une plaque commémorative en marbre fin dans la colonie de Kiryat Arba près de Hébron, afin « d’immortaliser » le souvenir de Goldstein.
Le gouvernement israélien d’Ehud Barak, sous la pression du parti Meretz, a finalement supprimé partiellement le mémorial à Kiryat Arba.
A l’origine le Kach a été fondé au milieu des années 70 par Meir Kahana, un rabbin américain qui prêchait l’idée que le judaïsme et la démocratie étaient incompatibles et qu’Israël allait devoir choisir entre le judaïsme et la démocratie, mais pas les deux.
Kahana, qui était devenu un membre du parlement israélien ( la Knesset), a appelé à l’expulsion de tous les arabes hors d’Israël.
Résurgence de la droite
Le Kach ne recueille pas un soutien très large en Israël. Mais, avec une société israélienne qui dérive vers la droite, surtout depuis l’élection d’Ariel Sharon en tant que premier ministre il y a plus de 3 ans, le mouvement a commencé à avoir une influence qui dépasse de beaucoup sa taille actuelle.
Selon le professeur Era Sharkansky de l’Université Hébraïque de Jérusalem, le Kach essaye d’exploiter l’opposition grandissante de droite à la proposition de retrait israélien de la Bande de Gaza et cela dans le but d’augmenter ses partisans.
« Ces gens n’accepteront rien, ils sont contre tout accord avec les palestiniens impliquant des concessions territoriales. Et ils menaceront de guerre civile afin de contrecarrer le plan de désengagement de Sharon » dit-il.
Sharkansky a soutenu à Aljazeera.net que l’ambiance politique actuelle en Israël était de plus en plus favorable à la croissance du Kach, au regard de la presque prise de pouvoir des extrémistes de droite sur le Likoud, extrémistes qui s’opposent au retrait prévu de Gaza, au démantèlement des colonies juives et à la création d’un état palestinien en Cisjordanie.
Sharkansky pense que Sharon essaye peut-être de circonvenir ou de neutraliser l’opposition de droite à son plan en réussissant à faire accepter par les USA son autre plan qui vise à annexer de grandes parties de la Cisjordanie y compris des colonies telles qu’Ariel, Maale Adumim et Gush Etzion.
Cela, espère Sharon, pourrait désensibiliser l’opposition de droite au plan de Gaza même si l’annexion des colonies de Cisjordanie risquait de tuer toute chance de création d’un état palestinien viable en Cisjordanie.